Au début des années 1990, le recyclage n'était pas encore un sujet très à la mode. Mais ça n'a pas empêché Maurice Labbé, alors gestionnaire de projets de construction au sein d'une firme d'ingénierie, d'y voir un créneau suffisamment prometteur pour se lancer en affaires. L'avenir devait lui donner raison. "À l'époque, il ne se faisait pas grand-chose pour disposer des boues municipales ou industrielles et les valoriser. La majeure partie s'en allait à l'enfouissement", rappelle le pdg, qui se voit davantage comme un entrepreneur que comme un écologiste. Lancée en 1993, Ferti-Val s'est spécialisée dans le recyclage et la valorisation de matières résiduelles organiques et non organiques pour en faire des produits fertilisants. La PME produit et commercialise un compost certifié par le Bureau de normalisation du Québec. En 2003, Ferti-Val a mis en marché plus de 100 000 m3 de terreau à base de ce compost."Nos composts sont destinés principalement au marché de vrac pour l'horticulture, l'aménagement paysager et l'agriculture", souligne Sylvain Richer, vice-président exécutif, finance et développement des affaires, et autre actionnaire de Ferti-Val. L'entreprise met aussi en marché du compost en sac sous la marque de commerce FERTI-MIX. Plusieurs types de clientèles L'entreprise estrienne a démarré ses activités en obtenant un premier contrat de gestion des boues de la station d'épuration de la Ville de Sherbrooke. Outre la valorisation des boues municipales, elle a depuis fait une percée dans le secteur industriel, notamment auprès de sociétés oeuvrant dans le domaine agroalimentaire et des pâtes et papiers. Des entreprises comme Kruger, Cascades, Domtar et Olymel, de même que plusieurs municipalités, comptent parmi les clients de la société. L'entreprise traite aussi des résidus de construction et de démolition, de même que des matières putrescibles résidentielles."À l'heure actuelle, le traitement des résidus domestiques représente entre 5 et 10 % de notre chiffre d'affaires. Mais d'ici quelques années, ce ratio devrait atteindre 50 %", souligne M. Labbé. Une industrie en croissance En plus de 10 ans, Ferti-Val a traité plus d'un million de tonnes de matières résiduelles, soit une quantité équivalente à la capacité annuelle des plus gros sites d'enfouissement au Québec. Son chiffre d'affaires atteint 7 M$, et l'entreprise entend poursuivre sa croissance. D'autant qu'un projet de loi visant à taxer les activités d'enfouissement des déchets"favorisera des entreprises comme la nôtre", estime M. Labbé. Aussi, ces dernières années, grâce notamment à l'adoption par le gouvernement de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008,"le recyclage et le compostage ont connu un essor important au Québec et continueront à croître", indique l'Association québécoise des industriels du compostage. Plusieurs résidus qui étaient habituellement éliminés par enfouissement ou incinération sont maintenant traités et valorisés par compostage. Cela a donné naissance à une importante industrie dont font aussi partie des entreprises comme GSI Environnement, Compostage Mauricie et Conporec. Au début de l'année, Ferti-Val a fait d'une pierre deux coups en se portant acquéreur des installations d'Agrior, une entreprise de Chaudière-Appalaches. Cette transaction"nous permet à la fois d'ajouter un nouveau site de compostage et d'étendre nos activités ailleurs en province", souligne M. Labbé. L'entreprise prévoit implanter trois autres sites de compostage au cours des cinq prochaines années, notamment dans la région de Montréal."Nous voulons nous rapprocher des marchés afin de réduire les frais de transport" souligne M. Richer. Les installations de Ferti-Val, situées sur un terrain de 20 hectares en bordure de l'autoroute 55 dans l'arrondissement de Brompton à Sherbrooke, comprennent un site de compostage, un centre de tri de matériaux secs et un centre de tri multimatières qui permettent de gérer, traiter et valoriser plus de 200 000 tonnes de matières résiduelles par année. Une nouvelle technologie de compostage Ferti-Val consacre des sommes importantes à la recherche et développement. Ce qui lui a permis, en 2004, d'implanter une nouvelle technologie de compostage. Le Système intégré de compostage CIS 100,"devrait nous démarquer et nous positionner comme le leader au Québec dans le compostage des multimatières organiques", affirme M. Labbé. Seule ombre au tableau : l'entreprise reçoit régulièrement des plaintes de voisins à propos des odeurs générées par le site. M. Labbé affirme toutefois que la situation est en voie de se régler, grâce notamment à l'implantation de ce nouveau système de compostage."