Pour faire mieux, Montréal devra avoir plus de pouvoirs, clame Coderre


Édition du 16 Avril 2016

Pour faire mieux, Montréal devra avoir plus de pouvoirs, clame Coderre


Édition du 16 Avril 2016

[Photo : Martin Flamand]

À 18 mois de son prochain rendez-vous électoral, le maire de Montréal entame son dernier droit avec une urgence certaine... de résultats.

À lire aussi : Denis Coderre dévoile (des bribes de) son plan économique

«Soyez patients ! Je l'ai déjà dit et je le répète : dans deux ou trois ans, ça va être écoeurant», assure Denis Coderre en entrevue avec Les Affaires.

Du bureau qu'occupait encore Jean Drapeau il y a 40 ans, l'ancien ministre fédéral parle sans ambages des changements apportés depuis son entrée à la mairie. De la «fierté retrouvée» par les Montréalais, de la «fin de l'autoflagellation», d'une nouvelle ère de dialogue avec les régions et, histoire de «redonner confiance», de la nomination d'un commissaire à l'éthique.

Mais après plus de deux ans en poste, des défis importants demeurent, sur le plan économique notamment. D'après les données désaisonnalisées de l'Institut de la statistique du Québec, le taux de chômage de Montréal s'établissait à 10,9 % en mars, comparativement à 7,6 % pour l'ensemble du Québec. Et loin d'aller en s'améliorant, la situation de l'emploi se dégrade à Montréal ; en un an, le taux de chômage y a crû de 0,9 point de pourcentage, au point d'être aujourd'hui le plus élevé du Québec, après celui de la Gaspésie-Îles-de-la- Madeleine (14,6 %).

Récemment, le maire a beaucoup parlé d'un possible retour des Expos à Montréal. Il se montre moins loquace cependant lorsque vient le moment d'exposer sa stratégie de développement économique.

«Nous serons en mesure de déposer un plan économique une fois que nous connaîtrons les outils qui seront à notre disposition dans la future loi sur la métropole», indique-t-on au cabinet du maire.

En attendant, on nous renvoie à un discours que M. Coderre a prononcé en juin 2015 devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, dans lequel il esquissait «les grandes lignes de sa vision économique» en guise de plan.

Lorsqu'il est interrogé sur l'avenir économique, Denis Coderre se tourne vers le gouvernement du Québec et la nécessité, répétée tel un mantra, d'accorder un statut de métropole à sa ville. «Nous sommes une métropole et il faut jouer un rôle de locomotive. Avant, on avait l'impression que c'était les wagons qui menaient. Ça tirait dans tous les sens, et ça ne tirait pas fort. Heureusement, les choses sont en train de changer.»

Montréal, la locomotive ?

Changer, certes. Mais dans quelle direction ? Est-ce qu'une ville comme Montréal, aux prises avec un chômage aussi élevé, peut toujours prétendre au titre de locomotive du Québec ? Certains en doutent. «Il [le maire] ne livre pas du tout, déplore la conseillère Laurence Lavigne Lalonde, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement économique à Montréal. L'administration Coderre est en partie responsable du taux de chômage. Ce n'est pas mêlant, notre économie est plus lente que celle du reste du Québec.»

Il suffit de discuter de développement économique avec Denis Coderre pour se rendre compte que, si tout est sur la table, rien ne paraît certain quant à l'issue des négociations qui ont cours avec Québec.

Impossible par exemple de savoir où en sont les négociations en cours. Au cabinet du ministre des Affaires municipales, on se limite à dire que le gouvernement entend «donner suite à son engagement» de déposer son projet de loi «au cours du printemps 2016».

Suivra son étude en commission parlementaire, ce qui devrait être terminé avant la fin de l'année, selon le maire. «Ce sera mon cadeau de Noël», lance-t-il à la blague, refusant d'en dire beaucoup plus.

À croire que le message lancé en janvier par Pierre Moreau, alors ministre des Affaires municipales, a porté. Le ministre avait alors rappelé haut et fort que l'éventuel projet de loi sur le statut de métropole ne serait pas «celui du maire de Montréal, [mais bien] celui du gouvernement du Québec».

Qu'à cela ne tienne. Bien que plus prudent, le maire continue de réclamer un statut de métropole pour sa ville, assorti de pouvoirs et de moyens qui lui permettraient d'agir plus efficacement. Par exemple, subventionner des entreprises et offrir des mesures incitatives financières pour l'implantation d'entreprises étrangères, et avoir plus de flexibilité en matière d'appels d'offres.

«Je ne veux pas avoir des pouvoirs avec des moyens qui changeront à chaque gouvernement, selon l'humeur du moment, prévient M. Coderre. Ça prend des balises précises. Avec la dévolution de pouvoirs, viennent les revenus.»

De combien parle-t-on? «Je ne négocierai quand même pas avec vous», répond-il, en indiquant qu'une «diversification des sources de revenus» pourrait venir de l'attribution par Québec de nouveaux domaines de compétence à Montréal. «Ça se fait comment ? Par des champs de taxation et par des budgets qui vont me permettre d'être compétitif. [...] Ça ne me dérange pas de travailler en partenariat, mais il faut une marge de manoeuvre.»

Investissement Montréal toujours dans les plans ?

Sous la direction de Serge Guérin, le Service du développement économique de la Ville, qui emploie 45 personnes, a déjà connu sa part de chambardements. En outre, une vingtaine de CLD ont été remplacés par six bureaux de PME MTL. Ce nouvel organisme est présenté par le maire comme le nouveau «guichet unique» de l'entrepreneuriat à Montréal. On s'attend à ce qu'il travaille avec les 17 sociétés de développement commercial de l'île.

À propos d'Investissement Montréal, ce nouvel organisme que le maire comptait créer pour remplacer Investissement Québec (IQ) à Montréal, Denis Coderre se montre moins affirmatif que par le passé, soutenant qu'il pourrait devenir un «outil important» pour lui assurer «la marge de manoeuvre» réclamée.

Tant à IQ qu'au ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, le dossier semble au point mort. «Nous savons que M. Coderre a fait une demande en ce sens, mais à notre connaissance, aucune discussion n'a encore eu lieu au sujet de la création [d'Investissement Montréal] ou de scénarios de transferts de fonds d'IQ vers un tel nouvel organisme municipal», soutient la porte-parole d'IQ, Chantal Corbeil.

L'appétit du maire Denis Coderre ne se limite pas à la création d'Investissement Montréal. À l'évidence, le projet de loi attendu sur le statut de métropole embrassera large. Lorsque le maire parle de «marge de manoeuvre», il parle du rapatriement de responsabilités multiples.

«Par exemple, illustre-t-il, je veux que le logement soit totalement sous [la responsabilité de] Montréal. Le logement, le logement social, le logement abordable, la rénovation. Parce que, si tu veux une stratégie d'accompagnement contre la pauvreté, l'itinérance et tout, tu ne peux pas aller continuellement à Québec pour régler ça. On a cette sensibilité-là, on va s'en occuper.»

Il en va de même pour les rénovations des écoles, une responsabilité déléguée au ministère de l'Éducation. «Ça m'écoeure, les moisissures dans les écoles de Montréal. À Paris et New York, ce sont les municipalités qui s'occupent des rénovations des écoles. Pourquoi pas nous ?» demande M. Coderre.

Même l'intégration des immigrants de l'île devrait être gérée par Montréal, juge-t-il. «Je vais baisser le chômage de plusieurs points de pourcentage le jour où on va arrêter d'en parler et où on va reconnaître les diplômes [de l'étranger].»

En attendant, une épée de Damoclès continue de flotter sur Bombardier. Et les silences du maire sur l'abandon des poursuites de Québec contre Air Canada dans le dossier d'Aveos, ou sur le projet de mégacentre commercial à l'intersection des autoroutes 15 et 40, continuent d'inquiéter. Le printemps vient à peine de commencer qu'il promet déjà d'être chaud.

Mars 2016

Emploi :

› 962 300 personnes en emploi. En baisse de 4 100 par rapport à mars 2015

Mars 2016

Taux de chômage :

› 10,9 %. Hausse de 0,9 point de pourcentage par rapport à mars 2015

Janvier 2016

Aide sociale :

› 51 555 bénéficiaires. Baisse de 4,3% (par rapport à janvier 2015)

Décembre 2016

Tourisme :

› 10 608 unités d'hébergement occupées. Baisse de 2% (par rapport à décembre 2014)

Sources : Institut de la statistique du Québec, ministère du Travail et de la Solidarité sociale, Tourisme Québec

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