"C'est un premier pas encourageant, mais le plan Baird ne permettra pas au Canada de respecter sa cible de Kyoto. On pourrait se retrouver avec des émissions canadiennes à un sommet historique en 2012 plutôt qu'au niveau prévu dans le protocole de Kyoto", affirme Yvo de Boer, secrétaire-exécutif de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), de passage à Montréal mercredi, à l'invitation du Conseil des relations internationales de Montréal.
La marche est effectivement haute : les émissions du Canada sont supérieures de 26 % au niveau de 1990, même si sa cible légalement contraignante est de – 6 % sous 1990.M. de Boer a proposé une analogie tirée de sa vie personnelle pour illustrer les choix auxquels fait face la communauté de Kyoto en ce qui a trait au Canada : "Mon fils éprouve actuellement des difficultés importantes à l'école, il se pourrait qu'il doive recommencer son année scolaire. Est-ce que je dois le traiter de "loser" et lui dire de quitter l'école, ou l'encourager à travailler encore plus fort ? Je préfère la deuxième option.", a-t-il précisé.
M. de Boer a souligné à plusieurs reprises la nature de l'économie canadienne comme facteur atténuant :"85 % de votre économie est liée aux États-Unis. Ce que le Canada peut faire en matière de changements climatiques dépend donc largement de l'engagement des États-Unis". Il a également précisé que la situation dans laquelle se trouve actuellement le Canada" n'est pas seulement attribuable aux actions des 17 derniers mois, mais surtout à ce qui n'a pas été fait depuis 17 ans", un écho aux critiques conservatrices du bilan des libéraux en matière de changements climatiques.
Le Secrétaire-général a toutefois précisé que plusieurs pays dont les émissions dépassent largement leur cible sont plus actifs que le Canada : "Un nombre de pays, y compris au sein de l'Union européenne, sont actuellement loin de leurs engagements sous Kyoto. Mais ceux-ci ne disent pas que leur cible est "inatteignable", a indiqué M. de Boer, qui a cité l'Espagne et l'Irlande en exemples."Les Pays-Bas, mon pays, a par exemple l'intention d'atteindre la moitié de son objectif par des réductions externes", en achetant des crédits d'émissions et en finançant des projets dans les pays en développement, a spécifié M. de Boer.
M. de Boer a également précisé que, malgré la mauvaise performance du Canada, le pays a choisi de ne pas se retirer du protocole, comme l'ont fait les États-Unis, qui n'ont pas ratifié Kyoto, un accord qu'ils ont pourtant directement contribué à développer : "Le Canada a une très bonne réputation sur la scène internationale, et c'est très important pour moi que le Canada soit toujours engagé dans le processus de Kyoto".
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Secrétariat de la CCCNUCC