«La plus grande bulle de l'histoire»

Publié le 29/09/2016 à 10:49

«La plus grande bulle de l'histoire»

Publié le 29/09/2016 à 10:49

Par AFP

«La plus grande bulle de l'histoire»: le plus riche des milliardaires chinois lance un cri d'alarme face à l'envolée des prix dans l'immobilier, secteur crucial de la deuxième économie mondiale, malgré les restrictions adoptées pour freiner cet insatiable marché.

Wang Jianlin, patron du conglomérat Wanda qui avait débuté dans l'immobilier commercial, ne cache plus ses inquiétudes envers un marché devenu «incontrôlable» face à l'appétit des épargnants pour la pierre, plus rémunératrice que la Bourse et les dépôts bancaires.

Les prix des logements continuent à grimper dans les grandes métropoles mais s'effritent dans les villes plus modestes, aux prises avec d'énormes volumes d'appartements invendus, a-t-il expliqué à la chaîne américaine CNN.

«Je ne vois pas de bonne solution», a poursuivi M. Wang. «Le gouvernement a mis en place toutes sortes de mesures, limitant les achats et le crédit, mais rien n'a fonctionné».

De fait, les statistiques officielles s'affolent: à Xiamen, grande ville côtière du sud, les prix des logements ont bondi en août de 44,3% sur un an.

A Shenzhen (sud), la hausse était de 38%, comme à Shanghai --où le prix au m2 neuf atteint 43.420 yuans (5.800 euros) selon le cabinet China Index Academy. A Pékin, l'immobilier à la vente a grimpé le mois dernier de 25,8% sur un an.

Même dans les villes de deuxième rang, la hausse a été de 13,4%.

Myriade de restrictions

Certes, cette reprise «aide la demande intérieure et l'économie», au moment où la croissance chinoise s'essouffle, observe Wang Tao, économiste d'UBS. L'immobilier et de la construction représentent environ 15% du PIB chinois et soutiennent la production manufacturière --via notamment l'électroménager--, selon des estimations.

«Mais la récente envolée renforcera chez les autorités la crainte d'une nouvelle bulle, et les incitera à s'y attaquer plus résolument», ajoute cet analyste.

Ma Jun, chef-économiste de la banque centrale (PBOC), a d'ailleurs appelé lundi à «des mesures supplémentaires pour endiguer l'expansion de la bulle et contrôler les financements excessifs».

Une myriade de restrictions sont déjà apparues depuis le printemps dans les principales métropoles. Afin de contrer la spéculation, Shenzhen, Shanghai ou encore Xiamen interdisent désormais les ventes d'appartements aux non-résidents.

Une mesure similaire est entrée en vigueur dimanche à Hangzhou (est): la veille, des acheteurs potentiels affolés s'étaient rués avec frénésie chez les agents immobiliers pour d'ultimes acquisitions.

Shanghai a été jusqu'à suspendre les ventes de terrains. Cependant, rien ne fait retomber la fièvre.

Pour Christopher Balding, professeur à l'Université de Pékin, ces restrictions sont «prises à contre-cœur» -le gouvernement ne voulant pas brider drastiquement l'activité- et «elles ne font qu'intensifier les efforts pour les contourner».

Ainsi, le nombre de demandes de divorces a explosé dans certaines villes qui avaient décidé ou envisagé de réduire le nombre de propriétés par couple marié.

Envolée des prêts

Or, le récent boom immobilier, qui a pris son élan à l'automne 2015 après deux années de stagnation, s'explique avant tout par un crédit bon marché -et celui-ci persiste.

Dopés par des baisses de taux et assouplissements répétés de la PBOC, les prêts immobiliers ont encore gonflé de 32,2% sur un an en août.

«Il y a des inquiétudes croissantes sur l'endettement», ce qui devrait conduire «à des mesures plus drastiques pour dissuader la demande spéculative», estime dans un rapport Helene Qiao, de Bank of America Merrill Lynch.

Le cocktail d'une fièvre immobilière et d'une embardée des crédits n'est pas sans rappeler les «subprimes» américaines. A Shenzhen, jusqu'à 30% des achats immobiliers sont des investissements spéculatifs, selon l'agence Chine nouvelle.

Plus généralement, l'envol de la dette chinoise publique et privée, évaluée à environ 250% du PIB, alimente déjà le spectre d'une crise financière dévastatrice.

Des mesures plus strictes, relevant notamment le niveau de l'apport personnel pour un prêt immobilier, «devraient conduire à de plus faibles ventes et à un recul des investissements», anticipe Mme Qiao.

L'équilibre restera cependant délicat, les autorités devant tâcher d'empêcher «un éclatement de la bulle, aux conséquences désastreuses», prévient M. Balding, évoquant les sommes colossales que nécessiterait un renflouement du secteur.

Certains professionnels demeurent malgré tout d'un optimisme désarmant.

«Quand je regarde Londres ou New York, je me dis que l'immobilier est sous-évalué à Pékin, où je vois le prix atteindre 100.000 yuans/m2 (13.400 euros) d'ici cinq ans», soit plus d'un doublement sur la période, confiait mercredi, au quotidien Xinjing Bao, Chen Yunfeng, responsable d'une fédération immobilière.

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