Nathalie Normandeau blâme les firmes de génie et son chef de cabinet

Publié le 18/06/2014 à 14:36

Nathalie Normandeau blâme les firmes de génie et son chef de cabinet

Publié le 18/06/2014 à 14:36

Par La Presse Canadienne

L'ancienne ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau [Photo : www.ceic.gouv.qc.ca]

L'ancienne ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau a jeté le blâme pour les situations litigieuses relevées par la Commission Charbonneau sur les firmes de génie et sur son ex-directeur de cabinet Bruno Lortie.

"Si ça s'est fait, tout s'est fait à l'insu du ministère et de la ministre que j'étais", a-t-elle lancé, mercredi, à la commission.

L'ancienne ministre libérale n'a pas ménagé les qualificatifs pour déplorer le comportement des firmes de génie-conseil _ horripilée, révoltée _, affirmant avoir appris lors des audiences de la commission qu'elles utilisaient des stratagèmes de fausse facturation et de prête-noms, qu'elles essayaient d'influencer le ministère et qu'elles se vantaient ensuite de leur proximité et de leur notoriété auprès de leurs clientes, les municipalités.

Elle a juré qu'elle avait résisté, qu'elle avait su mettre un mur entre elle et ceux qui venaient aux activités de financement, pour essayer d'obtenir des informations de son ministère.

"J'ai toujours érigé un mur entre mes fonctions de militante et mon rôle de ministre. Et croyez-moi, je n'étais pas naïve au point de croire que certaines personnes qui étaient là ne pensaient pas, peut-être, obtenir certaines choses en retour de leur implication au sein du Parti libéral du Québec. Mais ces gens-là se sont trompés, parce qu'il n'y a jamais eu de retour d'ascenseur", a-t-elle soutenu.

Elle a aussi critiqué celui qui a pourtant été son directeur de cabinet pendant huit ans, Bruno Lortie, qui s'est décrit lui-même comme le "grand frère" de Marc-Yvan Côté, de la firme de génie Roche.

Là encore, Mme Normandeau a soutenu avoir appris à la commission à quel point son chef de cabinet était près de Marc-Yvan Côté, ainsi que le fait que M. Lortie aurait rencontré des ingénieurs à son bureau, la porte fermée. M. Lortie a admis que les dossiers promus par M. Côté ont pu recevoir un suivi plus serré de sa part.

"Ce qui est clair, c'est que M. Lortie n'avait aucun droit pour donner une information privilégiée à qui que ce soit. Et j'ai entendu ici certains témoins dire qu'il pourrait avoir eu de l'information de nature privilégiée qui aurait été accordée par mon chef de cabinet de l'époque. Si c'est le cas, c'est condamnable. Si j'avais su, si j'avais été informée de cette situation à l'époque, j'aurais posé des gestes et j'aurais sur-le-champ remercié M. Lortie de ses services", a-t-elle affirmé.

"J'espère que M. Lortie n'a pas trahi ma confiance, j'espère", a-t-elle ajouté.

Mme Normandeau s'est aussi défendue d'avoir abusé de son pouvoir discrétionnaire comme ministre en majorant le taux de subventions aux municipalités, parfois à l'encontre des recommandations de ses fonctionnaires.

Un tableau déposé devant la commission faisait état de 50 dossiers où une aide exceptionnelle avait été accordée pour des projets d'infrastructures reliés à l'eau, entre 2002 et 2012, en vertu du pouvoir discrétionnaire du ministre, et ce, sans qu'une justification soit au dossier. De ces 50 dossiers, 32 provenaient de la ministre Normandeau.

Mme Normandeau a insisté sur le fait que ces 32 dossiers de subvention majorée par elle devaient être comparés aux 708 dossiers qu'elle avait signés lorsqu'elle a dirigé ce ministère, représentant donc 4,5 pour cent de l'ensemble.

"Je ne pense pas que c'est abuser de son pouvoir discrétionnaire", a-t-elle riposté.

Elle s'est défendue de s'être ingérée dans un travail d'évaluation neutre fait par des fonctionnaires du ministère des Affaires municipales, en fonction de critères objectifs prévus aux programmes, en affirmant qu'elle n'avait fait que son travail de ministre.

La procureure chef de la commission, Sonia LeBel, lui a demandé pourquoi elle tenait à renvoyer les demandes refusées aux fonctionnaires, pour tenter d'obtenir leur approbation en insistant, alors qu'elle aurait pu exercer directement son pouvoir discrétionnaire et aller à l'encontre de leur refus.

La ministre a nié avoir voulu ainsi faire pression sur les fonctionnaires en requérant leur appui pour se couvrir. "Je n'appelle pas ça mettre de la pression, j'appelle ça faire mon travail de ministre. Je veux que les dossiers avancent", a-t-elle lancé.

Étonnamment, avant même qu'elle commence à témoigner, la juge France Charbonneau a tenu à réconforter l'ex-ministre témoin. "Je vais vous demander d'être relax et de ne pas vous sentir trop de pression", lui a-t-elle dit.

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