Les québécoises aussi achètent à l'étranger

Publié le 23/04/2011 à 00:00, mis à jour le 29/04/2011 à 13:24

Les québécoises aussi achètent à l'étranger

Publié le 23/04/2011 à 00:00, mis à jour le 29/04/2011 à 13:24

Par Marie-Claude Morin

Il n'y a pas que les minières de l'Ouest qui sortent leur carnet de chèques. Des entreprises québécoises de divers secteurs profitent aussi des conditions favorables qui s'offrent à elles pour mettre la main sur des concurrents.

Les récentes acquisitions sont diversifiées, sur les plans tant sectoriels que géographiques. Dans l'alimentation, Saputo a acheté l'américaine DCI Cheese Company. Dans le vêtement, Gildan a annoncé, elle aussi aux États-Unis, l'acquisition du fabricant de chaussettes Gold Toe Moretz. En ce qui a trait au divertissement, Stingray Digital s'est emparée de Music Choice Europe. De son côté, 5N Plus, fabricant de métaux spécialisés pour l'industrie solaire, a acquis l'européenne MCP Group. Quant à Hélicoptères Canadiens, c'est plutôt en Nouvelle-Zélande qu'elle a fait ses emplettes.

Cette reprise des acquisitions, les observateurs l'attendaient depuis un certain temps déjà. " Les conditions favorables, comme le dollar fort, le besoin d'accroître la productivité et le crédit bancaire, étaient là depuis un bon bout de temps. La crise a servi d'excuse pour ne pas en profiter ", estime l'avocat Clemens Mayr, associé chez McCarthy Tétrault.

Les sociétés québécoises, qui ont relativement bien traversé la crise et qui jouissent d'un bilan sain, ont peut-être décidé de finalement rompre avec le statu quo en constatant que les vendeurs se faisaient plus raisonnables. " Les prix offerts par les acheteurs et ceux demandés par les vendeurs commencent à se rejoindre ", constate M. Mayr, qui s'attend à ce que la baisse des multiples d'évaluation observée depuis 12 à 18 mois permette au volume de transactions de continuer de croître.

Une reprise lente

L'incertitude économique persistante risque toutefois de causer des maux de tête aux acheteurs, prévient François Tellier, leader des services transactionnels pour le Québec chez Ernst & Young. Comme il y a beaucoup de volatilité, notamment dans le prix du pétrole et des matières premières, les acheteurs peinent à préparer des prévisions financières qui leur inspirent confiance. Cela complexifie les discussions entre vendeurs et acheteurs, surtout que les premiers sont généralement plus optimistes que les seconds. " La reprise des acquisitions est donc plus lente que ce qu'on aimerait voir ", dit M. Tellier.

Cela étant dit, les entreprises sont plus enclines à considérer une cible potentielle qu'il y a un an ou deux, constate Ralph Masella, associé en services-conseils chez KPMG. " Elles examinent beaucoup plus d'occasions qu'avant et sont plus nombreuses à signer des lettres d'intention. " Outre la diversification géographique, ces entreprises visent souvent la consolidation de leur marché. Elles cherchent aussi à dégager des synergies et à optimiser leurs processus. Des objectifs qui sont en général plus faciles à atteindre par acquisitions qu'à l'interne.

Avec l'abondance de capitaux sur le marché, la fenêtre ne saurait rester ouverte indéfiniment, affirment de concert MM. Mayr et Masella. D'abord, les banques canadiennes et américaines ont rouvert leurs robinets, ce qui multiplie les acquéreurs potentiels. Ensuite, les fonds d'investissement privé cherchent à utiliser ce qu'ils ont déjà recueilli, question de ne pas devoir retourner les fonds aux investisseurs. Ensemble, ces deux facteurs pourraient entraîner des enchères. Sans compter que la Banque du Canada commencera vraisemblablement à hausser progressivement le taux directeur au cours des prochains mois, ce qui accroîtra le coût du capital.

" Comme la fenêtre est encore là pendant 12 à 24 mois, c'est bien de saisir maintenant les occasions d'affaires qui se présentent ", estime M. Mayr, qui s'attend à une bonne année 2011.

Davantage de transactions cette année

Même si les consultants en fusions-acquisitions ont plus de dossiers sur leur bureau, ils refusent toutefois de parler de boom d'acquisitions.

" C'est sûr que l'année 2011 sera meilleure que 2010, mais ce n'est pas vraiment beaucoup plus fort, du moins au Québec ", juge M. Masella. De son côté, M. Tellier s'attend à ce qu'il y ait plus de transactions au cours des prochains mois, mais reste prudent. " La grande priorité pour les entreprises, et c'est une tendance qui s'amplifie, est de se concentrer sur la croissance interne ", dit-il.

51 G$ La valeur des fusions-acquisitions annoncées au Canada au premier trimestre de 2011 a totalisé 51 milliards de dollars (G$), et le nombre de transactions d'achat ou de vente annoncées au pays pendant cette période a atteint 791. | Source : PricewaterhouseCoopers

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