EXCLUSIF Le syndicat FIPOE rallonge un prêt à Accurso

Publié le 15/12/2011 à 20:49, mis à jour le 16/12/2011 à 11:06

EXCLUSIF Le syndicat FIPOE rallonge un prêt à Accurso

Publié le 15/12/2011 à 20:49, mis à jour le 16/12/2011 à 11:06

EXCLUSIF. Un syndicat affilié à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) a renouvelé cet automne un prêt de cinq millions de dollars à une entreprise de l'homme d'affaires controversé Tony Accurso, a appris LesAffaires.com.

La Fraternité inter-provinciale des ouvriers en électricité (FIPOE) a accepté cette demande du promoteur, qui a plaidé coupable à des accusations de fraude fiscale de quatre millions. Le projet financé, les Cours Mitchell, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, ne serait «pas allé aussi vite que prévu», explique Arnold Guérin, directeur général de la Fraternité et président de la FTQ-Construction. «C'est une demande que Tony Accurso a faite. On a dit: "OK, on va rallonger le prêt d'un an, mais vous devez payer tous les intérêts arrivés à terme."»

L'entrepreneur n'a toujours rien remboursé du capital. Arnold Guérin signale toutefois que l'entreprise emprunteuse, la société en commandite Les Condos Laurin/St-Louis, n'a encaissé que quatre des cinq millions accordés en vertu de la convention de prêt avec la Fraternité.

L'avocat de Tony Accurso n'a pas répondu à nos questions. Il n'a pas été possible de joindre le principal intéressé.

La FIPOE recommence à prêter

Ce renouvellement de prêt survient un an après la mise en place d'un moratoire sur ce type de transactions par le syndicat d'électriciens. La Fraternité pourrait cependant recommencer à faire de tels financements. «Des prêts à des promoteurs, on va pouvoir peut-être en faire encore, dit Arnold Guérin. Le moratoire vient d'être levé.»

Arrivé en 2010 en remplacement de Jean Lavallée, le chef syndical avait décidé à la fin de l'année de cesser ce genre de prêts à des promoteurs immobiliers pour une période indéterminée. La FIPOE était alors questionnée par LesAffaires.com et Radio-Canada au sujet d'un prêt accordé à l'homme d'affaires controversé Tony Accurso, qui venait de plaider coupable à des accusations de fraude fiscale. La Fraternité avait aussi financé la construction d'un immeuble de copropriétés dont le promoteur, Jan Pompura, avait vendu la majorité des 21 unités à des dirigeants de la FTQ ou des membres de leur famille, à Tony Accurso et à des proches de la mafia, selon l'émission Enquête.

Depuis l'entrée en vigueur de son moratoire sur ce type de prêts, en décembre 2010, la FIPOE a révisé ses politiques de placement et s'est dotée d'un «cadre de gestion des investissements», explique Arnold Guérin.

«C'est pas vrai qu'on va recommencer à faire des prêts sans avoir le bon encadrement», assure le chef syndical, qui vante la qualité de ces investissements. «La Caisse de dépôt et placement du Québec n'est même pas capable de faire les rendements qu'on fait!»

Le fait qu'un syndicat de la construction prête de l'argent à des promoteurs immobiliers ne l'exposera pas à des conflits d'intérêt, assure le président de la FTQ-Construction. «S'il y a d'autres centrales [sur un chantier que la FIPOE finance], je n'ai rien à voir avec ça, dit Arnold Guérin. Si je commence à dire "Il faut que tu privilégies mes gars", après, moi, je vais être dans la marde! Moi, je prête pour financer le début des projets. Je ne sais même pas qui va soumissionner pour la construction!»

Il ajoute que les prêts accordés sont sûrs et très rentables. Les ennuis de Tony Accurso avec le fisc et la Régie du bâtiment du Québec ne l'inquiètent pas. Selon le chef syndical, les taux d'intérêt sont presque aussi élevés que pour des financements subordonnés, mais ils sont garantis par des actifs immobiliers. Le prêt de cinq millions accordé à Tony Accurso en décembre 2010, par exemple, était lié à deux garanties de sept millions chacune. Pour la rallonge accordée cet automne, la FIPOE s'est contentée d'une seule garantie de sept millions.

Pourquoi est-ce intéressant pour des promoteurs de faire affaire avec la FIPOE plutôt qu'avec les banques et caisses, si le syndicat est aussi exigeant? «Honnêtement, je ne pourrais pas te le dire. Nous, quand on reçoit une demande, on fait vérifier le projet, et quand tout est beau et qu'on a les garanties, on le fait.»

Pas qu'à Accurso

Jusqu'en décembre 2010, la FIPOE a prêté à de nombreux promoteurs. Au total, le syndicat a pris des garanties pour plus de 28 millions de dollars, selon le registre foncier et les entrevues réalisées à l'époque par LesAffaires.com. Mais les financements sont souvent moindres que les montants de ces garanties. Selon nos calculs, les prêts accordés totalisent environ 18 millions.

«Une douzaine» de ces financements ont été faits conjointement avec le Fonds de solidarité FTQ, avait alors révélé une porte-parole de l'institution financière en entrevue avec LesAffaires.com.

Parmi les projets financés figurent plusieurs chantiers contrôlés par les Développements Courbec, une entreprise privée ayant ses bureaux dans l'immeuble même du Fonds de solidarité FTQ. Un immeuble que la société gère, comme celui de la FTQ, juste à côté.

À l'époque, Stéphane Lavallée était directeur de la construction de l'entreprise et l'est toujours, selon son site Internet. Il s'agit du neveu de Jean Lavallée, ancien directeur général de la FIPOE et ancien président de la FTQ-Construction, parti en 2010 après des allégations de liens entre son organisation et le crime organisé.

Selon les registres immobiliers, la FIPOE a pris des garanties d’une valeur de 10 millions de dollars depuis août 2008, sur des projets dont Courbec est actionnaire.

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