Marché du travail : le Québec a fait des pas de géants, mais le travail est loin d'être terminé

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Juin 2018

Marché du travail : le Québec a fait des pas de géants, mais le travail est loin d'être terminé

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Juin 2018

Par Mia Homsy

Le taux d’activité des personnes handicapées de 15 à 64 ans est de 44,6 % au ­Québec alors qu’il est de 52,7 % en ­Ontario [Photo: 123RF]

Le sujet de la pénurie de main-d'oeuvre est maintenant sur toutes les lèvres. C'est normal, avec un taux de chômage inférieur à 6 % et une population vieillissante, le Québec est en territoire inconnu. Et le phénomène va se poursuivre au cours de la prochaine décennie. Il est urgent d'adapter nos façons de faire à cette nouvelle réalité démographique. Les importantes transformations du marché du travail québécois de la dernière décennie indiquent toutefois que nous sommes capables de faire bouger l'aiguille dans la bonne direction.

Les femmes québécoises présentent un taux d'activité et un taux d'emploi parmi les plus élevés au Canada et même au monde. Alors que le Québec était à la traîne en 2000, il est maintenant loin devant les autres provinces canadiennes, affichant un taux d'activité des femmes de 25 à 54 ans de plus de 85 %.

Tandis que le Québec accusait un important retard quant au taux d'activité des travailleurs de 55 ans et plus, il a rattrapé l'Ontario en ce qui a trait aux travailleurs de 50 à 59 ans et a réduit l'écart chez les 60 ans et plus. D'importants gains peuvent toutefois encore être réalisés pour ces groupes.

Intégration difficile des immigrants et des personnes handicapées

La situation est moins reluisante du côté de l'intégration des immigrants et des personnes handicapées. Selon les données de 2012 de Statistique Canada, le taux d'activité des personnes handicapées de 15 à 64 ans est de 44,6 % au Québec alors qu'il est de 52,7 % en Ontario - ce taux approche plutôt les 80 % chez les personnes non handicapées dans les deux provinces.

Autre défi de taille pour le Québec et sa métropole : l'intégration des nouveaux arrivants, qui semble plus ardue qu'à Toronto et à Vancouver. La situation semble sur le point de changer : en 2017, l'écart du taux de chômage entre les immigrants arrivés à Montréal depuis plus de cinq ans et celui des natifs s'est rétréci, de telle sorte qu'il n'était plus que de deux points de pourcentage. Pour les immigrants arrivés au Québec depuis moins de cinq ans, le problème reste cependant entier.

Il faudra de l'audace

Le gouvernement a déposé une Stratégie nationale de la main-d'oeuvre qui cible les bons enjeux. Le défi réside toutefois dans l'audace et la flexibilité de la mise en oeuvre. Les acteurs au coeur de l'action comme la Commission des partenaires du marché du travail, le Conseil emploi métropole et Emploi-Québec auront une excellente occasion de démontrer leur capacité à faire bouger l'aiguille quant à la formation des employés. Comment vont-ils s'y prendre pour convaincre les entreprises de former leurs employés de façon continue ? Vont-ils réussir à briser les silos entre marché du travail et milieu scolaire pour permettre des formations pertinentes et accessibles plus rapidement ?

Le défi est de taille, mais nous avons démontré dans le passé que nous sommes capables de nous adapter.

EXPERTE INVITÉE
Mia Homsy
est directrice générale de l’Institut du Québec (IdQ) depuis sa fondation en février 2014.

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