François Olivier durant son séjour de 10 jours dans l’Extrême-nord canadien, au printemps dernier.
François Olivier a bien essayé de se défaire de l'invitation de son ami et partenaire d'affaires, Paul Desmarais Jr., qui lui demandait de l'accompagner dans une expédition de 10 jours en ski de fond au pôle Nord magnétique avec d'ex-soldats canadiens blessés en mission.
L'objectif était d'amasser des fonds pour la réadaptation de soldats victimes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) dans la société civile. «Deux semaines, c'est trop long, je ne peux pas m'absenter si longtemps», a dit le pdg de TC Trancontinental à son adjointe. D'autant que l'entreprise préparait une importante transaction.
Mais la séance d'information sur l'expédition avait lieu à Toronto, et ce jour-là, il était justement libre et de passage dans la Ville reine...
C'est lorsqu'un des soldats ayant fait le voyage l'année précédente a livré son témoignage que François Olivier a eu son coup de coeur. «Il avait eu du succès dans l'armée, avait occupé un poste de commande. Mais après la perte d'une partie de son bras et de sa jambe, il avait sombré dans la dépression et frôlé le suicide. L'expédition lui a sauvé la vie.»
Et c'est ainsi que François Olivier et une dizaine de pdg d'entreprises accompagnés d'autant de soldats ont parcouru 125 kilomètres - environ 25 kilomètres par jour - dans l'Extrême-Nord canadien, dans des conditions extrêmes.
Le matin, dans les tentes, le thermomètre affichait - 250 C. Préparer le petit-déjeuner et plier bagage pour la prochaine destination prenaient trois heures. En fin de journée, après huit heures de ski avec 80 livres de bagages sur le dos, il fallait remonter les tentes - avec les skis et les bâtons de chacun des participants -, construire un mur de glace pour se protéger du vent, préparer le souper... «Mon rôle consistait à bâtir les toilettes», relate le pdg de TC Transcontinental.
Le soir, dans la tente des Québécois, on jouait à «Toute la tente en parle». Rires et larmes au rendez-vous. «On parlait des vraies affaires, relate M. Olivier. On allait à l'essentiel.» L'essentiel, c'est que l'expédition a permis de recueillir 1,7 million de dollars - plus que l'objectif fixé.
L'argent servira en grande partie à adapter aux soldats canadiens un logiciel de traitement du syndrome de stress post-traumatique conçu pour les soldats américains. Ce logiciel fait revivre aux soldats atteints les traumatismes subis en mission, mais dans un environnement contrôlé. Une autre partie des fonds sera allouée aux familles des soldats, de même qu'à la recherche sur le SSPT. Quant aux participants, ils ne sont pas rentrés de cette expédition les mains vides. «J'ai appris que c'est la force du groupe qui apaise les craintes», relate M. Olivier. Et les soldats ? Le pdg de TC Transcontinental espère que deux semaines passées avec des pdg de grandes entreprises leur ont fait prendre conscience qu'ils étaient, eux aussi, capables de grandes choses. Leader un jour, leader toujours. «Ce qu'ils ont accompli dans l'armée, bien des pdg n'auraient pas pu le faire», croit-il.
Le donateur: François Olivier, pdg de TC Transcontinental (propriétaire de Les Affaires)
Le don: 1,75 M$ (collectif)
La cause: La réintégration dans la vie civile des soldats canadiens blessés
Dans cette nouvelle rubrique, Les Affaires met en valeur les efforts de gens d'affaires qui s'engagent personnellement dans des causes auxquelles ils croient.
