Le sirop d'érable du Vermont menace les exportations québécoises


Édition du 03 Mai 2014

Le sirop d'érable du Vermont menace les exportations québécoises


Édition du 03 Mai 2014

Photo: Sutterstock

Les Québécois ne sont pas les seuls à avoir du sirop d'érable dans les veines. Les habitants du Vermont aussi. Et depuis quelques années, leur commerce de ce nectar divin augmente. Au point où la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) - qui gère l'offre de sirop d'érable de façon à lui assurer un prix stable - a décidé de faire enquête.

«Il ne faut pas que nous perdions notre position de leader du marché mondial», s'inquiète Paul Rouillard, directeur général de la FPAQ qui vient de commander une étude à des chercheurs du Québec et des États-Unis afin d'obtenir un portrait plus précis de la situation aux États-Unis.

Le Canada produit grosso modo 80 % du sirop d'érable vendu dans le monde, soit environ 110 millions de livres par année. Et 90 % de ce sirop provient du Québec, où sont établis 13 500 acériculteurs. Les États-Unis, eux, produisent les 20 % restants, 25 millions de livres, qui proviennent du Vermont.

La production américaine est consommée aux États-Unis. Mais une grande partie de la production québécoise est exportée, et 65 % des exportations vont au sud de la frontière.

Si les Vermontois augmentent leur production de façon considérable, celle-ci risque de menacer les exportations québécoises aux États-Unis. «Il faut voir venir les choses», explique M. Rouillard.

Selon les statistiques du département américain de l'Agriculture, le nombre de livres de sirop d'érable produites aux États-Unis a plus que doublé depuis 2006, passant de 16 millions de livres à 35,9 millions de livres (par année). Pourquoi ? Comment ? Et où s'en va cette industrie ? C'est ce qu'on cherchera à comprendre, grâce à des données plus fiables que les statistiques américaines et à l'examen de tout l'écosystème de l'industrie acéricole (soutien gouvernemental, investissements, efforts de mise en marché, etc.).

La Fédération constate que le nombre d'entailles au Vermont a doublé jusqu'à maintenant, passant de 5 millions en 2006 à 10 millions en 2013, ce qui dénote une volonté certaine de développer l'industrie. En outre, des investissements importants ont été consentis dans l'industrialisation d'une pratique longtemps restée artisanale. «Les Vermontois sont en train de remplacer leurs chaudières à sirop par des tubes, ce que les Québécois ont commencé à faire voilà 20 ans, relate M. Rouillard. Ils veulent nous rattraper pour ce qui est de la productivité.»

Et ironiquement, s'ils peuvent le faire, c'est grâce à deux choses : le système québécois de gestion de l'offre, combiné à l'appréciation du dollar canadien face à la monnaie américaine. Le système de gestion de l'offre apporte de la stabilité aux prix et les maintient à un niveau relativement élevé. Par conséquent, les investisseurs américains ont la possibilité de prendre moins de risques, tandis que la force du huard permet aux producteurs du Vermont de dégager des marges de profit confortables. «Certains producteurs du Vermont que je rencontre ne se gênent pas, d'ailleurs, pour nous dire merci !» s'exclame Paul Rouillard. Sauf que, si la production américaine finit par inonder le marché, la gestion de l'offre québécoise sera elle aussi menacée. L'étude devrait être terminée en juillet.

4,5 M$ - Montant annuel, en millions de dollars, destiné à la promotion et à la R-D des marchés du sirop d'érable.
Source : Fédération des producteurs acéricoles du Québec

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