12 000 courtiers immobiliers québécois claquent la porte

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Janvier 2014

12 000 courtiers immobiliers québécois claquent la porte

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Édition du 11 Janvier 2014

Par Pierre Théroux

L'industrie québécoise du courtage immobilier a mis sa menace de se séparer du reste du Canada à exécution : depuis le 1er janvier, et après plusieurs mois de discussions, près de 12 000 des quelque 14 000 courtiers immobiliers de la province ont claqué la porte de l'Association canadienne de l'immeuble (ACI), qui n'aurait pas répondu aux exigences répétées de ses membres québécois.

«C'est une mésentente qui dure depuis trois ans. L'ACI a pris des décisions, ces dernières années, qui sont au détriment des courtiers et des consommateurs québécois», affirme Patrick Juanéda, président de la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM), qui regroupe la grande majorité (10 000) des courtiers du Québec.

Les quelque 1 500 membres de la Chambre immobilière de Québec (CIQ) sont parmi ceux qui se retirent de l'ACI. «Le marché québécois a des particularités que l'ACI refuse de prendre en considération», explique Luce Fecteau, présidente de la CIQ et courtière immobilière pour Royal LePage dans la région de Québec.

La Chambre immobilière du Saguenay- Lac-Saint-Jean vient aussi de mettre fin à son adhésion à l'ACI, tandis que celles du Centre-du-Québec, de la Mauricie et de la Haute- Yamaska avaient initié le mouvement il y a un an. «On ne s'en porte pas plus mal», souligne Réjean Labarre, président de la Chambre immobilière de la Haute-Yamaska et courtier immobilier et propriétaire de l'enseigne Via Capitale Performance à Granby.

Ce retrait signifie du même coup la fin des inscriptions de maisons à vendre dans ces régions sur le site de recherche realtor.ca (autrefois mls.ca). Mais cela «n'aura pas d'impact négatif sur la visibilité des propriétés», assure M. Juanéda, de la CIGM. Il affirme que le site Web centris.ca, qui répertorie toutes les propriétés à vendre par les courtiers immobiliers au Québec, gagne en popularité et accueille aujourd'hui trois fois plus d'internautes que realtor.ca.

Centris.ca vient d'ailleurs en tête de liste des sites affichés par Google pour les Québécois qui soumettent la requête «maison à vendre».

Dédoublement de services et de coûts

Ces 6 chambres immobilières québécoises, parmi les 12 que compte le Québec, reprochent entre autres à l'ACI de faire, par l'intermédiaire de son site realtor.ca, la promotion de propriétés offertes par des courtiers du reste du Canada qui ne sont pas régis par la Loi sur le courtage immobilier du Québec. «Ces transactions ne sont pas sécurisées et mettent à risque les acheteurs de maison», affirme M. Juanéda.

Qui plus est, le site MLS affiche des maisons qui sont vendues directement par les propriétaires. «Nos données sont vérifiées, pas celles des maisons à vendre par les propriétaires. De plus, ils viennent nous compétitionner sans avoir à payer de cotisations [à l'ACI]», s'offusque M. Labarre.

L'industrie québécoise s'oppose aussi au dédoublement de services et de coûts. Les courtiers québécois n'auront donc plus à remettre à l'ACI leur cotisation annuelle de plus de 300 $, totalisant ainsi près de 4 millions de dollars.

Enfin, l'imposition d'un double code de déontologie pour les courtiers québécois est un autre facteur ayant mené à cette scission. «Le code de déontologie national imposé par l'ACI, lequel se juxtapose au code de déontologie déjà en vigueur au Québec, est ingérable et crée de la confusion», allègue M. Labarre.

Au Québec, l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) est chargé d'appliquer la Loi sur le courtage immobilier avec pour mission de protéger le public. Cet organisme, qui procède entre autres à l'inspection professionnelle des courtiers, gère aussi un fonds d'indemnisation qui permet de dédommager les consommateurs en cas de fraude ou de détournements de fonds.

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