Les entreprises québécoises sont optimistes


Édition du 06 Octobre 2018

Les entreprises québécoises sont optimistes


Édition du 06 Octobre 2018

Par Pierre Cléroux

[Photo: 123RF]

Les turbulences et incertitudes liées aux échanges commerciaux ne semblent pas miner la confiance des entrepreneurs québécois. Malgré l'imposition d'importants tarifs dans les secteurs du bois d'oeuvre, de l'acier et de l'aluminium ces derniers mois, et la difficile renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), les dirigeants d'entreprises d'ici sont même plus optimistes que ceux des autres provinces. La bonne santé de l'économie québécoise n'est pas étrangère à cette marque de confiance envers l'avenir.

Les trois quarts (75 %) des entrepreneurs québécois se montrent en effet optimistes à l'égard de leur entreprise pour les six prochains mois, comparativement à 64 % en Ontario et dans l'ensemble du Canada, indique un récent sondage de la Banque de développement du Canada (BDC). Même si le niveau de confiance des dirigeants québécois envers l'économie canadienne est moindre, à 60 %, il reste néanmoins beaucoup plus élevé qu'au pays (41 %) ou en Ontario (40 %).

Ces résultats ont de quoi étonner, alors qu'il n'y a pas une journée qui passe sans qu'il soit question des difficultés à finaliser l'ALÉNA et des menaces qui pèsent sur les échanges commerciaux. Mais, pour l'instant du moins, l'impact semble minime. À preuve : près de 90 % des entreprises québécoises ont vu leurs ventes augmenter (52 %) ou se stabiliser (36 %) au cours des 12 derniers mois.

De plus, la majorité d'entre elles s'attend même à ce que leurs ventes s'améliorent (62 %) ou se stabilisent (29 %) au cours des 12 prochains mois, révèle encore le sondage.

Cet élan et l'optimisme ainsi affiché incitent même de nombreux entrepreneurs, qui voient encore des occasions de croissance, à penser que le moment est propice pour investir dans leur entreprise. Et ce, malgré la hausse des taux d'intérêt. Les propriétaires d'entreprises estiment donc que les conditions de financement sont encore avantageuses et que des investissements pourront générer des gains de productivité et de plus grandes marges bénéficiaires.

Diversifier ses marchés

Les tarifs douaniers ne semblent donc pas encore influer sur la croissance d'une majorité d'entreprises. Les droits de douane sur les métaux et le bois d'oeuvre nuisent certainement aux marges bénéficiaires et aux projets d'investissement d'entreprises de ces secteurs, qui continuent néanmoins d'exporter pour répondre à la forte demande de ces produits aux États-Unis.

Il faut aussi dire que même si les exportations jouent un rôle essentiel dans l'économie québécoise et canadienne, à peine 12 % des PME exportent leurs produits et services. Or, on sait que les PME représentent une très forte proportion du tissu économique québécois.

N'empêche : les dirigeants d'entreprises ne doivent pas minimiser les tensions liées aux échanges commerciaux et à la montée du protectionnisme américain depuis l'élection de Donald Trump. Pour remédier à la situation, plus du tiers des entreprises affirment avoir recentré leurs efforts sur les marchés locaux (17 %) ou accentué le développement du commerce avec d'autres pays (17 %).

À cet égard, rappelons-le, la mise en oeuvre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne ouvre de nouvelles portes aux exportateurs d'ici. L'Europe représente moins de 10 % de nos exportations et les entreprises québécoises ont intérêt à tirer avantage de l'élimination des tarifs et de procédures administratives moins lourdes. L'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste donnera aussi un meilleur accès à certains marchés clés comme le Japon, le Vietnam, le Pérou ou le Chili.

La diversification géographique est d'autant plus importante que, selon plusieurs études, les entreprises qui développent de nouveaux marchés enregistrent la croissance la plus rapide en matière de revenus et de bénéfices.

EXPERT-INVITÉ
Pierre Cléroux est vice-président, Recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC).

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