Ère Zampino: l'UPAC doit tout faire pour prouver la collusion

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Août 2015

Ère Zampino: l'UPAC doit tout faire pour prouver la collusion

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Août 2015

Par Jean-Paul Gagné

De bonnes nouvelles sont venues de l’Unité permanente anti-collusion (UPAC) ces derniers jours : il y a eu de nouvelles perquisitions dans les résidences de plusieurs personnes associées aux scandales des compteurs d’eau et du Faubourg Contrecœur à Montréal.

Le fait que ces perquisitions ont été autorisées ne signifie pas que toutes les personnes à qui on a saisi des documents ont mal agi dans la gestion de ces dossiers. L’UPAC cherche à obtenir des preuves sur les malversations commises dans ces deux affaires et les allégations de collusion qui se dégagent des mandats autorisés pour ces perquisitions.

On y apprend en effet que l’attribution du contrat des compteurs d’eau et le développement du Faubourg Contrecœur sont intimement liés. Alors que la Ville a choisi le consortium GÉNIeau (formé de Simard-Beaudry et Dessau) pour le contrat des compteurs d’eau – contrat attribué au coût de 356 millions de dollars en 2007, puis annulé en 2009 –, on a confié le développement du Faubourg Contrecœur à Catania, qui s’était contentée de présenter une soumission bidon pour le contrat des compteurs d’eau.

Le cadeau fait à Catania a été la vente du terrain du Faubourg à un prix de faveur par Martial Fillion, directeur général de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM), faite à l’insu de son conseil d’administration. Lorsque cette irrégularité a été connue, M. Fillion a été congédié, puis accusé. Maintenant décédé, Martial Fillion avait été chef du cabinet du maire Gérald Tremblay et était le conjoint de Francine Senécal, alors vice-présidente du comité exécutif.

Avant cette dilapidation, on avait fusionné la Société de développement de Montréal (SDM), qui gérait des propriétés commerciales, avec la SHDM, qui s’occupait de l’habitation. On avait ensuite détaché cette dernière de la Ville pour mieux la dilapider et favoriser en même temps des sociétés amies que Bernard Trépanier, surnommé « Monsieur 3 % », sollicitait pour financer le parti au pouvoir. Jugée illégale par Québec, la privatisation de la nouvelle SHDM a été annulée. M. Trépanier a travaillé étroitement avec Frank Zampino, président du comité exécutif de la Ville de 2001 à 2008. 

Collusion généralisée

Selon des documents déposés, la firme de génie-conseil BPR, qui conseillait la Ville de Montréal par la gestion de l’appel d’offres sur les compteurs d’eau, est intervenue pour écarter des soumissionnaires potentiels, favoriser GÉNIeau et enrichir le contrat qui, avec l’entretien, aurait pu atteindre 3 milliards de dollars sur 20 ans. On avait aussi pris soin de faire assurer tous les risques financiers par la Ville.

Les allégations et les accusations déjà déposées indiquent que la gestion de ces projets a été faite par un groupe de personnes très proches de Frank Zampino. Celui-ci fut ensuite recruté par Dessau, dont il a fini par démissionner. Pour sa part, Yves Provost, directeur du service de l’eau de la municipalité, fut embauché par BPR qu’il avait, paraît-il, recommandée à la Ville pour la conseiller sur le fabuleux contrat. BPR a encaissé plusieurs dizaines de millions pour ce travail.

L’agenda de M. Zampino indique qu’il a rencontré Pierre Lavallée, président de BPR, à 29 reprises pendant les 16 mois qu’a duré le processus d’attribution du contrat des compteurs d’eau. Or, la loi interdit aux élus, à leurs assistants et aux fonctionnaires d’une ville de parler à des représentants de soumissionnaires lors du processus d’attribution d’un contrat.

On sait aussi que Frank Zampino a séjourné sur le bateau de Tony Accurso, propriétaire de Simard-Beaudry, pendant cette période. De plus, le document révèle que l’ex-président du comité exécutif a invité à un barbecue des collègues du comité exécutif, tels que Sammy Forcillo, responsable de l’eau, Claude Dauphin, Francine Senécal et Cosmo Maciocia, responsable de l’habitation, ainsi que des gens d’affaires, dont Rosaire Sauriol (Dessau) et Paolo Catania. Certains d’entre eux se sont aussi rencontrés à différentes reprises dans d’autres lieux (loges du Centre Bell, restaurants, etc.), autant de rencontres qui démontrent la grande proximité des élus, des bureaucrates et des gens d’affaires à la recherche de contrats de la Ville de Montréal.

Manquement à l’éthique

Il ressort de ce copinage et de cette collusion que plusieurs personnes en autorité et à qui la population a fait confiance ont gravement manqué à leur code d’éthique et de déontologie, qui commande aux élus d’agir avec intégrité et dans le seul intérêt des contribuables.

Quant aux ingénieurs, ils doivent s’acquitter de leurs obligations professionnelles avec intégrité, ne doivent pas recourir à des procédés malhonnêtes ou douteux ni s’y prêter, ni tolérer de tels procédés. Ils doivent s’abstenir de verser ou de s’engager à verser, directement ou indirectement, tout avantage, ristourne ou commission en vue d’obtenir un contrat ou lors de l’exécution de travaux d’ingénierie.

Il est clair que c’est la cupidité qui a souvent prévalu, au mépris des contribuables et de la population en général.

Le maire Tremblay n’a fait l’objet d’aucune allégation ni accusation à ce jour, et il se pourrait que les perquisitions qui ont été faites chez lui ne le visent pas directement. Il serait toutefois bien étonnant qu’il n’en sache pas beaucoup plus que ce qu’il prétend sur les saloperies qui se seraient produites sous sa gouverne. N’était-il pas responsable de veiller à ce que son administration, qu’il partageait avec Zampino, soit irréprochable sur le plan de l’éthique ?

Malgré les malversations qui ont été exposées par la commission Charbonneau, rien n’a encore été prouvé devant les tribunaux. De plus, il est décevant que plusieurs années se soient déjà écoulées avant que ne débutent les procès qui sont encore à venir. Il faut donc que l’UPAC ne ménage pas les efforts pour accumuler les preuves nécessaires à la condamnation des tricheurs qui ont volé sans vergogne les contribuables et qui ont trompé les citoyens.

J’aime

Suncor a confirmé qu’elle projette toujours de doter sa raffinerie de Montréal-Est d’une capacité de traitement du pétrole bitumineux albertain. Ce projet, estimé à environ 1 milliard de dollars, dépend du renversement du flux de la ligne 9B de l’oléoduc d’Enbridge qui relie North Westover, en Ontario, à Montréal.

Je n’aime pas

Plusieurs informations inquiétantes touchant CP Rail ont émergé récemment. 1) Il y a des tensions au sein du conseil d’administration, et deux administrateurs ont démissionné à la suite d’une divergence ; 2) CP Rail est la seule des 25 sociétés accusées dans la tragédie de Lac-Mégantic qui en appelle pour faire annuler le règlement visant à distribuer 430 millions de dollars aux victimes de cette catastrophe ; 3) CP empruntera pour poursuivre son programme de rachat d’actions et redistribuer plus de profits aux actionnaires. L’action de CP a beaucoup monté depuis l’arrivée de l’activiste Bill Ackman et du pdg Hunter Harrison, qui a des problèmes de santé, mais ce n’est pas encore assez.

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