Recherche en sciences de la vie: de nouveaux modèles émergent


Édition du 21 Décembre 2013

Recherche en sciences de la vie: de nouveaux modèles émergent


Édition du 21 Décembre 2013

Durement éprouvée par les fermetures de plusieurs centres de recherche de sociétés biopharmaceutiques ces dernières années à Montréal, la recherche en sciences de la vie retrouve un nouveau dynamisme.

Ce redressement s'appuie sur de nouveaux modèles de développement de médicaments et de traitements, la naissance de nouvelles sociétés et la disponibilité de nouvelles sources de financement public et privé.

L'écosystème qui prend place s'appuie sur le lancement de consortiums de recherche précompétitive, la création de nouvelles organisations de maturation de la recherche sur des molécules, des ententes de partenariat avec de grandes sociétés et l'apparition de nouveaux fonds de capital de risque.

Bien entendu, si la recherche en sciences de la vie reprend des forces, c'est parce que le Québec dispose d'un bassin de chercheurs de grande réputation et que les gouvernements continuent d'y investir. À lui seul, le gouvernement du Québec prévoit investir des centaines de millions de dollars d'ici cinq ans pour soutenir différents dispositifs.

Voici un bel exemple de la qualité des chercheurs québécois : sur les 17 projets de recherche approuvés par Génome Canada en avril, huit provenaient d'universités du Québec et quatre d'universités d'autres provinces auxquelles des chercheurs québécois étaient associés, si bien que 60 % des crédits de recherche provenant de Génome Canada et des Instituts de recherche en santé du Canada ont été attribués à des chercheurs du Québec.

Consortiums de recherche

Les consortiums de recherche collaborative dans la santé ont été créés d'après le très fructueux modèle du Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale, qui regroupe 56 entreprises, dont plusieurs sont étrangères.

Lancé il y a cinq ans, le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM) réunit les sociétés AstraZeneca, Boehringer Ingelheim, Eli Lilly, GSK, Merck, Novartis et Pfizer, qui investissent dans le financement de projets de recherche sur des innovations visant l'amélioration du processus de découverte de médicaments, de vaccins, de traitements, de biomarqueurs, etc. Environ 80 % des projets réalisés sous la gouverne du CQDM ont produit les résultats attendus.

Créé en janvier 2013, le consortium MEDTEQ gère des projets de recherche précompétitive dans les technologies médicales. Il réunit 46 partenaires, dont Medtronic, Johnson & Johnson, Roche Diagnostics et Siemens. Quatre projets ont déjà été autorisés.

À l'instar du CQDM pour ce qui est des médicaments et des traitements, les technologies développées sous l'égide du MEDTEQ doivent être utilisées dans le système de santé du Québec. On privilégie des projets multidisciplinaires pour favoriser l'innovation.

Fondée il y a un an, Néomed acquiert des molécules qui n'ont pas encore été optimisées et fait avancer la recherche pour elle-même ou en collaboration avec des sociétés petites et grandes, dont Pfizer et AstraZeneca. Elle conduit la recherche jusqu'à un stade d'avancement suffisant pour que celle-ci soit susceptible d'intéresser des acquéreurs qui voudraient en faire un produit commercial. Comme 13 autres sociétés, Néomed est hébergée à l'Institut Néomed, qui a hérité des installations (valeur de 29 M$) d'AstraZeneca dans le parc technologique de Saint-Laurent.

Therillia, qui compte au nombre des nouvelles sociétés, gère des projets d'optimisation de molécules pour des entreprises virtuelles financées par le Fonds américain VII de Sanderling Ventures, auquel participent la BDC et le Fonds FTQ. Ce dernier investit environ 50 M$ par année en sciences de la vie, directement dans des entreprises ou au moyen d'autres fonds (tels AmorChem, dans l'amorçage, et Teralys, qui investit dans des projets plus avancés).

Nouveau venu à Montréal, le fonds TVM, qui est associé à Eli Lilly, a investi dans un projet de Kaneq Pharma, une PME qui veut optimiser une molécule brevetée acquise de Merck. Cette dernière a déjà annoncé les premiers 80 des 100 M$ qu'elle avait promis d'investir quand elle a cessé ses activités de recherche.

Bref, le milieu de la recherche fourmille de nouveaux acteurs et de nouveaux modèles de développement de médicaments, de traitements et de technologies médicales.

Malheureusement, comme l'ont montré les ventes récentes à l'étranger de plusieurs belles sociétés (Gemin X, Medicago, Laboratoires Paladin, Atrium, etc.), nous n'avons pas encore réussi à garder le contrôle de ces joyaux.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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