Toutes écolos ! Pour être dans le coup, les entreprises n'ont plus que les mots "développement durable" à la bouche, et elles le font savoir à grands coups de communiqués. Quelques exemples recueillis un banal jeudi d'avril ? Wal-Mart Canada dévoilait sa stratégie dite " ÉcoLogique ", qui consiste notamment à inciter ses fournisseurs à tenir davantage compte de l'écologie. Le fabricant de panneaux de bois reconstitués Uniboard lançait son tout premier produit vert, le Nu Green. Le producteur de papier Domtar concluait une entente avec l'organisme environnemental WWF-Canada pour mieux préserver la forêt boréale. Entente similaire entre le magazine américain Time et la forestière finlandaise UPM pour la préservation de la biodiversité des forêts canadiennes. Et Loto-Québec, de son côté, divulguait les détails de sa nouvelle politique de développement durable. Une nécessité économique Le développement durable n'est-il qu'une mode ?" Ce n'est pas une mode, mais une lame de fond", dit Jean-Jacques Stréliski, vice-président, directeur de la planification stratégique et créative, de Publicis Montréal." Les entreprises n'ont plus d'autre choix que de faire du développement durable, car c'est ce que veulent les consommateurs. Ne pas changer les mènerait à la catastrophe." Groupe Cascades fait figure de pionnier en matière de développement durable. Depuis une quarantaine d'années, l'entreprise spécialisée dans les produits d'emballage et de papiers domestiques se soucie de combiner social, environnement et croissance économique." On ne fait pas ça par esprit écologique, mais par nécessité économique", dit Léon Marineau, vice-président, environnement, de Cascades. La plus récente campagne marketing de l'entreprise fait la promotion d'une nouvelle technologie, Bioxo, qui permet de décomposer en moins de trois ans le polystyrène traditionnel :" Cette révolution n'aura aucun effet sur votre vie, peut-on lire en pleine page des quotidiens. Mais elle pourrait changer la vie de vos enfants"... Comment résister ? Le même polystyrène est au coeur de la stratégie de la chaîne de restaurants St-Hubert. Elle a décidé, en avril, de remplacer ses emballages en styromousse par des récipients en polystyrène biodégradable. Et la chaîne de restaurants a banni le tabac dans l'ensemble de ses établissements en mai 2005, un an avant l'interdiction de fumer dans tous les lieux publics au Québec." Depuis cinq ans, on sent une volonté réelle de la part des entreprises de s'engager dans le social et l'environnement", dit Leslie Quinton, vice-présidente de Massy-Forget, qui a assuré les relations publiques du Jour de la Terre au Québec, événement auquel ont notamment participé Air Liquide, Alcoa, Cascades, Desjardins et Quebecor." Poussées par la concurrence, elles veulent se démarquer en devenant plus responsables." À double tranchant Mais une stratégie de marketing vert est à double tranchant." Un jour, une multinationale nous a demandé de lui donner une image verte, parce que c'était tendance, raconte Leslie Quinton. On lui a poliment expliqué qu'il était impossible de se donner une image sans contenu derrière." En fait, mieux valait pour cette multinationale ne pas se lancer dans une telle opération de maquillage. Car aujourd'hui, les consommateurs sont prompts à dénoncer les falsificateurs, notamment au moyen d'Internet et des blogues." Impossible maintenant de bluffer tout le monde, le moindre petit mensonge est révélé par des communautés d'internautes, dont l'influence est grandissante", souligne M. Stréliski. Aux États-Unis, General Motors en a fait récemment les frais. Le constructeur automobile a ouvert aux internautes un site sur lequel ils pouvaient mettre en ligne la publicité qu'ils avaient conçue pour la Chevy Tahoe 2007. Résultat : une avalanche de pubs anti-véhicules utilitaires sport, des véhicules considérés comme dommageables pour l'environnement. GM a dû rapidement mettre fin au concours interactif... Cela dit, miser sur le développement durable est devenu incontournable aujourd'hui." Conséquence : les entreprises vont devoir devenir de plus en plus transparentes, si elles veulent continuer de plaire aux consommateurs et aux investisseurs", ajoute Cécile Masson, conseillère principale chez Massy-Forget."