« Des marchands indépendants Rona pourraient souhaiter se joindre à nous. » – Pascal Houle, chef de la direction, BMR.
Loin d'être intimidés par l'arrivée de Lowe's au Québec, les quincailliers québécois poursuivront leur croissance dans la province et en Ontario, en clamant haut et fort leur identité québécoise afin de séduire une partie de la clientèle.
«On jouera la carte québécoise pour se démarquer. On va faire savoir aux consommateurs qu'on est une marque québécoise», dit Daniel Lampron, directeur général du groupe Patrick Morin, un réseau regroupant 20 centres de rénovation au Québec.
Concentrée sur la rive nord du Saint-Laurent, de Trois-Rivières à Montréal, cette entreprise de 1 300 employés compte développer son réseau dans la région de Québec, en Estrie et en Outaouais. «C'est encore possible de s'étendre au Québec», affirme-t-il.
Même volonté de maintenir le cap et de contre-attaquer chez BMR, qui appartient depuis un an à la Coop fédérée (elle exploitait le réseau de quincailleries Unimat) et qui comprend 350 magasins au Canada, dont 300 au Québec.
Pascal Houle, chef de la direction de BMR, croit que d'anciens marchands-propriétaires de Rona pourraient vouloir rejoindre les rangs de BMR, car les marchands ne sont pas propriétaires dans la structure de Lowe's.
«Notre modèle d'entreprise nous a permis de nous développer dans le passé et nous permettra de le faire dans le futur, insiste Pascal Houle. C'est pourquoi des marchands indépendants Rona pourraient souhaiter se joindre à un regroupement comme BMR.»
Toutefois, BMR n'est pas sur le mode de la séduction pour l'instant, car la transaction est trop récente (le Bureau de la concurrence n'a pas encore donné son aval, notamment), précise M. Houle. «Mais on pourrait courtiser les marchands Rona indépendants plus tard», ajoute-t-il.
D'ici là, BMR poursuivra sa stratégie de croissance en Ontario, où elle exploite près d'une quinzaine de magasins. «Nous voulons y accroître notre présence au cours des prochaines années», dit le patron de l'entreprise, qui affiche des ventes annuelles de 1,7 milliard de dollars.
Pas de bouleversements
L'achat de Rona par Lowe's n'inquiète pas non plus Canac, une chaîne indépendante de quincaillerie et de matériaux de construction de la région de Québec.
«Cela ne changera pas grand-chose à notre stratégie de déploiement au Québec, car nous sommes déjà en concurrence avec les BMR, Home Depôt et Rona de ce monde», affirme Karl Desbiens, directeur général de cette PME qui compte 12 magasins au Québec, concentrés dans le centre de la province.
Canac prépare même son entrée sur le marché montréalais. Mais elle débutera d'abord par des ouvertures de magasins en banlieue. «Lorsque nous arriverons à Montréal, la clientèle verra que nous offrons quelque chose de différent, entre autres en ce qui concerne l'expérience client», insiste Karl Desbiens.
L'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT) ne s'attend pas non plus à ce que l'arrivée de Lowe's bouleverse l'industrie québécoise.
«Contrairement à Home Depot, qui a construit de nouveaux magasins au Québec, Lowe's achète un réseau existant, celui de Rona. Par conséquent, il n'y aura pas d'offre supplémentaire de pieds carrés au Québec dans la foulée de cette transaction», affirme le président et chef de la direction de l'AQMAT, Richard Darveau.
À ses yeux, on pourrait cependant s'attendre à des prix «un peu plus abordables» au détail dans les succursales de Lowe's au Québec, car le pouvoir d'achat du géant américain lui permet de négocier de meilleurs prix auprès de ses fournisseurs en Amérique du Nord.
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