Rien ne justifie les discours négatifs, a lancé la première ministre du Québec, Pauline Marois, dans une conférence qu'elle prononçait récemment à Montréal.
On la comprend de vouloir chasser les mauvais esprits qui paralysent l'économie du Québec et de nous inciter à rester positifs. Il est vrai que la conjoncture économique est défavorable et que la concurrence est vive sur les marchés étrangers.
Il est toutefois temps de se rendre compte que plusieurs facteurs structurels, qui influent sur notre sous-performance, résultent de politiques imprudentes et idéologiques mises en place par Québec au fil de plusieurs décennies.
Le fiscaliste Luc Godbout et les économistes Pierre Fortin et Matthieu Arsenault viennent une fois de plus de nous avertir que le Québec vit au-dessus de ses moyens. Selon eux, le déficit du gouvernement atteindra 17 milliards de dollars en 2030 et 63 G$ en 2050, s'il continue sur sa lancée. Mais le gouvernement ne les écoute pas, comme en témoignent les dizaines de subventions qu'il distribue ces jours-ci.
Le gouvernement Marois ignore-t-il qu'il se dirige vers un déficit de 2,5 G$ pour l'exercice en cours ? Bien sûr que non. Il achète des votes en prévision des prochaines élections avec votre argent et le mien, et même avec celui de nos enfants et de nos petits-enfants, puisque tous ces bonbons se retrouveront dans la dette qu'ils devront eux aussi rembourser. L'indiscipline est bien installée. La récréation, dont bien des ministres des Finances ont sonné la fin de façon presque solennelle, se poursuit sans relâche.
Nous sommes «accros» au gaspillage.
On ne parle pas ici de bagatelles. Ce sont des centaines de millions que le gouvernement Marois a engagés pour soutenir des investissements privés (jeux vidéo, développement d'hydroliennes, cimenterie, etc.). Vrai, l'État a toujours subventionné ce genre d'investissements. Ce qui est nouveau, c'est la générosité accrue des subventions, de même que le niveau de risque élevé que prend l'État avec l'argent des contribuables.
Des investissements privés faméliques
On comprend pourquoi le gouvernement subventionne autant. Sans cette prodigalité, la dégringolade que connaît déjà cette composante essentielle de l'économie serait encore plus tragique. Selon le groupe dirigé par Robert Gagné, de HEC Montréal, les investissements privés au Québec représentaient 14,5 % du total canadien en 2012, alors que le Québec compte pour 19,7 % du PIB canadien.
Le gouvernement a plusieurs raisons de s'inquiéter. Il ne s'est créé que 175 emplois par mois en moyenne en 2013. Par rapport aux autres provinces, la rémunération moyenne des salariés du Québec est la seule à avoir subi une baisse, de novembre 2012 à novembre 2013. Le Québec est le seul à avoir enregistré une diminution des ventes de voitures neuves en 2013. Notre secteur manufacturier ne cesse de se contracter et nos exportations chutent (- 30 % de 2001 à 2012, sur une base par personne).
Pendant ce temps, notre gouvernement poursuit son projet indépendantiste, qui a fait fuir plusieurs sièges sociaux et des dizaines de milliers de citoyens, et qui continue de nourrir l'inquiétude. Il tente de renforcer la loi 101 de façon discriminatoire, décourage l'investissement (lois minières désincitatives, moratoires sur l'exploration et l'exploitation de ressources) et consacre d'importantes énergies à un débat controversé sur le port de signes ostentatoires des salariés du secteur public.
Le modèle québécois a fait son temps
Il faut larguer le modèle québécois. Selon l'étude de Robert Gagné, le poids des dépenses de l'État québécois est rendu à 47 % de son PIB, niveau qui dépasse celui de la Finlande (45 %), des Pays-Bas (41 %) et de la Norvège (39 %), des pays reconnus pour leur haut niveau d'intervention dans l'économie.
Les programmes sociaux que les gouvernements ont mis en place pour se faire aimer et dont une partie de la facture s'est retrouvée sur la carte de crédit nous ont endettés de façon irresponsable. Et ce n'est pas fini. Il faut maintenant investir des milliards de dollars pour retaper nos infrastructures.
Mais notre grand frère veille sur nous. Le Québec recevra en péréquation 7,8 G$ cette année et 9,3 G$ en 2014-2015. En 2012, le fédéral a dépensé au total au Québec 16,3 G$ de plus que les recettes de toutes sources (impôts, taxes, cotisations, etc.) qu'il a tirées des acteurs économiques de la province, ce qui montre bien notre grande dépendance.
Il faut arrêter de «fuir par en avant» et de vendre des illusions. Il faut gérer l'État de façon responsable et créer un climat favorable à l'investissement privé. C'est rêver de penser que notre salut passe par l'État.
Le poids des dépenses de l'État québécois est rendu à 47 % du PIB québécois, niveau qui dépasse celui de la Finlande (45 %), des Pays-Bas (41 %) et de la Norvège (39 %), des pays reconnus pour leur haut niveau d'intervention dans l'économie.