Certification LEED: un coup de marketing ou un coup de génie?

Publié le 15/09/2017 à 11:30

Certification LEED: un coup de marketing ou un coup de génie?

Publié le 15/09/2017 à 11:30

Par Matthieu Charest

Le projet multiusage Humaniti, à Montréal, vise l’obtention de la certification LEED

De plus en en plus d’immeubles, notamment de nouvelles constructions résidentielles, obtiennent la certification «LEED» au Québec. Mais est-ce qu’il s’agit d’un simple coup de marketing de la part des promoteurs, ou est-ce que le jeu en vaut la chandelle, notamment pour les acheteurs de copropriétés?  

Née aux États-Unis, la certification LEED, pour «Leadership in Energy and Environmental Design», connaît une croissance soutenue depuis une quinzaine d’années. Le label qui certifie la qualité environnementale s’est d’abord fait remarquer alors que de nouvelles tours de bureaux érigées dans les grands centres l'ont obtenu. La nouvelle tour Deloitte, par exemple, située à côté du Centre Bell, a obtenu la certification LEED Platine.

Selon Écohabitation, qui rapporte des données de Statistique Canada, le nombre d’unités certifiées ou en voie d’obtenir la certification au Québec est passé de 14 en 2008 à 3038 en 2016.

Récemment, le label (qui existe en quatre catégories, certifié, or, argent ou platine selon le pointage obtenu) a commencé à faire son apparition dans l’immobilier résidentiel. Les projets Humaniti (multiusage) et Arbora, par exemple, visent tous deux la certification LEED.

Mais pourquoi cet intérêt croissant? Est-ce que les promoteurs cherchent simplement à se différencier auprès de leur clientèle dans un marché compétitif? De fait, s’agit-il d’un coup de marketing «vert» afin d’attirer les acheteurs potentiels?

Pas du tout, affirment les experts que nous avons interrogés. Il s’agit bel et bien d’une tendance lourde, et qui profite à toutes les parties prenantes dans le secteur immobilier.

Une foule d’avantages

«C’est [la certification LEED] une excellente pratique, affirme de but en blanc Andrée De Serres, titulaire de la Chaire Ivanhoé Cambridge d'immobilier ESG UQAM. Ça vient certifier la qualité de l’immeuble, et par une tierce partie reconnue, fiable. Ne pas le faire, c’est risquer la reconnaissance de la valeur de l’actif. Ceux qui achètent une unité «LEED» sont des connaisseurs. La qualité de l’air y est supérieure et la consommation d’énergie est moindre. Ça coûte plus cher, mais ça se repaye au fil du temps».

Un investissement qui commence à porter ses fruits après 7 à 10 ans, estime l’experte.

Même son de cloche chez Roberto D’Abate, vice-président, services-conseils immobiliers chez PwC. «Oui, ça coûte plus cher pour un promoteur de certifier un immeuble LEED. Entre 2% et 5% du coût total de construction, selon le grade de certification désiré (platine, or, etc.) Mais les prix de vente sont ajustés en conséquence.»

Par ailleurs, plusieurs analyses démontrent que ces frais supplémentaires se repayent entre 3 et 10 ans, affirme le vice-président. Pour les acheteurs, une unité LEED, ça réduit les coûts d’énergie et d’entretien en général. Pour lui, nul doute, «c’est définitivement un gage de grande qualité. Je crois que nous sommes en face d’une tendance lourde.»

Du (bon) marketing

Bien sûr que de mettre de l’avant un immeuble certifié LEED c’est du marketing, pense Stéphane Mailhiot, vice-président stratégie chez Havas Montréal. «Mais ça répond à un besoin. Personne ne va faire ça pour le simple plaisir d’obtenir un label. Il y a fort à parier que les promoteurs y trouvent leur compte, en vendant plus cher et/ou plus vite. Et pour les acheteurs, ça répond à leurs valeurs.»

Après, l’expert en stratégie n’est pas encore convaincu que la certification LEED d’un immeuble ou d’une copropriété LEED infléchit les décisions d’achats de la majorité des gens, «mais de certains, oui. Et en immobilier, quelques points de pourcentages peuvent représenter de vastes sommes d’argent».

Et après tout, nous ne sommes qu’au début de la vague LEED qui s’apprête à submerger le secteur immobilier, pensent nos experts. De fait, aussi bien que les promoteurs s’y préparent tout de suite.

 

À la une

Les scénaristes canadiens disent oui à un mandat de grève

La Writers Guild of Canada représente près de 2500 scénaristes anglophones au pays

Y'as-tu d'la bière icitte?

EXPERT INVITÉ. La bière est une thématique d’investissement extrêmement forte de plusieurs milliards de dollars.

Gain en capital ou être né pour un petit pain

«L’augmentation de la tranche imposable sur le gain en capital imposée par Ottawa et Québec est une mauvaise idée.»