Daniel Lamarre. (Photo: Bloomberg)
Racheté l'an dernier par des intérêts chinois et américain, le Cirque du Soleil a entrepris des «transformations majeures», critiquées en interne, qui doivent lui permettre de s'imposer à Broadway et en Chine.
Le géant du divertissement, fondé au Québec en 1984, a été acquis au printemps dernier pour 1,5 milliard de dollars par le fonds d'investissement américain TPG et le groupe chinois Fosun, détenteur du Club Med.
Le fondateur, l'ex-saltimbanque canadien Guy Laliberté, a gardé 10% du capital de la troupe, détenue désormais à 70% par TPG et 20% par Fosun.
Les premières manifestations de cette reprise en main ont été annoncées en début de semaine par le PDG du Cirque, Daniel Lamarre. Dans une lettre adressée aux quelque 4 400 employés, le dirigeant québécois a averti que «des transformations majeures à la structure corporative» étaient en cours.
«Moins à l'aise avec le nouveau contexte», selon M. Lamarre, deux dirigeants historiques de l'entreprise ont jeté l'éponge, le directeur général Charles Décarie et le directeur financier Éric Marceau.
«Il est normal quand il y a des changements de propriété que des ajustements soient faits», a expliqué à l'AFP Daniel Lamarre.
Ces départs ont suscité «un gros malaise à l'interne chez les cadres et chez les employés» qui ne se retrouvent pas dans la nouvelle orientation prônée par la direction, a rapporté Radio-Canada, citant des sources dans l'entreprise.
En particulier, le remplacement de M. Décarie par l'avocat d'affaires Jonathan Tétrault, davantage spécialiste de la finance que du spectacle, inquiète les artistes. «Le Cirque a toujours été en équilibre entre les affaires et la création, mais là, tout est axé sur le mercantile», a confié un salarié à Radio-Canada.
«Le Cirque du Soleil n'a pas atteint sa réputation grâce à son administration», rétorque M. Lamarre.
«Avatar» à la conquête de la Chine
Preuve que les nouveaux propriétaires du Cirque «l'ont racheté pour le faire croître», la masse salariale du Cirque a progressé de 10% depuis la transaction, remarque M. Lamarre.
Des mauvaises performances avaient entraîné le licenciement d'un millier de personnes dans les mois précédents la reprise de l'entreprise, du jamais vu dans l'histoire de la troupe québécoise.
Avec un nouveau spectacle dévoilé en avril à Montréal, et un autre lancé à Broadway le 25 mai, «On est dans un mode où c'est plein gaz au niveau de la création et de la production», se félicite le PDG.
Avec «Par Amour», le Cirque du Soleil fera ainsi ses débuts à Broadway, le célèbre quartier des spectacles de New York.
Mais c'est surtout le marché chinois que lorgne l'entreprise. «On est en train d'ouvrir un bureau à Shanghaï, la Chine devient un marché prioritaire pour nous», dit M. Lamarre.
La Chine cultive une tradition, fort ancienne, de cirque acrobatique. Le marché n'en est donc que plus difficile à conquérir.
Inspiré du film «Avatar» de James Cameron, le nouveau spectacle «Toruk» a attiré une foule record à Noël à Montréal, et doit permettre au Cirque de partir à la conquête de l'Empire du milieu dès 2017.
«Le film Avatar a connu un succès fulgurant en Chine et on pense que c'est le bon spectacle pour établir la marque du Cirque du Soleil en Chine», indique M. Lamarre.
«Par la suite, on a quatre/cinq spectacles en développement, et j'espère que d'ici cinq ans on aura une présence permanente de deux ou trois nouveaux spectacles là-bas», poursuit le PDG, décidé à permettre au Cirque du Soleil de «franchir toutes les cultures et tous les marchés».
