PKP et l'exercice du pouvoir

Offert par Les Affaires


Édition du 22 Mars 2014

PKP et l'exercice du pouvoir

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Édition du 22 Mars 2014

Le baron des médias

Si Pierre Karl Péladeau n'avait pas repéré d'où proviendrait la croissance de Vidéotron avant d'en faire l'acquisition, sa vision de la convergence était quant à elle avant-gardiste. En effet, difficile d'arguer que la convergence, bien que controversée, n'a pas enrichi les actionnaires de Québecor Média. «Quand Pierre Karl a commencé à faire de la convergence, tout le monde le critiquait, évoque Philippe Lapointe, un ancien vice-président du Groupe TVA. Il avait sa vision, puis il l'a appliquée. Aujourd'hui, tous les groupes médiatiques en font.»

Lancée en 2003, l'émission Star Académie, derrière laquelle toute la machine Québecor s'est alignée, incarne à merveille la vision de la convergence de Pierre Karl Péladeau. À ses débuts, l'émission, dont les cotes d'écoute ont souvent frôlé les trois millions de téléspectateurs, faisait la une du Journal de Montréal et des magazines artistiques du groupe.

Pour parvenir à ses fins, Pierre Karl Péladeau pousse sans arrêt ses cadres. Lorsque Philippe Lapointe reçoit des cotes d'écoute qui, selon lui, sont les meilleures de l'histoire de TVA, Pierre Karl Péladeau n'est pas satisfait : «Sur les 20 premières positions, on en a 19, relate l'ancien responsable de la programmation de la chaîne télé. Pierre Karl m'appelle, puis me demande : "Pourquoi t'es content ? Qu'est-ce tu fais pour Tout le monde en parle ?" [émission diffusée à la même heure à Radio-Canada]»

Quand ses cadres n'adhèrent pas à sa vision, Pierre Karl n'hésite pas à les renvoyer. Si ce sont ses employés syndiqués qui lui résistent, il les met en lock-out. Au-delà des enjeux salariaux, c'est aussi pour avoir plus de latitude afin de faire circuler les contenus entre ses différents médias que Pierre Karl Péladeau a mis ses employés du Journal de Montréal et du Journal de Québec en lock-out. En tout, selon la FTQ, Pierre Karl Péladeau aurait décrété pas moins de 14 lock-outs.

«Pierre Karl, c'est le gars qui t'écrit un premier courriel à 4 h 30, puis un autre à 5 h, puis un autre 6 h, explique Philippe Lapointe. Lui, il n'arrête pas. [...] C'est un gars qui pousse, sur sa machine et sur son monde. Est-ce que c'est confortable ? Non. Mais en même temps, c'est exaltant.»

Même les gouvernements ne semblent pas résister à la pression exercée par l'homme d'affaires. D'Ottawa, Pierre Karl Péladeau a obtenu que sa chaîne d'information conservatrice, Sun News Network, soit offerte dans les forfaits de base de tous les câblodistributeurs canadiens en 2013. L'entreprise a également bénéficié de règles favorisant l'arrivée d'un quatrième acteur national, lors de la vente aux enchères de spectre sans fil, dont les résultats ont été dévoilés en février dernier. Québecor Média a alors mis la main sur des spectres à prix avantageux, grâce auxquels l'entreprise pourrait offrir ses services de téléphonie cellulaire dans d'autres provinces.

De Québec, PKP a obtenu la construction d'un amphithéâtre à Québec aux frais du contribuable, qui sera exploité par Québecor Média. Construite pour accueillir une équipe de hockey, dont la venue à Québec est incertaine, il n'y a toutefois pas de doute que la salle permettra à Québecor de présenter les spectacles des artistes qu'elle produit, publicise et commercialise. Bref, il s'agit du morceau manquant de la convergence mise en place par Pierre Karl Péladeau. «Quand il veut atteindre un objectif, Pierre Karl n'arrête jamais, note, à titre confidentiel, un ancien cadre de Québecor. S'il s'intéresse à un dossier sur lequel tu as le malheur de travailler, aussi petit soit-il, tu ne t'en sors pas. Il a beau être à l'autre bout du monde, il va continuer à t'envoyer des courriels, il ne lâchera pas.»

Ce qui intéresse désormais PKP, il l'a dit en annonçant sa candidature dans la circonscriptionde Saint-Jérôme, c'est de faire l'indépendance du Québec. L'objectif n'est pas banal, mais l'homme non plus. Jean-Marc Léger, qui l'a côtoyé au conseil d'administration du Goupe TVA, croit qu'il a ce qu'il faut pour faire de la politique : «C'est très différent, le monde des affaires où tu contrôles à peu près toutes les variables, par rapport au monde politique, où la notion de pouvoir est beaucoup plus diluée. Par contre, Pierre Karl, on l'a vu dans ses interventions, est prêt psychologiquement. Il a le goût de passer à autre chose et il a intégré cette nouvelle réalité depuis qu'il a laissé les rênes de Québecor.»

S'il est légitime d'ajouter des bémols au succès de Pierre Karl Péladeau en affaires, on doit reconnaître que l'homme a une volonté de fer et qu'il obtient généralement ce qu'il veut. Dans l'arène politique, cependant, il ne dispose que d'un droit de vote.

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