Les entreprises doivent mieux répartir la richesse, affirme le patron de Desjardins

Publié le 01/10/2018 à 16:34

Les entreprises doivent mieux répartir la richesse, affirme le patron de Desjardins

Publié le 01/10/2018 à 16:34

Par François Normand

Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier (Source photo: Desjardins)

Les entreprises doivent mieux répartir la richesse afin de réduire les inégalités socio-économiques, alors qu’on assiste à «une sorte de ressac» partout dans le monde contre le libéralisme économique, les grandes entreprises et les gouvernements, affirme le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.

En entretien à Les Affaires en marge d’un discours qu’il prononce ce mardi 2 octobre devant la Chambre de commerce France-Canada (CCFC) à Paris, le patron de la coopérative déplore que la croissance économique depuis le début des années 1990 n’ait pas profité à tout le monde et qu’elle ait laissé des gens «sur le banc».

Et, à ses yeux, on ne peut pas s’attendre uniquement à ce que ce soit les gouvernements qui combattent les inégalités et qui répartissent mieux la richesse, et ce, avec une fiscalité plus progressive et de meilleurs programmes sociaux.

«Aujourd’hui, quand on regarde le résultat des 30 dernières années, les entreprises doivent se sentir encore plus interpellées par le partage de cette prospérité et pas seulement par la création de cette prospérité», dit Guy Cormier.

Dans son allocution, il rappellera que depuis 1980, le 1% d’individus les plus riches de la planète «ont profité deux fois» plus de la croissance économique que les 50% d’individus les plus pauvres.

Selon lui, cette situation représente «un danger pour l’équilibre de nos sociétés».

Car l’appauvrissement et la détresse provoquent une perte de confiance dans les institutions, en plus d’alimenter «la recherche de boucs émissaires et la montée en force de points de vue politiques extrêmes».

Que peuvent faire les entreprises dans ce contexte?

Guy Cormier affirme qu’elles peuvent mieux traiter leur personnel, offrir des avantages sociaux plus généreux et augmenter la rémunération de leurs employés.

Cela passe aussi par une implication accrue des entreprises dans leur communauté.

On parle ici des dons, des commandites, du respect de l’environnement, mais aussi de mesures pour stimuler l’économie localement, précise Guy Cormier.

«De notre côté, on a mis en place un fonds de 100 millions de dollars, dit-il. On a décidé de réduire nos excédents de 100 millions au cours des prochaines années pour retourner cela à des communautés au Québec et en Ontario dans des projets socio-économiques porteurs.»

Le patron de Desjardins estime que tout le monde a à gagner d’une réduction des inégalités.

D’une part, parce qu’une société plus égalitaire et plus «aidante» pour les personnes en difficulté est plus susceptible de donner confiance envers les institutions.

D’autre part, parce qu’une telle société renforce un sentiment généralisé de sécurité.

Enfin, parce qu’une société plus juste suscite l’engagement citoyen, encourage les jeunes à prendre leur place et à acquérir les compétences qui leur permettront de jouer un rôle actif dans la société.

 

 

 

 

 

 

 

 

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