Le Québec de retour dans la course à la voiture électrique

Publié le 19/07/2007 à 09:06

Le Québec de retour dans la course à la voiture électrique

Publié le 19/07/2007 à 09:06

Par lesaffaires.com
D'ici cinq ans, La Poste, de France, veut intégrer plus de 10 000 fourgonnettes électriques à son parc. Et les véhicules de la société d'État ont de fortes chances d'être propulsés par des moteurs ou des batteries fabriqués à Boucherville ! La Poste a lancé ce printemps le plus important appel d'offres jamais organisé pour ce genre de véhicules. La première commande : un " échantillon " de 500 fourgonnettes. TM4, une entreprise détenue majoritairement par Hydro-Québec, jubile. Ses chances sont bonnes de fabriquer les moteurs électriques. Bathium Canada, quant à elle, pourrait être mise à contribution pour concevoir les batteries des véhicules électriques de La Poste. TM4 et la Cleanova Sept entreprises participent à la course pour fabriquer les véhicules de la poste française. La plupart sont de grands constructeurs d'automobiles. Mais les voitures électriques, ils n'y connaissent pas grand-chose : ils doivent donc acheter des systèmes conçus à l'externe pour les mettre sous leurs carrosseries. Deux des soumissionnaires ont envoyé à La Poste des propositions basées sur le système Cleanova, qui utilise les moteurs électriques de TM4 fabriqués à Boucherville." Nous nous préparons à produire nos moteurs en série", dit Élie Saheb, vice-président principal du groupe Technologie d'Hydro-Québec, qui contrôle TM4. La Poste veut recevoir ses premières voitures dès 2008, puis 10 000 autres du même fournisseur d'ici 2012, si elles conviennent. De ce côté-ci de l'Atlantique, les retombées peuvent être considérables. Car si TM4 doit fournir autant de moteurs, elle devra construire une nouvelle usine. Officiellement, l'entreprise de Boucherville refuse de donner des précisions à ce sujet, mais un employé bien au fait du dossier affirme que TM4 pourrait annoncer dès l'automne la construction de nouvelles installations au Québec. Des prototypes satisfaisants Le système Cleanova, conçu en France par la Société de Véhicules électriques (SVE), démarre avec une longueur d'avance. La SVE a déjà fourni une trentaine de prototypes à la Ville de Monaco et à six grandes organisations françaises. Huit d'entre eux ont atterri à La Poste, qui a jugé que les petites fourgonnettes, dotées de tout l'espace nécessaire pour ranger colis et lettres, conviennent très bien à son parc automobile. Les véhicules Cleanova ont aussi fait leur entrée chez Hydro-Québec. Depuis un an, la société d'État en a intégré deux à son parc; trois autres suivront dans les prochains mois. Dans son évaluation de la technologie, La Poste française ne tarit pas d'éloges." Le véhicule est très bien perçu par les facteurs, en termes de bruit et de stress notamment, a déclaré aux médias Jean-Paul Bailly, président de la société. Les coûts d'entretien et l'usure sont moins importants; le taux de panne, très limité." Avec l'usage qu'en font les facteurs français, l'autonomie des véhicules, qui est de 120 km, est suffisante. Et sur l'autoroute, la Cleanova peut rouler à plus de 100 km/h. À la SVE, on bombe déjà le torse." Nous avons l'avance technologique et commerciale. Nous sommes déjà dans le domaine depuis cinq ans", lance Damien Crespel, directeur, développement des affaires. Et si la technologie n'est pas retenue par La Poste, la mise en productioin du moteur TM4 pourrait quand même débuter bientôt. L'entreprise de Boucherville discute avec des constructeurs automobiles, notamment européens, pour fournir des moteurs destinés à des voitures hybrides. De surcroît, la SVE veut produire ses Cleanova à grande échelle, peu importe le choix de La Poste. Ce n'est qu'une question de temps, soutient M. Crespel. L'ancienne Avestor et la BlueCar Une autre proposition faite à La Poste prévoit l'alimentation des véhicules avec les batteries de Bathium Canada, une autre société installée à Boucherville, sur la Rive Sud de Montréal. Bathium est née au printemps dernier, quand le géant industriel français Bolloré a acquis les brevets et l'usine d'Avestor. Détenu à moitié par Hydro-Québec, l'ancien fabricant de batteries a été placé sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité l'an dernier. Bolloré a flairé l'aubaine. Pour 12 millions de dollars, le groupe français a racheté les actifs d'Avestor. Le milliardaire Vincent Bolloré veut, lui, faire fabriquer des batteries pour équiper les 500 autos électriques BlueCar qu'il compte produire dans les 18 prochains mois, en partenariat avec un constructeur automobile. Contrat avec La Poste ou non. Bolloré a d'ailleurs annoncé la construction d'une usine de 200 millions d'euros (290 millions de dollars canadiens) en Bretagne pour équiper les BlueCar. Mais l'usine ne sera prête qu'en 2009. La production des premières batteries à l'échelle industrielle se fera donc à Boucherville dès l'an prochain, assure Jean-Marc Métais, président du conseil d'administration de Bathium. Acheter la concurrence Bolloré lorgnait Avestor depuis 1994, année de sa fondation par Hydro-Québec pour développer ses batteries. La française est donc finalement parvenue à acheter sa seule concurrente. Les deux sociétés étaient les seules au monde à utiliser la technologie au lithium-métal-polymère (LMP) plutôt que le lithium-ion, privilégié par la plupart des fabricants. Batscap a plusieurs fois tenté d'acheter des brevets d'Avestor." Malheureusement, jusqu'à l'an dernier, nos approches n'avaient rien donné", dit Jean-Marc Métais. Selon lui, le mariage technologique facilitera la production en série d'une batterie capable d'assurer une autonomie record de 250 kilomètres à la BlueCar tout électrique. Mais l'usine de Bathium doit d'abord être convertie pour produire de grosses batteries pour les voitures. Avestor, elle, avait abandonné le marché de l'auto et n'y fabriquait que de petites unités pour les appareils de télécommunication. Bolloré a envoyé à Boucherville le cerveau de son programme de batteries, Jean-Luc Monfort, ancien directeur technique de Batscap." Il faut concevoir de nouveau le produit et, en grande partie, l'équipement", dit-il. Les batteries pour véhicules seront environ dix fois plus grosses et plus puissantes que le produit d'Avestor. Mais les travaux progressent rapidement." La production pourra reprendre assez vite", dit M. Monfort. Des prototypes sont déjà en période de test. Une cinquantaine d'employés ont été réembauchés : c'est presque tout le personnel qu'Avestor consacrait à la recherche et au développement. Quand la production démarrera pour de bon, l'an prochain, Bathium embauchera plus de travailleurs, selon la société. M. Monfort refuse cependant de préciser combien d'employés pourraient être requis." Ça dépendra du niveau de production, dit-il. Aujourd'hui, tout est envisageable." Même l'échec, ajoutent les pessimistes. Après tout, les promesses de révolution industrielle que laissaient miroiter le moteur-roue de TM4 et la batterie d'Avestor se sont avérées vaines. Mais cette fois-ci, disent les Français, c'est la bonne. Et le Québec est plus que jamais dans la course. Ce texte est tiré du journal Les Affaires du 21 juillet 2007."

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