A lors que la concurrence internationale est plus vive que jamais, il est inacceptable que le Canada ait pris du retard en recherche scientifique.
Tel est le constat de «L'examen du soutien fédéral aux sciences», un rapport de 300 pages d'un groupe d'experts présidé par David Naylor, ex-président de l'Université de Toronto. Ce comité avait été créé par la ministre fédérale des Sciences, Kirsty Duncan.
Cet examen était nécessaire. Non seulement le Canada recule sur le plan de la recherche et développement (R et D) comparativement à plusieurs autres pays, mais on a négligé de revoir cet écosystème, qu'il s'agisse des résultats obtenus, des stratégies, du financement des programmes, de la gouvernance ou de l'évaluation des organismes financeurs.
D'abord, quelques chiffres : les dépenses intérieures brutes de R et D au Canada en proportion de son PIB ont diminué au cours des 15 dernières années, si bien que nous ne faisons plus partie des 30 premiers pays à ce titre. Par contre, le Canada est au 7e rang des 35 pays de l'OCDE pour la R et D faite dans les universités (1er au sein du G7). En 2015, le fédéral n'a contribué que pour 23 % aux coûts de la recherche accomplie dans les universités. De 2006-2007 à 2013-2014, le financement des chercheurs indépendants dans les universités a baissé de 35 %. En 2013, le Canada se classait au 22e rang pour le taux de diplomation au niveau doctoral parmi l'ensemble de ses diplômés universitaires.
Quatre organismes à renforcer
L'écosystème fédéral de la recherche scientifique repose sur trois conseils de recherche : sciences naturelles et génie (CRSNG), sciences de la santé (IRSC), sciences sociales et humaines (CRSH). Il repose aussi sur la Fondation canadienne pour l'innovation (FIC). Or, la gouvernance de ces organismes, l'évaluation des résultats et la supervision des programmes ont été négligées depuis de nombreuses années. Il existe un organisme de consultation externe chargé de les surveiller, mais il n'a aucun pouvoir pour faire une évaluation indépendante. On suggère de remédier à ce manque d'encadrement en créant un poste de scientifique en chef, qui coordonnerait les stratégies de recherche, et en constituant un conseil consultatif national indépendant sur la recherche et l'innovation, qui superviserait les systèmes de R et D du Canada.
Approche plus systémique
Parmi les pistes d'amélioration de l'écosystème de recherche, on fait valoir avec raison la nécessité de travailler davantage en partenariat avec l'étranger, de faire plus de recherche multidisciplinaire, de prendre plus de risques avec certains projets et d'accroître le nombre de chaires de recherche et de bourses, pour lesquelles les budgets n'ont pas augmenté depuis 2007 malgré une hausse du nombre d'étudiants.
Il faut souhaiter que l'excellent diagnostic du rapport Naylor et les propositions qu'on y trouve amènent le gouvernement canadien à réviser ses stratégies à l'égard de la science et à accroître son financement. Le rapport propose d'augmenter en quatre ans le financement fédéral de 3,5 à 4,8 milliards de dollars par année (0,4 % du PIB).
En attendant sa nouvelle politique scientifique, le fédéral a débloqué 117 millions de dollars (M $) sur huit ans pour créer 25 chaires de recherche et 221 M $ sur cinq ans pour l'excellent programme de bourses de recherche MITACS, qui devrait financer 10 000 stages en entreprise par année (en hausse de 3 750) d'étudiants à la maîtrise ou au doctorat. Il a aussi annoncé 125 M $ en soutien pour l'intelligence artificielle, un secteur auquel le Québec consacrera 100 M $. Cette annonce, à l'instar des crédits de 40 M $ à Génome Québec, précède la stratégie de recherche et d'innovation promise par la ministre Dominique Anglade. Bref, de bonnes nouvelles sont à venir d'Ottawa et de Québec, en espérant que le financement suivra.
Plus de chercheurs étrangers
Il faut souhaiter que les 25 nouvelles chaires de recherche du Canada et les 388 postes à pourvoir dans les 2 000 chaires déjà autorisées amènent les universités à ouvrir davantage leurs portes aux chercheurs étrangers, qui, pour diverses raisons, veulent travailler dans un pays plus sécuritaire et plus ouvert. De 2010 à 2014, moins de 15 des postes de directeurs de chaire ont été comblés par des chercheurs étrangers, comparativement à plus de 30 % de 2005 à 2009.
La meilleure image du Canada à l'étranger et le mépris que l'administration Trump affiche pour la science sont des facteurs propices au recrutement de chercheurs et d'étudiants étrangers, comme l'indiquent les hausses importantes de demandes d'information d'étudiants étrangers dans les universités canadiennes. Sachant que 51 % des étudiants étrangers demandent un statut de résident permanent, il serait vraiment bête de ne pas profiter de la conjoncture actuelle.
J'aime
Le gouvernement du Québec injectera 4,4 M $ en cinq ans pour soutenir une grappe du véhicule électrique. Le secteur privé, qui compte une centaine d'entreprises oeuvrant dans ce secteur, financera le tiers du budget annuel de l'organisme, qui est estimé à 1,2 M $. Cette initiative contribuera à renforcer les entreprises de ce secteur et à l'électrification des transports.
Je n'aime pas
Selon l'Institut de la statistique du Québec, le bénévolat est en baisse au Québec. Seulement 32,1 % des adultes québécois ont déclaré en avoir fait en 2013, en regard de 36,7 % en 2010 et de 37,2 % en 2007. Quant aux heures déclarées, elles sont passées de 385 millions en 2007 à 310 millions en 2010 et à 268 millions en 2013. Le groupe d'âge qui fait le moins de bénévolat est celui des personnes âgées (24 %), toutes proportions gardées, mais ce sont elles qui y consacrent le plus d'heures en moyenne, soit 190 par personne et par année.