La personnalité 2016 des affaires: l'investisseur étranger

Publié le 27/12/2016 à 14:50

La personnalité 2016 des affaires: l'investisseur étranger

Publié le 27/12/2016 à 14:50

Par La Presse Canadienne

Les investisseurs étrangers, ces inconnus au cœur de la controverse entourant la surchauffe du marché immobilier dans certaines provinces canadiennes, ont été nommés Personnalité de l'année du monde des affaires par La Presse canadienne pour 2016.

Depuis le début du sondage pancanadien, en 2003, c'est la première fois que la personnalité de l'année n'a pas une identité claire. Mais, qlors que les prix des propriétés ont bondi de façon marquée au Canada, les yeux du public et de la classe politique se sont tournés vers les investisseurs étrangers qui, à tort ou à raison, ont été associés au phénomène.

Des reportages sur des acheteurs étrangers, particulièrement en provenance de la Chine, mettant la main sur des propriétés à Vancouver ont suscité l'ire de plusieurs au cours de la dernière année.

Le phénomène a pris une telle ampleur qu'il a incité le gouvernement britanno-colombien à instaurer une taxe foncière de 15% en août sur les achats immobiliers effectués par des citoyens étrangers dans la grande région de Vancouver.

Le gouvernement fédéral a également décidé d'intervenir. En octobre, il a mis fin à une échappatoire fiscale qui permettait aux non-résidents d'être exemptés d'impôts lors de la vente d'une résidence principale.

Avec l'intervention des autorités, d’aucuns auraient d'ailleurs pu croire à une forte hausse de l’attractivité de Montréal. Or, s’il y a bien une augmentation, elle est limitée, explique la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Lire notre enquête De plus en plus de propriétaires étrangers à Montréal.

Accès limité

Le président et chef de la direction de Sotherby's International Realty Canada, Brad Henderson, a expliqué que les inquiétudes entourant l'intérêt des investisseurs étrangers envers le marché immobilier canadien concernaient une possible érosion de l'accessibilité à la propriété.

«Les gens ont constaté au fil du temps que les prix ne cessaient de grimper», a-t-il affirmé, ajoutant que plusieurs personnes à la recherche d'une première maison s'étaient senties écartées du marché. «La population avait besoin de blâmer quelqu'un, a dit M. Henderson.À notre avis, il s'agit des investisseurs étrangers, étant donné qu'il n'était pas possible d'identifier clairement ces personnes.»

Les investisseurs étrangers ont reçu 37% des 27 votes dans le cadre du sondage effectué par La Presse canadienne auprès des responsables des salles de nouvelles du pays. Avec 22% des votes, la première ministre albertaine Rachel Notley, qui a déployé d'importants efforts pour tenter de remodeler l'économie de la province largement dépendante du secteur énergétique, s'est classée au deuxième rang.

Plusieurs éditeurs et diffuseurs ont voté pour les investisseurs étrangers en raison de leur rôle dans le déploiement d'une politique nationale sur le marché immobilier. «Ils ont dicté des décisions qui ont touché de nombreux endroits au pays», a affirmé Dave Bradley, producteur à la station de radio Newstalk 1010 à Toronto.

Douglas Cudmore, rédacteur en chef au Toronto Star, a plutôt voté pour le président du syndicat Unifor Jerry Dias, qui a réussi à inciter les trois géants nord-américains de l'automobile à investir 1,5 milliard $ au Canada.

Il est toutefois difficile de mesurer clairement l'impact des investisseurs étrangers sur le marché immobilier canadien puisque peu de recherches ont été effectuées sur le sujet jusqu'à maintenant.

Pointe de l'iceberg

Des données du gouvernement de la Colombie-Britannique suggèrent que la nouvelle taxe foncière imposée pourrait avoir une incidence négative sur les investissements.

La province affirme que trois pour cent des ventes de propriétés en octobre ont été effectuées à des ressortissants étrangers, comparativement à 13,2 pour cent en juillet, un mois avant l'imposition de la nouvelle taxe foncière.

Dans son budget déposé en mars, le gouvernement Trudeau avait également alloué 500 000 $ à Statistique Canada afin que l'agence fédérale puisse récolter davantage de données sur les achats de propriétés faits par des investisseurs étrangers.

Des experts affirment qu'il est possible qu'il y ait encore plus de ressortissants étrangers propriétaires au pays que ne le laissent croire les données actuelles. Ils estiment toutefois que les non-résidents ne sont pas nécessairement la raison principale qui explique l'explosion des prix de l'immobilier.

«Il est très difficile d'affirmer avec certitude que les investisseurs étrangers sont la raison principale de la hausse des prix», estime Andrew Scott, analyste principal pour le Grand Toronto à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

«Il y a beaucoup d'autres éléments, a-t-il ajouté. Les ressortissants étrangers sont une des causes. Je ne dis pas que c'est insignifiant, mais ce n'est assurément pas la raison principale.»

M. Scott affirme que l'offre ne correspond tout simplement pas à la demande, qui est stimulée par la faiblesse des taux d'intérêt ainsi que des marchés de l'emploi vigoureux en Ontario et en Colombie-Britannique.

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