Le coronavirus pourrait influencer l'économie comme le SRAS en 2003

Publié le 23/01/2020 à 13:57

Le coronavirus pourrait influencer l'économie comme le SRAS en 2003

Publié le 23/01/2020 à 13:57

Par La Presse Canadienne

(Photo: Kin Cheung/ La Presse canadienne)

Au-delà des inquiétudes strictement médicales, le nouveau coronavirus apparu en Chine soulève des préoccupations sur le coût économique potentiel d’une épidémie mondiale — comme on l’avait vu avec le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) il y a 17 ans.

Les autorités cherchent à éviter une répétition de la propagation du SRAS, qui avait coûté à l’économie canadienne environ 4 milliards $ US en 2003.

« Le coût pour l’économie mondiale peut être assez colossal, en termes de PIB négatif, si cette épidémie atteint des proportions épidémiques, car jusqu’à cette semaine, les marchés sous-estimaient le potentiel de propagation de la grippe », écrit dans un rapport Stephen Innes, stratège en chef pour l’Asie auprès de la firme de services financiers AxiCorp.

L’industrie du voyage a déjà commencé à ressentir les contrecoups de cette éclosion, alors que les titres de quatre compagnies aériennes nord-américaines qui desservent la Chine, dont Air Canada, ont chuté mardi en Bourse, dans un climat d’anxiété grandissante face à l’infection virale. Aucune de ces compagnies aériennes n’atterrit à Wuhan, foyer d’origine de l’infection, mais leurs partenaires chinoises le font, et certains passagers passent d’un transporteur chinois à un transporteur canadien.

Les actions des trois plus grands croisiéristes américains ont également chuté; le titre de Royal Caribbean Cruises, qui jouit d’une forte présence chinoise, a perdu plus de 4 % cette semaine.

L’analyste Chris Murray, d’AltaCorp Capital, a rappelé la nervosité des investisseurs face aux titres du secteur touristique après l’éclosion de SRAS en 2002-2003, puis de la grippe H1N1 en 2009 et du virus Ebola en 2014. « Ces épidémies à plus grande échelle peuvent avoir un impact à court terme plus prononcé, rappelle-t-il. Cependant, dans les trois cas, le cours des actions s’est redressé assez rapidement, en quelques mois, une fois que l’on a mieux compris l’ampleur et la gravité de la propagation. »

L’ampleur de l’épidémie à ce jour est en tous cas bien moindre que celle du SRAS, un virus de la même famille que le coronavirus qui s’était propagé en 2002-2003 de la Chine à une trentaine de pays, dont le Canada — essentiellement dans la grande région de Toronto. Le SRAS avait infecté plus de 8000 personnes dans le monde, tuant près de 800 malades, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La maladie avait infecté environ 438 Canadiens et fait 44 morts dans la région de Toronto.

Le SRAS a coûté 4 milliards $ US au pays et environ 28 000 emplois, selon un rapport de 2014 du professeur Kai Ostwald, de l’École des politiques publiques et des affaires mondiales à l’Université de la Colombie-Britannique. Ces coûts sont attribuables en grande partie à des changements, motivés par la peur, dans le comportement des consommateurs plutôt qu’à des frais médicaux plus élevés, a estimé le professeur Ostwald. « Les gens ont considérablement réduit les activités qui les mettaient à proximité des autres — pas seulement l’avion ou les restaurants, mais aussi le boulot ou l’école. »

Selon la Commission canadienne du tourisme, les hôtels du Grand Toronto, où l’épidémie canadienne a été concentrée, ont perdu environ 39 millions $ de revenus en avril 2003 seulement. Selon le Conference Board du Canada, des volumes de trafic plus faibles à l’aéroport Pearson de Toronto ont entraîné des pertes de 220 millions $. Plus de 800 visites guidées en autocars ont été annulées à la fin d’avril — lorsque l’OMS a diffusé un avis de voyage d’une semaine pour Toronto —, avec une perte pouvant atteindre 6 millions $.

Air Canada a refusé de spéculer sur l’impact potentiel du coronavirus sur ses activités. Dans les rapports financiers de 2003, le transporteur indiquait que les revenus provenant des passagers avaient diminué en partie en raison de la baisse de la demande de voyages résultant de la crise du SRAS, en particulier sur le marché du Pacifique.

Chang Hoon Oh, professeur de commerce à l’Université Simon Fraser, a mis en garde contre toute réaction alarmiste à une épidémie relativement petite. Les autorités canadiennes sont maintenant mieux préparées aux virus de type SRAS, a-t-il rappelé. Mais il souligne également que le nombre de visiteurs chinois au Canada a augmenté depuis — il a été multiplié par 10 depuis 2000, pour atteindre 757 000 voyageurs en 2018, selon Statistique Canada.

 

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