Qui est Vagit Alekperov ?

Publié le 09/12/2009 à 09:18, mis à jour le 28/10/2010 à 16:43

Qui est Vagit Alekperov ?

Publié le 09/12/2009 à 09:18, mis à jour le 28/10/2010 à 16:43

Par Olivier Schmouker

Vagit Alekperov est à la tête du géant pétrolier Lukoil. Photo : Bloomberg.

À la tête du conglomérat spécialisé dans le pétrole Lukoil, Vagit Alekperov est considéré comme le 3e homme le plus riche de Russie par le magazine Forbes, avec une fortune personnelle évaluée à 7,8 milliards de dollars américains.

Vagit Alekperov a fait toute sa carrière dans le pétrole, ayant commencé sous l’ère soviétique en 1972 en tant que simple opérateur de forage sur la mer Caspienne. Il améliore sa situation en suivant des études à l’Institut du pétrole et du gaz de Bakou, où lui vient l’idée – pionnière à l’époque – de créer de grandes compagnies pétrolières en Urss, à l’image de ce qui se fait à l’étranger.

Surnommé le Général

En 1983, il prend la tête de Kogalymneft, une société d’État pétrolière, qui exploite des gisements de gaz et d’or noir en Sibérie. En l’espace de sept années, la production annuelle de celle-ci passe de 2 à 240 millions de barils! Un succès qui lui vaut d’être remarqué par Mikhaïl Gorbatchev, au pouvoir en Urss depuis 1985 : Alekperov est nommé vice-minsitre de l’Énergie, en charge de la rationalisation du secteur pétrolier, en 1990.

Le coup d’État contre Gorbatchev et l’arrivée au pouvoir de Boris Eltsine en 1991 s`me la confusion dans le secteur pétrolier soviétique. Pour éviter que cela ne tourne au chaos, les autorités laissent les coudées franches à Alekperov pour y remettre un peu d’ordre. C’est l’occasion pour lui de réaliser son rêve…

Celui que l’on surnomme alors le «Général» ou encore «Alek 1er» pour souligner son nouveau rôle de maître absolu de l’or noir russe orchestre la fusion de trois sociétés pétrolières, dont Kogalymneft, en une nouvelle entité contrôlée par l’État : Lukoil. Cette dernière exploite les meilleurs gisements russes et se met à embaucher à tour de bras les meilleurs cadres et ingénieurs, y compris à l’étranger.

En 1993, Vagit Alekperov quitte son fauteuil ministériel pour prendre les rênes de Lukoil, transformée en société privée. Il lui donne alors une dimension internationale, frappant un grand coup en 1997 en signant avec Saddam Hussein un contrat pour l’exploitation en Irak du champ de West Qurma 2, sans doute l’un des plus grands gisements du monde, fort d’un potentiel de 15 milliards de barils.

Seul le résultat compte

Cette progression foudroyante s’est effectuée d’une manière très particulière, du moins selon les critères Occidentaux, complètement désorientés face aux règles sauvages de ce qu’on l’on appelle le «Far East». Une règle domine toutes les autres : seul le résultat compte…

En 1997, le journal russe Izvestia publie une enquête fouillée sur les liens entre Lukoil et le crime organisé. La réaction d’Alekperov dépasse l’entendement : il effectue une prise de contrôle foudroyante du journal et débarque du jour au lendemain l’ensemble de la rédaction, remplacée par des hommes de main!

Les manières de faire des affaires sont aussi radicalement différentes en Russie. La corruption gangrène l’économie depuis des décennies, les dessous-de-table sont monnaie courante, etc. Et Lukoil n’est, bien entendu, pas épargnée par le phénomène…

Par exemple, Lukoil a créé une société spécialisée dans les jets privés destinés à servir de cadeaux dans les grosses transactions. Le président du Kazakhstan aurait d’ailleurs ainsi reçu un jet d’une valeur de 18 millions de dollars américains en échange de droits d’exploitation dans le pays. Autre exemple : le siège moscovite serait littéralement peuplé de créatures de rêve qui n’auraient pas pour simple fonction d’accueillir les visiteurs, toujours selon le quotidien français Les Échos…

Ruée vers l’Arctique

Aujourd’hui, Lukoil est le deuxième groupe pétrolier de Russie et mène des activités dans une trentaine de pays, de l’Arctique à l’Amérique du Sud en passant par l’Afrique. Certes, il est victime de la récession, comme nombre de grands groupes pétroliers, mais n’est pas aux abois.

«Nous n’avons pas une grande dette, et elle est bien structurée, ce qui nous permet d’envisager avec assurance nos projets d’avenir», a récemment affirmé M. Alekperov, qui détiendrait 20% des parts de la compagnie, en soulignant qu’il entendait miser de plus en plus sur l’Arctique et le Venezuela. D’ores et déjà, le conglomérat du 57e homme le plus riche de la planète, selon Forbes, est à la tête de la deuxième réserve mondiale d’or noir, derrière ExxonMobil…

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