Le jeu - et les enjeux - d'être «aussi Canadien que possible dans les circonstances»


Édition du 28 Janvier 2017

Le jeu - et les enjeux - d'être «aussi Canadien que possible dans les circonstances»


Édition du 28 Janvier 2017

Par Laura O'Laughlin

[Photo : Shutterstock]

Il y a dix ans, CBC a organisé un concours visant à choisir une devise pour le Canada. Le résultat hilarant était, en anglais, «As Canadian as possible under the circumstances», qui se traduit en français par «Aussi Canadien que l'on puisse être dans les circonstances.» Dix ans après ce concours, dans un monde caractérisé par un protectionnisme croissant et la fermeture des frontières, que signifie «être aussi Canadien que l'on puisse être», compte tenu des perspectives économiques et de l'arrivée d'un nouvel occupant à la Maison Blanche ?

La théorie des jeux économiques peut aider à répondre à la question. Supposons que le Canada et les États-Unis soient des partenaires commerciaux égaux et que les deux pays échangent entre eux différents biens et services. Selon la position adoptée par l'un et par l'autre, les gains diffèrent (voir le tableau 1). Dans cet exemple, le Canada et les États-Unis jouent un jeu de «dilemmes de prisonniers» - où la stratégie dominante de chaque pays est de s'engager dans une politique protectionniste - même si ensemble, les deux pays seraient mieux placés dans une politique globaliste.

Comment pouvons-nous savoir quelle est la stratégie dominante de chaque pays ? En comparant les gains du Canada dans le cadre d'une politique mondialiste (10 + -1 = 9) à ceux attendus d'une politique protectionniste (15 + 2 = 17). On conclut que la stratégie dominante de chaque pays est de s'engager dans le protectionnisme.

Toutefois, dans la réalité, les pays ne sont pas exactement sur un pied d'égalité. Le jeu économique ressemble plutôt au tableau 2, où on voit que peu importe la stratégie des États-Unis, le Canada gagne toujours à suivre une politique de mondialisation. Voilà qui simplifie les choses pour les Canadiens ! Même si nous pouvons nous attendre à ce que les États-Unis s'engagent dans une politique plus protectionniste (gains totaux de 17, comparativement à 9 en cas de mondialisme), les limites de nos options sont néanmoins libératrices.

En 2017 et après, il n'y a tout simplement pas moyen pour le Canada de «gagner» en s'engageant dans des guerres commerciales distrayantes basées sur l'économie d'hier. «Être aussi Canadien que possible dans les circonstances» pourrait être de contourner complètement la guerre commerciale et de se concentrer sur les industries en croissance et les emplois qui pointent vers un avenir automatisé et sans carbone. Nous pouvons espérer avec patience (comme les Canadiens ont l'habitude de le faire) que nous pourrons négocier avec les États-Unis et demeurer dans des conditions assez inchangées. Et laisser les États-Unis se chicaner avec ses autres partenaires commerciaux au sujet d'industries et d'emplois d'hier.

Canada en fête

Entre-temps, utilisons le 150e anniversaire du Canada et le 375e anniversaire de Montréal pour faire preuve de politesse, mais aussi de persévérance, en tirant parti de la domination canadienne (et québécoise) dans l'enseignement des mathématiques et des sciences. Il faut redoubler d'efforts et miser énormément sur l'éducation pour se garantir une place dans un système économique où la créativité, les données, et l'intelligence scientifique détermineront la position concurrentielle de notre économie. Le chemin vers l'avant est assez simple, si seulement nous avons l'imagination de nous y tenir.

Si vous deviez retenir une chose de cette chronique, ce serait la suivante : la théorie des jeux nous montre clairement que notre temps et nos ressources sont mieux dépensés ailleurs que dans un bras de fer commercial et qu'il est inutile de se fâcher devant les discours Twitter d'un intimidateur-en-chef à la Maison Blanche.

 

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