Un virage vert, pour attirer clients et employés

Publié le 25/02/2012 à 00:00, mis à jour le 24/04/2012 à 11:48

Un virage vert, pour attirer clients et employés

Publié le 25/02/2012 à 00:00, mis à jour le 24/04/2012 à 11:48

Par Pierre Théroux

Coûteux, le virage vert ? Pas forcément, et il rapporte. Les lauréats du Prix PDG Vert le disent haut et fort : le principal gain engendré par les mesures de développement durable est financier. Mais il y a plus : la bonne performance environnementale contribue aussi à attirer employés et clients.

Aux entrepreneurs qui se demandent comment le vert peut être rentable, Léopold Beaulieu, président-directeur général de Fondaction, objecte : «Comment ne le serait-il pas ? Les initiatives vertes permettent de se positionner sur les marchés et d'assurer la pérennité de l'organisation en utilisant le moins de ressources possible», affirme le lauréat du Prix Hommage.

Être écologique signifie réaliser d'importantes économies d'argent et d'énergie. La Société immobilière du Québec (SIQ) a réduit sa facture énergétique de 45 millions de dollars, soit plus de 15 %, en quelques années, grâce à différentes mesures de contrôle et au recours à des sources d'énergie propre et renouvelable, précise Richard Verreault, président et chef de la direction de la SIQ.

«Avec les autobus hybrides que nous commençons à implanter dans notre réseau, nous économisons 30 % sur le prix du carburant, et c'est sans compter la réduction des gaz à effet de serre», soutient de son côté Yves Devin, directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), lauréat dans la catégorie Société d'État.

Des gains moins tangibles

Certains bénéfices du virage vert sont moins tangibles. Richard Verreault estime que le développement durable a un effet positif sur la productivité. «C'est difficile à quantifier, mais les gens sont plus heureux dans une entreprise qui a du leadership en environnement. Le bonheur national brut de nos employés contribue à une meilleure productivité et à une meilleure relation avec le client», dit celui qui est finaliste de la catégorie Société d'État.

L'engagement de l'entreprise envers l'environnement peut aussi être une source d'attraction ou de rétention de la main-d'oeuvre. «Dans un contexte de pénurie d'employés et compte tenu des coûts associés à un taux de roulement élevé de personnel, ce n'est pas négligeable», souligne Emmanuelle Géhin, présidente de la firme de services-conseils Ozone.

Fabriquer des produits qui sont bons pour l'envi-ronnement rapporte auprès de la clientèle. «Il existe une conscientisation du public à l'égard de la protection de l'environnement, et le consommateur recherche ces produits», notent les auteurs d'une étude sur l'écoconception, qui confirme le bien- fondé monétaire d'une démarche de développement durable.

Les chercheurs, Sylvain Plouffe, de l'École de design industriel, et Paul Lanoie, de HEC Montréal, ont analysé 15 entreprises québécoises, parmi lesquelles Cascades, Biscuits Leclerc, Bains Ultra et Myco Anna, et 15 sociétés françaises qui ont adopté l'écoconception afin de répondre aux normes environnementales ISO (14 000). Résultats : des 30 cas analysés, la démarche a contribué à augmenter les profits de l'entreprise pour 28 d'entre eux. De plus, pour 11 de ces 30 cas, la marge bénéficiaire du produit s'est avérée supérieure à celle d'un produit conçu de façon traditionnelle. L'écoconception, qui intègre les aspects environnementaux dans le développement de produits, entraîne une réduction de l'utilisation des matières premières et de la consommation d'énergie lors des activités de production. À la clé, une diminution des coûts de production, ce qui a un impact positif sur les bénéfices.

Des gestes simples qui rapportent

Les entreprises, en particulier les PME, sont de plus en plus nombreuses à prendre le virage vert, estiment les spécialistes interviewés. «Le message passe mieux qu'il y 10 ans. Les entreprises se rendent compte que l'environnement n'est pas une mode», note Robert Dubé, associé fondateur de la firme Trebora conseil, spécialisée dans la mise en oeuvre de stratégies de développement durable.

Il n'est pas toujours nécessaire de poser des gestes qui requièrent un investissement important pour obtenir des résultats, souligne Jean-Sébastien Trudel, fondateur et président d'Ellipsos, une firme d'experts-conseils spécialisée en développement durable.

La simple réduction de la consommation de papier, en imprimant recto verso par exemple, est un pas dans cette direction. Les entreprises manufacturières peuvent aussi réduire à la source en spécifiant les activités responsables du gaspillage.

«Souvent, quand on répertorie certaines actions déjà mises en place, on se rend compte que les entreprises ont fait un bout de chemin sans même le savoir», constate M. Trudel.

L'efficacité énergétique est souvent ciblée comme l'une des premières actions à entreprendre, parce que le rendement de l'investissement est rapide et n'est parfois qu'une question de mois. «Une meilleure utilisation de l'énergie permet des gains importants sans engendrer de coûts majeurs», signale Emmanuelle Géhin, en donnant comme exemple l'installation de robinets économiseurs d'eau et d'éclairage à faible consommation d'énergie.

La réduction des déchets, dont l'élimination peut occasionner d'importantes dépenses, est une autre façon abordable de réduire les impacts environnementaux.

Prendre le virage vert est profitable, d'autant qu'un coup de pouce fiscal peut aider les entreprises au fil de cette démarche. Depuis quelques années, différents programmes gouvernementaux de crédits d'impôt et de subventions sont offerts aux entreprises qui veulent réduire leurs émissions de GES et augmenter leur efficacité énergétique.

«C'est un soutien important qui aide à atténuer les impacts financiers du virage vert», conclut Emmanuelle Géhin.

LES ENTREPRISES INVESTISSENT DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR...

56 % assumer leurs responsabilités sociales et environnementales

48 % améliorer ou maintenir leur image de marque

46 % se donner un avantage concurrentiel

29 % réagir aux pressions des parties prenantes

22 % se conformer aux normes et aux réglementations actuelles ou futures

...ET LES DÉFIS AUXQUELS ELLES FONT FACE

22 % le manque de connaissances

42 % la difficulté de démontrer le rendement de l'investissement

46 % les contraintes de budget

22 % la peur de perturber les processus d'affaires

Source : Aberden Group (2009)

CE QUE LES LAURÉATS ONT RÉUSSI À FAIRE

Alain Lemaire

Cascades

D'une PME familiale spécialisée dans le recyclage à Kingsey Falls, il a créé un groupe qui est devenu un leader dans le domaine de la récupération de carton et de papier au Canada.

Christian Yaccarini

Société de développement Angus

Sur des terrains réhabilités de Montréal, il a créé un parc d'entreprises qui met de l'avant les principes écologiques et responsables.

Yves Devin

Société de transport de Montréal

Il a réussi à augmenter le nombre d'utilisateurs du transport en commun, en mettant en valeur son potentiel écologique auprès des usagers.

Léopold Beaulieu

Fondaction CSN

À la tête du fonds de travailleurs de la CSN, il soutient des entreprises qui mettent en place des mesures concrètes pour favoriser le développement durable.

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