Agroalimentaire: Les canards quittent le Québec... en toute saison !


Édition du 19 Juillet 2014

Agroalimentaire: Les canards quittent le Québec... en toute saison !


Édition du 19 Juillet 2014

Par Pierre Théroux

Alors que l’hiver s’éternisait au Québec au début avril, Anne Létourneau profitait des chauds rayons du soleil de la Floride. Mais la directrice générale d’Élevages Périgord, qui produit du canard à foie gras, n’était pas en vacances. Elle était de passage dans cet État américain, qui deviendra sous peu le troisième État le plus peuplé des États-Unis après la Californie et le Texas, pour y rencontrer des distributeurs et des clients potentiels.

En effet, si les ventes de foie gras et de canard sont en croissance aux États-Unis, ces produits y sont encore méconnus. « Comme au Québec il y a 20 ans, ça ne fait pas encore partie de la culture culinaire des Américains. Il faut leur faire découvrir les produits, faire des dégustations », souligne Mme Létourneau, qui s’apprêtait justement à rencontrer le propriétaire de deux magasins spécialisés de Miami au moment de notre entretien.

Il y a aussi un travail de sensibilisation à faire auprès des distributeurs de produits fins « qui ont déjà un portefeuille bien garni de produits de luxe comprenant le caviar, le saumon fumé et diverses charcuteries », précise-t-elle.

Créée en 1993 à Saint-Louis-de-Gonzague, en Montérégie, par la société française Excel, Élevages Périgord et sa gamme de produits Palme d’Or, est depuis l’automne dernier la propriété du groupe français Delpeyrat, qui compte accentuer sa présence aux États-Unis. En 1999, les États-Unis avaient appliqué une surtaxe de 100 % aux importations de foie gras français en conserve, rendant difficile l’accès au marché américain par les sociétés françaises. À moins qu’elles ne le produisent au Canada.

L’entreprise, qui produit foie gras, magrets et confits de canard, réalise de 15 à 20 % de ses ventes à l’exportation, principalement dans les États de l’est et de l’ouest des États-Unis. « Comme c’est un produit haut de gamme, nous ciblons les clientèles plus aisées », indique Mme Létourneau.

Peu présente dans le reste du Canada, l’entreprise souhaite aussi s’y implanter davantage. Là encore, « il faudra faire de l’éducation pour que les acheteurs puissent mieux connaître et apprécier les produits », souligne-t-elle.

Développer le goût

Il en aura aussi fallu du temps, beaucoup de temps, pour que les produits de Canards du Lac Brome se retrouvent sur la table des consommateurs du Québec et d’ailleurs. En effet, dès sa création en 1912 et jusqu’à la fin des années 1990, l’entreprise estrienne spécialisée dans l’élevage du canard de Pékin servait essentiellement les quartiers chinois de Montréal, de Toronto et de certaines villes américaines.

« Le canard est maintenant prisé d’une plus grande partie de la population », souligne Bruno Giuliani, vice-président, ventes et mise en marché, de Canards du Lac Brome, qui précise que les produits vendus au détail et au secteur de la restauration représentent maintenant 50 % du chiffre d’affaires.

Canards du Lac Brome a aussi misé sur la dégustation en magasin pour développer le goût des Québécois pour ses confits, poitrines et pâtés. L’entreprise s’efforce aussi de multiplier les nouveaux produits offerts aux consommateurs. « On vend des saucisses et on fait de nouvelles découpes, comme les tournedos, les rôtis de poitrine ou la côte de canard », explique M. Giuliani.

L’entreprise, qui emploie quelque 200 personnes, a doublé sa production à quelque 2,4 millions de canards depuis 2006. Ses revenus ont presque triplé pendant cette période, passant de 12 à 35 millions de dollars (M$), dont 12 % proviennent de l’exportation aux États-Unis (6 %) et en Asie (6 %).

« Nous desservons les marchés de la côte est américaine jusqu’à New York, qui se trouvent à un jour de livraison. Plus loin, les coûts de transport sont trop élevés », indique M. Giuliani.

L’entreprise, qui vend ses produits au Japon et à Singapour, fait la prospection d’autres marchés asiatiques comme Hong Kong et Taïwan. Comment l’entreprise québécoise a-t-elle réussi à faire sa marque en Asie malgré la forte concurrence des produits dans cette région du monde ?

« La qualité ! Nous offrons un produit haut de gamme nourri de grains de grande qualité », répond M. Giuliani. L’entreprise, qui a ses propres couvoirs et élève ses canards à l’intérieur, assure aussi une meilleure traçabilité et une plus grande sécurité alimentaire, ajoute-t-il.

L’entreprise lorgne aussi vers l’Ontario et l’Ouest canadien. « C’est un marché à développer, des produits à ancrer dans les habitudes de consommation, comme on l’a fait pour le Québec. » Le défi est moins grand pour la Colombie-Britannique, qui compte déjà sur une forte population asiatique et d’autres consommateurs ouverts à essayer de nouveaux produits.

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Dans cette série, nous vous faisons découvrir des marchés d'exportation prometteurs pour les produits du terroir et les efforts des entreprises pour percer ces marchés.

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