Du point de vue du Royaume-Uni, Mark Carney lance déjà des messages codés quant à la façon dont il entend diriger la Banque d'Angleterre lorsqu'il deviendra le premier ressortissant étranger à la tête de l'institution.
Quand le gouverneur de la Banque du Canada se présentera jeudi devant le comité de sélection du Trésor britannique, une autre première, les députés auront donc plusieurs questions à lui poser, dans le cadre de ce qui sera en quelque sorte une entrevue d'embauche de deux heures.
Au sommet de la liste, selon certains députés, figure l'allocution prononcée par M. Carney à Toronto, en décembre, alors qu'il s'est interrogé sur la possibilité de lier la politique monétaire, donc l'établissement des taux d'intérêt et les mesures inhabituelles d'assouplissement, à la croissance économique lors de périodes "exceptionnelles".
À peine remarqué au Canada, ce commentaire a provoqué des vagues au Royaume-Uni, compte tenu de la situation économique incertaine et de la politique monétaire en vigueur.
Même les propos innocents tenus le mois dernier au sujet de la gestion d'équipe favorisée par M. Carney ont été disséqués par le quotidien londonien Daily Telegraph, qui y a vu la volonté de M. Carney de se distancer de l'actuel gouverneur de la Banque d'Angleterre, Sir Mervyn King, alors critiqué car jugé trop puissant.
La question est cruciale, a affirmé John Thurso, député libéral démocrate et membre du comité, car la Banque d'Angleterre assumera de nouvelles responsabilités en matière de réglementation des institutions financières, ce qui fera de M. Carney le gouverneur le plus puissant des 319 ans d'histoire de la banque centrale britannique.
En outre, M. Carney devra certainement répondre à certaines questions sur ses demandes spéciales, dont celle d'un mandat d'une durée de cinq ans, au lieu des huit années habituelles, et de la rémunération estimée à 1,3 million $ par année qui en fera le gouverneur d'une banque centrale le mieux payé au monde.
Mark Carney doit prendre ses nouvelles fonctions le 1er juillet.
