Ukraine: la Crimée sur la voie de la partition; Obama sanctionne Moscou

Publié le 06/03/2014 à 15:12

Ukraine: la Crimée sur la voie de la partition; Obama sanctionne Moscou

Publié le 06/03/2014 à 15:12

Par AFP

La Crimée a franchi jeudi une étape supplémentaire vers la partition de l'Ukraine en demandant à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule à la Russie, alors que les Occidentaux annonçaient de nouvelles séries de sanctions économiques et diplomatiques visant Moscou.

Au même moment sur le terrain, 40 observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont dû rebrousser chemin après avoir été empêchés par des hommes armés d'entrer en Crimée, contrôlée depuis le 28 février par des forces russes.

Les électeurs de la Crimée, une péninsule de deux millions d'habitants à majorité russophone, stratégique pour Moscou, auront le choix, au cours d'un référendum prévu le 16 mars, entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée, a indiqué à l'AFP le député Grigori Ioffe.

L'assemblée de cette république autonome avait jusqu'à présent projeté l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie.

L'organisation d'un référendum en Crimée sans l'accord de Kiev a été immédiatement dénoncée par les Etats-Unis, Barack Obama estimant qu'il "violerait la Constitution ukrainienne et le droit international". Il a également été dénoncé par l'Union européenne et le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, qui a fustigé "une farce, un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes".

Et Kiev a lancé la procédure de dissolution du Parlement local de Crimée.

Après plusieurs jours de réflexion, Washington et Bruxelles ont finalement dégainé l'arme des sanctions. Tout d'abord le président Barack Obama, engagé dans le bras de fer le plus tendu entre Occidentaux et Russes depuis la chute de l'URSS, qui a ordonné la mise en place de restrictions de visas "sur un certain nombre de responsables et d'individus" qui sont tenus pour "responsables ou sont complices de menacer la souveraineté" de l'Ukraine, selon la Maison Blanche.

Le président américain a par ailleurs signé un décret qui autorise des gels d'avoirs, visant potentiellement, la Maison Blanche ne le précise pas, des responsables russes et ukrainiens.

Pour leur part, les dirigeants européens ont suspendu les négociations sur les visas avec la Russie et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer.

A l'issue d'un sommet extraordinaire à Bruxelles, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a par ailleurs annoncé que l'UE allait signer l'accord d'association avec Kiev avant les élections du 25 mai en Ukraine.

"Nous signerons les volets politiques de l'accord très bientôt, avant les élections", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a annoncé que Kiev était prêt à signer cet accord "dès que possible". C'est le refus par le régime du président Viktor Ianoukovitch, désormais déchu, de signer cet accord qui avait déclenché en novembre le début du mouvement de contestation, conduisant à une répression violente des manifestations par le pouvoir. Au moins 100 personnes avaient péri pendant les trois mois de contestation - une violence inédite en Europe depuis les guerres dans les Balkans - et le président Ianoukovitch avait été destitué par le Parlement trouvant ensuite refuge en Russie. 

Iatseniouk à Bruxelles

L'annonce du Parlement de Crimée, dominé par des députés pro-russes et dont le "Premier ministre" Serguiï Axionov est poursuivi par Kiev pour "séparatisme", est intervenue alors que les dirigeants européens se retrouvaient en urgence à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à l'Ukraine.

"Ce n'est pas seulement une crise entre l'Ukraine et la Russie, c'est une crise en Europe", a affirmé le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. Se déclarant disposé à "un réel débat" avec la Russie, il s'est montré préoccupé par les derniers développements, notamment la reprise "du blocage des forces navales ukrainiennes" en Crimée.

Au siège du Conseil européen, les dirigeants de l'UE se sont tous alarmés de la situation. "Nous devons envoyer un message très clair selon lequel ce qui se déroule est inacceptable et aura des conséquences", a souligné le Premier ministre britannique, David Cameron.

Mais le maître-mot des Européens reste plus que jamais "la désescalade", c'est-à-dire la nécessité de "faire baisser la tension" afin que la crise ne débouche pas sur un conflit militaire.

Il faut exercer "la pression la plus forte possible sur la Russie pour engager un processus de désescalade", a déclaré le président français François Hollande.

Pas d'accord entre Kerry et Lavrov

Pour leur part, les chefs des diplomaties russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry, malgré trois rencontres en deux jours, ne sont pas parvenus à un accord permettant de sortir de la crise qui a pris une ampleur considérable fin février quand des forces russes ont pris le contrôle de la Crimée.

"La Crimée est l'Ukraine", a lancé jeudi soir à Rome M. Kerry tout en plaidant en faveur de la poursuite du dialogue avec la Russie et "un retour à la normale en Ukraine".

Mercredi soir, Barack Obama et David Cameron avaient dénoncé une situation "inacceptable" en Ukraine. Le département d'Etat américain avait affirmé auparavant que "la Russie racontait des mensonges pour justifier ses actes illégaux en Ukraine". "Le monde n'a pas vu de fiction russe aussi surprenante depuis que Dostoïevski a écrit "Deux fois deux égale cinq est aussi une chose charmante"", a même ironisé la diplomatie américaine, citant une phrase des "Carnets du sous-sol" du romancier russe.

Moscou a peu goûté l'ironie américaine et a fustigé le "cynisme" et l'"arrogance inadmissible" de Washington.

Poutine reçoit le soutien d'Assad

Après le sommet de Bruxelles, le Conseil de sécurité de l'ONU doit avoir de nouvelles consultations à huis clos sur la crise ukrainienne, les quatrièmes sur ce dossier depuis vendredi.

Hors de Crimée, Donetsk, fief russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays a connu ces derniers jours un regain de tensions, mais le gouverneur a fait intervenir jeudi la police pour apaiser les esprits.

La police ukrainienne a repris le contrôle du siège du gouvernement régional, qui avait été occupé par des militants pro-russes, et arrêté des dizaines de personnes.

Vladimir Poutine a reçu jeudi le soutien remarqué du président syrien Bachar al-Assad, dont le régime est soutenu par Moscou dans sa guerre contre les rebelles. M. Assad a loué les efforts de M. Poutine pour faire face aux "extrémistes terroristes", un terme utilisé d'habitude par Damas pour parler des rebelles syriens.

Le rouble en revanche continuait de subir les conséquences de la politique du Kremlin, reculant fortement face à l'euro et au dollar.

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