Obama propose de taxer le baril de pétrole dans son dernier budget

Publié le 09/02/2016 à 13:24

Obama propose de taxer le baril de pétrole dans son dernier budget

Publié le 09/02/2016 à 13:24

Par AFP

Barack Obama a présenté mardi son ultime budget pour peser sur la campagne présidentielle américaine et lancer des ballons d'essai, à l'image d'une taxe de 10 dollars sur le baril de pétrole qui a suscité des cris d'orfraie.

L'épais document, qui se heurtera à l'opposition frontale du Congrès contrôlé par les républicains, n'a qu'une portée législative limitée. Mais il permet au président américain d'afficher une dernière fois - avant son départ en janvier 2017 - ses priorités, du climat à la lutte contre la cybercriminalité.

Le budget table sur une croissance de 2,6% en 2016 comme en 2017. Selon les prévisions de l'exécutif, le taux de chômage devrait tomber à 4,7% cette année et 4,5% en 2017.

Tout en se félicitant du fait que les Etats-Unis affichent "pour l'instant l'économie la plus forte et la plus durable du monde", la Maison Blanche reconnaît que le rythme de croissance récent a été "assez modeste" par rapport aux précédentes périodes d'expansion.

La présentation du budget de quelque 4.000 milliards de dollars tombe le jour même de la primaire cruciale du New Hampshire, où la dizaine de candidats à sa succession s'affrontent avec l'espoir d'être présents lors de la présidentielle du 8 novembre.

Pour mieux marquer son profond désaccord avec le président démocrate en fin de mandat, le Congrès a d'ores et déjà annoncé qu'il n'organiserait même pas la traditionnelle audition destinée à examiner les propositions de l'exécutif.

Taxe sur le pétrole

Idée de loin la plus audacieuse dans un pays où la question de l'énergie est ultra-sensible: créer une taxe de 10 dollars par baril de pétrole qui permettrait de financer un vaste plan d'investissements dans les transports "propres", avec en particulier le développement de lignes à grande vitesse.

Mise en place sur cinq ans, cette taxe, qui serait payée par les groupes pétroliers mais se répercuterait évidemment à la pompe, aurait comme objectif affiché d'encourager le secteur privé à investir pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.

Cette idée n'a quasiment aucune chance d'être adoptée par le Congrès, dont les deux chambres sont contrôlées par les républicains. Ces derniers sont farouchement opposés à toute législation liée à la lutte contre le changement climatique.

Cette «redevance» sur le baril, qui serait à la charge des groupes pétroliers, permettrait «d'encourager l'innovation dans les technologies vertes et de transformer le système de transport pour les décennies à venir», indiquait il y a quelques jours la Maison Blanche qui rappelle que le secteur des transports représente 30% des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis.

Cette taxe permettrait en outre d'offrir une «incitation claire pour l'innovation dans le secteur privé afin de réduire notre dépendance au pétrole», ajoute-t-elle.

Barack Obama, qui a fait de la lutte contre le changement climatique l'une des priorités de ses deux mandats, dénonce régulièrement les positions de ses adversaires républicains sur ce thème. Nombre d'entre eux contestent l'existence même du réchauffement ou la responsabilité humaine dans ce dernier.

«Il est important de mettre à profit cette période où les prix du pétrole sont bas pour accélérer la transition énergétique», a expliqué M. Obama, soulignant que cela permettrait d'être dans «une position beaucoup plus forte dans 10, 15 ou 20 ans».

Les associations de défense de l'environnement ont salué l'amorce d'un débat salutaire. Mais l'accueil fut glacial dans le camp républicain. Pour Kevin Brady, président de la Commission chargée des impôts à la Chambre des représentants, c'est juste «une idée horrible».

Autres propositions

Autre proposition qui devrait rester lettre morte étant donné le calendrier politique: consacrer quatre milliards de dollars sur trois ans à un projet baptisé "Informatique pour tous" afin de renforcer cet enseignement dans les écoles publiques américaines.

D'autres pistes, comme un «Plan d'action national sur la cybersécurité», pourraient s'avérer plus consensuelles. L'exécutif propose d'y consacrer 19 milliards de dollars en 2017, soit un bond de 35% par rapport à l'année précédente.

«Les menaces sur la cybersécurité font partie des dangers les plus imminents pour la sécurité nationale et économique des Etats-Unis», a souligné M. Obama dans une longue tribune publiée dans le Wall Street Journal.

La Maison Blanche veut aussi donner un coup d'accélérateur à la lutte contre le cancer avec une enveloppe de départ d'un milliard de dollars. L'initiative, baptisée «Moonshot» en référence au programme Apollo de conquête de la Lune, vise à aider les cancérologues à avoir un accès plus rapide à la recherche de pointe.

«Les Américains méritent mieux», a réagi Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, ironisant sur ce «manuel d'idées de gauche» destiné à faire enfler les dépenses fédérales.

Sur le front militaire, le Pentagone prévoit d'augmenter de 50% le budget destiné à financer la lutte contre le groupe Etat islamique en 2017, à 7,5 milliards de dollars.

Le budget prévoit également de quadrupler, à 3,4 milliards de dollars, l'enveloppe consacrée au renforcement des forces américaines en Europe pour dissuader "l'agression" russe.

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