[Photo : Bloomberg]
La résistance du Québec à la récession se fait sentir jusque dans la rémunération des pdg de nos entreprises, selon deux experts consultés par LesAffaires.com, alors que les dirigeants des grandes entreprises de la province ont vu leur rétribution augmenter plus vite que celle des dirigeants canadiens l'an dernier.
Dans son édition du 30 mai, le Globe & Mail rapportait qu'en moyenne, la rémunération des pdg des 100 plus grandes entreprises du pays cotées en bourse avait augmenté de 13 % au courant de 2010.
Or, des données compilées par Les Affaires dans son édition du 14 mai et visant les cinquante plus grandes sociétés cotées en bourse de la province font état d'une hausse moyenne de 21,6 % du salaire de leurs dirigeants. En 2009, les patrons de ces mêmes entreprises avaient vu leur paie faire du surplace.
« Le Québec a mieux traversé la crise économique et la reprise y a été plus vigoureuse », a commenté Michel Magnan, vice-doyen de l'école d'administration John Molson de l'Université Concordia et professeur de comptabilité. Selon les secteurs d'activités, cela peut expliquer la différence à son avis.
« Les organisations se comparent davantage entre elles au Québec, alors que les sociétés en Ontario par exemple vont se comparer surtout avec les concurrents internationaux, qu'ils soient aux États-Unis ou en Europe », souligne pour sa part Jérôme Côté, cofondateur de 37-2, une firme de consultants spécialisée en matière de rémunération, de performance et de gouvernance.
Comme le contexte a été plus défavorable aux États-Unis et à l'international par rapport au Québec, il est normal que cela se reflète dans la progression des salaires, poursuit-il.
« À cause des industries où nous sommes les plus présents, le Québec se compare rarement à l'extérieur du Canada », conclut M. Côté.
Il peut également y avoir certains cas de changements de garde, indiquent les deux experts consultés, qu'il s'agisse de l'arrivée d'un nouveau président, ou de l'actuel qui s'apprête à partir et dont le régime de retraite est bonifié.
Mais la tendance constatée pour 2010 ne risque pas de se répéter, soutient M. Côté. « En général, le Québec inc. est plus conservateur sur la question de la rémunération. » Certaines sociétés ont pu attendre un contexte plus favorable pour procéder à des ajustements, voire à un rattrapage dans certains cas, soulève-t-il.
D'ailleurs, parmi les 50 pdg dont la rémunération a été examinée par Les Affaires au Québec, 16 d'entre eux ont connu une augmentation de plus de 50 %.
Pour Glenn Chamandy notamment, président et chef de la direction de Gildan Activewear, un octroi spécial d'unités d'action et d'options a fait bondir sa rémunération globale de presque 550 %.
Quatre autres ont encaissé un recul allant de 13 à 55 % de leur salaire cependant.
