Le canari dans la mine de charbon

Publié le 17/02/2010 à 16:11

Le canari dans la mine de charbon

Publié le 17/02/2010 à 16:11

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Nouriel Roubini, le professeur d’économie de l’Université Columbia, compare la Grèce à un « canari dans une mine de charbon » pour la zone euro. Roubini avait prédit la dernière crise financière avant qu’elle ne ses produise. On ne l’a pas crû. On aurait dû.

L’expression « un canari dans une mise de charbon » fait référence à une ancienne pratique de mineurs qui apportaient des canaris dans les mines de charbon. Lorsque les canaris arrêtaient de chanter, cela signifiait qu’ils avaient détecté une fuite de gaz et qu’il fallait alors évacuer sur le champ, avant qu’une explosion ne se produise.

En utilisant cette métaphore, Rourini veut démontrer que la situation de la Grèce est l’indicateur d’une crise d’une bien plus grande ampleur qui pourrait résulter de l’endettement excessif de nombreux pays européens, alors même que la reprise économique se fait attendre en Europe.

Est-il besoin de préciser que le produit intérieur brut de la zone euro n’a augmenté que de 0,1 % au dernier trimestre de 2009, par rapport au précédent ? Pas fort comme reprise !

Le signal envoyé par le canari grec, selon Roubini, c’est de liquider les obligations libellées en euros, car l’inflation et les taux d’intérêt élevés qui s’en viennent vont faire perdre de la valeur à ces titres. Bien entendu, cet impact se ferait sentir sur la valeur de l’euro lui-même, ce qui mettra l’union européenne dans une situation difficile.

Marchés confiants

Malgré les protestations de plus en plus importantes dans les rues d’Athènes et l’incertitude quant à l’aide que pourraient apporter l’Allemagne et la France, les marchés font encore confiance à la possibilité que le gouvernement grec réussisse à remettre en ordre ses finances.

On peut en douter, car ce gouvernement a exposé son incompétence à la face du monde en laissant se détériorer gravement son économie et en camouflant au moins la moitié de ses déficits budgétaires depuis 2001 (depuis que la Grèce est entrée dans la zone euro) grâce à des artifices comptables et des produits financiers sophistiqués imaginés par Goldman Sachs. Impressionnant n’est-ce pas !

Il faut aussi savoir que la débandade économique de la Grèce n’est pas due à une crise bancaire, comme en ont subi plusieurs autres pays européens. C’est une crise économique résultant surtout de la mauvaise gestion du gouvernement, qui dépense trop et qui a permis à la population de vivre au-dessus de ses moyens. Ce ne sera pas une mince tâche de faire marche arrière. Les Grecs disent que tout cela est la faute du gouvernement. Pas question de se serrer la ceinture.

Remplacer l’euro par quoi ?

C’est bien de dire de vendre les obligations libellées en euros, mais cela veut dire les remplacer. Mais les remplacer par quelques titres ? Et dans quelle monnaie ?

La Livre sterling ? Ce n’est pas évident, car le gouvernement du Royaume-Uni est aussi dans une situation financière difficile et qu’il devra emprunter massivement pour financer ses déficits.

Le dollar US ? Malgré le déficit énorme du gouvernement américain, le dollar américain paraît encore plus sûr que d’autres devises à cause de la force de l’économie des États-Unis et qu’il s’y manifeste une certaine reprise, notamment du côté de la production industrielle.

En somme, la situation financière américaine étant loin d’être rassurante, c’est par défaut que le dollar US demeure une monnaie de réserve.

La Chine a réduit en décembre son encours de dollars US de 34 milliards de dollars (GS), le portant à 755 G$, juste derrière l’encours de titres gouvernementaux US détenus par le Japon, qui était de 769 G$ à la fin de décembre. Plusieurs autres pays ont accru leurs encours de dollars US en décembre. La Chine n’a aucun intérêt à laisse tomber le dollar US et elle ne le fera pas.

Dollars canadien et australien

Il reste les dollars australien et canadien, dont les économies reposent largement sur les ressources, mais ils ne sont pas des monnaies de réserves, à cause leur trop faible encours sur les marchés financiers internationaux. Toutefois, le Canada et l’Australie n’auront pas de difficulté à vendre des obligations gouvernementales à l’étranger.

Il y a aussi l’or et l’argent, mais leur prix a déjà beaucoup progressé. Ils demeurent des placements spéculatifs, qui ne rapportent évidemment aucun revenu. Ils ne peuvent donc pas être des substituts importants pour le dollar US, malgré les difficultés de l’économie américaine.

 

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