Le Québec va-t-il devenir une grande Résidence Soleil ?


Édition du 18 Janvier 2014

Le Québec va-t-il devenir une grande Résidence Soleil ?


Édition du 18 Janvier 2014

L'annonce a donné lieu à toutes sortes de commentaires, certains amusants, d'autres insultants, mais elle aurait dû nous porter à réfléchir sur ce qui nous guette collectivement.

L'hôtel Loews Le Concorde, situé sur la mythique Grande Allée, à Québec, sera donc transformé en Résidence Soleil, du Groupe Savoie, pour personnes âgées.

On se doutait bien que les jours de l'hôtel étaient comptés, mais le changement de vocation est pour le moins radical. Pas si étonnant que ça, dans les faits.

Le Québec vieillit, on l'a dit et redit. Sa capitale nationale, encore plus. D'après l'Institut de la statistique du Québec, la Ville de Québec comptait 78 175 personnes âgées de 65 ans et plus en 2006, soit 16 % de sa population ; en 2024, ils seront 140 315, c'est-à-dire 26 %. Plus d'un citoyen sur quatre ! Au Canada, Québec n'est pas perçue comme une ville de gens aux tempes grises pour rien.

Un phénomène hautement préoccupant

Ce n'est pas un désastre en soi. Au contraire, une ville qui compte beaucoup de citoyens âgés n'a plus besoin de fournir autant de services de proximité, de bibliothèques ou de patinoires. Le taux de criminalité baisse. Et ces gens, qui ont du temps, cherchent souvent à servir leur communauté d'une autre façon.

Mais pour l'ensemble d'une société, c'est hautement préoccupant. Et finalement coûteux. Tôt ou tard, l'autonomie diminue. Il faut des services d'appoint. Et même si on ne traite plus les septuagénaires de vieillards, parce que plusieurs d'entre eux gardent la forme, ils se retirent progressivement du développement de l'économie. Avec plus de gens en demande et moins de citoyens pour leur répondre, le Québec risque de se retrouver dans un étau démographique.

Le pire, c'est que nous recommençons à perdre de jeunes familles au profit des autres provinces. Le bilan de la migration interprovinciale retombe dans le rouge foncé.

Au cours des dernières décennies, le Québec n'a jamais connu d'année positive à cet égard. Le pire résultat est survenu en 1977, après l'élection du PQ, alors que le nombre de sortants surpassait celui des entrants de quelque 25 000. Il a par la suite radicalement baissé quand on a constaté que la terre continuait de tourner, mais il n'est revenu près de zéro qu'en 2003, quand la différence (toujours négative) n'a été que de 221. Il y a ensuite eu des hauts et des bas. Mais depuis 2009, l'écart est reparti à la hausse, à un point tel qu'on craint que 2013 ne se soit terminée avec le plus sombre bilan depuis 1998, lorsque le solde négatif avait été de 14 512.

Ce qui fait le plus mal, c'est que ce sont fort probablement des jeunes qui partent vers d'autres provinces. Quand vous vieillissez et que vous décidez de déménager, vous vous dirigez généralement vers le soleil et le Sud, pas vers l'Ontario ou l'Alberta !

Sauvé par l'immigration

Heureusement, notre bilan migratoire global demeure positif du fait des migrations internationales.

En 2012, le Québec a accueilli 55 050 immigrants, un record des temps modernes, tandis que 6 061 Québécois partaient pour l'étranger. Sans cet apport net, le niveau de population, ici, serait pratiquement stagnant.

Encore faut-il qu'ils demeurent ici, ces gens venus d'ailleurs, et qu'on s'organise pour les mettre à contribution. Ils représentent en grande majorité une main-d'oeuvre qualifiée : plus de 70 % d'entre eux sont des immigrants «économiques», sélectionnés pour leurs compétences. Les autres ont été principalement admis dans le cadre des programmes de réunification des familles. Les réfugiés complètent le portrait.

Mais la région de Québec, pour revenir à elle, peine à attirer et à conserver des citoyens venus d'autres pays. C'est un des facteurs qui pousse l'âge médian de sa population vers le haut. Il était de 43,5 ans en 2011, le plus élevé au Canada. En comparaison, à Montréal, il n'est que de 38,6 ans.

La différence ? Les immigrants choisissent encore, en grande majorité, de s'installer dans la métropole.

Au moins, Québec réussit maintenant à attirer d'autres Québécois du fait d'une économie plus forte et d'une réputation embellie. Ce renfort va ralentir la tendance au vieillissement, mais ne pourra l'inverser.

Nous ne nous en sortirons pas tout seuls, quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense. Au lieu de considérer l'«étranger» comme une menace, il va falloir comprendre que c'est avec lui que le Québec peut espérer se bâtir un avenir souriant.

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