Stratégie d'innovation: le ministre Duchesne consulte

Publié le 12/04/2013 à 17:42, mis à jour le 15/04/2013 à 13:53

Stratégie d'innovation: le ministre Duchesne consulte

Publié le 12/04/2013 à 17:42, mis à jour le 15/04/2013 à 13:53

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation tient des assises à Québec en début de semaine en vue d’élaborer sa stratégie de la recherche et de l’innovation, attendue en juin avec des fonds. Depuis l’automne, l’Association de la recherche industrielle du Québec (ADRIQ) et l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) ont recueilli des mémoires qui mettent la table aux consultations du 15 et 16 avril.

À la veille des assises, voici le point de vue du ministre Pierre Duchesne sur le rôle du gouvernement du Québec en recherche et innovation.

Q : Que doit faire le gouvernement du Québec pour accroître son rôle dans la recherche et le développement, à la lumière des consultations déjà amorcées?

R : On est au tout début. On a commencé à rencontrer des gens des milieux industriels et académiques, collégial et universitaire. Il y a déjà des centres de recherche et des consortiums de recherche qui existent et on a préparé un cahier de consultation des assises. C’est un banc d’essai qui vise à regrouper les enjeux et mettre en évidence les forces du Québec en R&D. On veut voir comment on peut améliorer une situation qui est déjà bonne. Le Québec se positionne déjà bien dans les statistiques en recherche par rapport au Canada, que ce soit dans les budgets ou le nombre de chercheurs. Le but est de miser sur les forces et d’aller encore plus loin. On a commencé à identifier les défis et les grands thèmes.

Q : Un des défis, c’est de s’ajuster au réalignement du gouvernement fédéral dans la recherche. Quels ajustements vous paraissent nécessaires au Québec?

R : On a identifié trois grands défis. Ça permettra ensuite de définir un plan d’action et une politique nationale. Le premier défi n’est pas propre au Québec, les grandes sociétés occidentales y font aussi face : le vieillissement de la population. Il y a déjà du travail qui se fait en recherche et innovation, mais il faut le maintenir. Il faut bien s’occuper des populations et du développement de la petite enfance parce que ce sera l’avenir de notre société vieillissante. Le Québec a déjà un champ d’expertise impressionnant dans ce domaine avec les CPE et le suivi auprès des clientèles défavorisées. Donc, un premier défi qui est démographique.

Le deuxième, c’est le développement durable : les technologies propres, l’impact des changements climatiques sur notre société et notre économie.

Le troisième défi est l’identité québécoise. On est une société avec des particularités, la pérennité de la nation n’est pas garantie à long terme, et il y a tout un champ d’études à amener sur notre identité, notre rapport avec les différentes communautés culturelles, la question de la langue française et notre rapport à l’histoire.

Pour le reste, c’est d’essayer dans une politique nationale, de voir si les institutions, les organisations en place sont capables de bien répondre au milieu de la recherche et aux gens de la recherche industrielle. Est-ce qu’on encadre correctement nos chercheurs? Est-ce qu’on les finance correctement? Comment financer de manière plus efficace? Est-ce que les outils fiscaux atteignent les objectifs? Les assises nous permettront de discuter de ces thèmes.

Q : Le cahier du participant aux assises met en lumière la complexité et la multiplicité des structures pour l’obtention des fonds de recherche. Comptez-vous centraliser davantage la distribution des fonds?

R : Peut-être qu’il ne faut pas ajouter de structures, peut-être qu’on peut, dans certains cas, préciser le mandat, voir si on peut simplifier. On a mis ça dans le document parce qu’on l’a beaucoup entendu dans les rencontres qu’on a déjà eues. Si c’est complexe, je veux savoir où ça l’est et s’il y a des organismes en trop ou qui ne sont pas efficaces, je veux savoir lesquels. J’espère recevoir conseils, suggestions et solutions.

Q : Le fait que la recherche et innovation relève maintenant du ministère de l’Enseignement supérieur plutôt que celui de l’Économie suscite certaines inquiétudes dans les sphères économiques. Que dites-vous aux inquiets?

R : C’est une décision éclairée de la première ministre pour refléter une réalité concrète au Québec : la recherche au Québec se fait essentiellement dans les universités. Mais il y a une recherche industrielle aussi et il faut être capable de travailler ensemble. La reconfiguration ministérielle, je pense, va faciliter les rapprochements.

Q : Comment ça peut faciliter les rapprochements?

R : Ces gens travaillent ensemble. Il y a eu une série de mémoires en prévision de la politique qui ont été menés conjointement par l’ADRIQ, qui est dans l’industriel, et l’ACFAS, qui est plus dans les sciences sociales. Il faut que ces gens se parlent. Je vous donne un exemple : une nouvelle technologie développée, s’il y a des impacts environnementaux, des chercheurs nous diront lesquels et ensuite, si la technologie mène à la construction d’une usine, il faut répondre aux questions d’acceptabilité sociale. Il y a des liens très concrets.

À l’ADRIQ, les gens ont parlé d’entrepreneuriat cette semaine. On est en bas de la moyenne canadienne au Québec et il faut travailler là-dessus. Ce n’est pas mon mandat premier, il y a une politique industrielle et une Banque de développement économique qui seront développées par ma collègue Élaine Zakaïb. Mais pourquoi sommes-nous sous la moyenne canadienne? Manque-t-on d’audace? Est-ce notre rapport au risque? Notre capacité de former des leaders? C’est de la recherche sociale qui doit répondre aux questions des milieux économiques. Ces liens-là se font.

Q : Certains acteurs des milieux économiques regrettent la disparition des Sociétés Innovatech (créature du PQ sabordée en 2004 par le PLQ) qui aidaient au démarrage d’entreprises technologiques. Est-ce une possibilité de les faire renaître?

R : On ne m’a pas encore mentionné la reprise d’un tel mécanisme. Il faut voir quel peut-être le rayonnement. Ce qu’on a pour l’instant, on a des consortiums de recherche qui fonctionnent très bien. Le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatiale (CRIAQ) fait un bel ouvrage, par exemple. C’est une belle particularité du Québec où on a à la même table des universités, des grandes entreprises et des PME qui travaillent ensemble. Dans l’aéronautique, Montréal est au deuxième rang mondial, donc il y a des forces au niveau industriel et il faut miser là-dessus.

Alors, avant d’amener d’autres organismes on fera une analyse sensée. Mais les assises servent à amener des propositions.

 

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