De l'Asie jusqu'au bac de recyclage... et du bac jusqu'à l'Asie

Publié le 04/11/2006 à 14:27

De l'Asie jusqu'au bac de recyclage... et du bac jusqu'à l'Asie

Publié le 04/11/2006 à 14:27

Par lesaffaires.com
Chaque semaine - ou toutes les deux semaines, selon les municipalités -, vous mettez votre bac de recyclage à la rue. Vous évitez ainsi que vos journaux, bouteilles, pots de yogourt et autres emballages se retrouvent dans la nature. Du moins, c'est ce que vous espérez. Mais où aboutissent ces matières ? En fait, si la plupart des résidus trouvent preneurs au Québec, certains articles sont acheminées aussi loin qu'en Chine et en Inde ! " Les plastiques de catégorie 1 (comme les bouteilles de boisson gazeuse), 2 (contenants de crème glacée) et 5 (bouchons, pots de yogourt, margarine) sont triés, mais le reste est mis en ballots mélangés, nous explique Jeannot Richard, vice-président de Recyc-Québec. On ne possède pas de statistiques exactes sur ce point, mais la grande majorité de ces paquets se retrouvent en Asie. " Une quantité non négligeable de sacs et pellicules de plastique ainsi qu'une bonne partie du polychlorure de vinyle (PVC), du polypropylène et de mélanges incluant ces résines traversent donc le Pacifique. Un désastre pour l'effet de serre, étant donné le carburant nécessaire pour ce transport ? Pas du tout, répond M. Richard." Les Asiatiques exportent pas mal de choses ici, explique-t-il. Les bateaux doivent de toute façon repartir; au retour des ports nord-américains, les armateurs préfèrent avoir des bateaux pleins." Bref, une fois le jouet" made in China" cassé, on le renvoie à l'expéditeur ! La matière la plus convoitée : le papier" Chez nous, ces plastiques sont habituellement déchiquetés, puis vendus au Québec, en Ontario, aux États-Unis ou en Asie", explique Johnny Izzi, directeur général de Gaudreau Envrionnement. Ce gestionnaire de matières résiduelles exploite un des plus grands centres de tri au Québec. En ce moment, environ 15 % de tout son plastique est vendu à des acheteurs asiatiques." Ça dépend du marché, dit M. Izzi. Ça peut aller jusqu'à 25 %." Les centres de tri tentent cependant de réduire au maximum leur taux d'exportation." Quand nous pouvons vendre au Québec, nous obtenons un meilleur prix : les coûts de transport sont moins élevés, dit M. Izzi. En Asie, nous envoyons surtout des mélanges de plastique qui ont peu de valeur pour nous et qu'ils peuvent trier avec leur main-d'oeuvre bon marché." Le Québec est également importateur. La matière la plus convoitée est le papier : l'important secteur papetier de la province en a besoin pour fabriquer ses produits. Comme l'essentiel de la production québécoise est exporté, une partie de ces matières doivent revenir ici pour permettre aux papetières de fabriquer carton, papier tissu et d'imprimerie. En 2005, le Canada a dû importer 2,16 Mt de papier récupéré pour satisfaire ses besoins industriels." Cascades achète 40 % de la consommation canadienne de papier récupéré", dit Pascal Aguettaz, directeur général des achats de fibre. Dans le papier journal, la proportion de fibre importée est encore plus importante. Selon l'Institut canadien de recherches sur les pâtes et papiers (Paprican), 54 % des besoins canadiens en fibres de ce genre sont assurés par la récupération américaine, située relativement près des usines. Matières à problèmes D'autres résidus d'emballages posent problème. C'est le cas, par exemple, des contenants de lait et de jus en carton plastifié, qui doivent être exportés en Ontario, aux États-Unis et en Asie. Les emballages les plus difficiles à recycler sont ceux de marque Tetra Pak. Ces contenants utilisés par Lassonde contiennent de l'aluminium, ce qui complique encore plus son traitement par les recycleurs. Selon les données de Tetra Pak, moins d'un tiers de ses contenants de jus, de vin ou d'huile sont recyclés." En ce moment, il faut l'envoyer au Michigan, dit M. Izzi. Mais nos volumes ne sont pas suffisants pour que ça vaille la peine. Nous travaillons en ce moment avec Lassonde pour trouver un acheteur à long terme plus près de nous, au Québec." Autre problème avec les contenants multicouches : le plastique et l'aluminium qu'ils contiennent finissent habituellement à l'élimination, une fois retirées les fibres de papier. Au Michigan, Environ Solutions vient cependant de mettre au point un procédé permettant de les récupérer pour fabriquer des palettes d'expédition et des mandrins en matériau composite. Le styromousse, cauchemar du gestionnaire Mais le véritable cauchemar du gestionnaire, c'est le styromousse." Il y a un marché pour ça, mais ça contient surtout de l'air, explique M. Izzi. Envoyer ça en camion vers les usines, ça coûterait une fortune." Des machines existent pour compacter ces matières avant leur expédition, mais elles sont apparemment hors de prix. Pour l'instant, il se retrouve donc à la poubelle. Le verre aussi a longtemps été rejeté par les centres de tri, faute de débouchés. La Société des alcools du Québec et Recyc-Québec ont cependant réglé le problème dans la plupart des régions en mettant sur pied un programme pour subventionner sa collecte. Selon Recyc-Québec, le verre québécois est expédié chez Unical, à Longueuil, qui en fait des abrasifs. Dans les régions éloignées, le verre broyé, très stable, peut servir de matériau de recouvrement pour un site d'enfouissement, comme c'est le cas à Sept-Îles. Dans les centres de tri, les taux de rejet varient en fonction du type de collecte organisé. Dans les villes où on a opté pour le gros bac roulant, aucun tri n'est fait lors du ramassage par les opérateurs de camion. Avec ce système, les taux de rejet avoisinent les 10 %. Ils sont de 2 à 4 % avec les petits bacs rectangulaires, dont le contenu est trié en trois filières au camion lors de la collecte. Les ouvriers laissent alors sur place, non seulement les sacs de poubelle, mais aussi les vieux boyaux d'arrosage, les produits de caoutchouc, les vêtements, les chaussures et plusieurs autres articles qui, autrement, seraient transportés inutilement au centre de tri. Et le compost ? Certains acteurs de l'industrie des matières résiduelles craignent qu'il soit difficile d'écouler le compost une fois la collecte des matières putrescibles mise sur pied à grande échelle dans les plus grandes villes du Québec. Chez Recyc-Québec, Jeannot Richard se fait rassurant." Beaucoup de sites peuvent le recevoir sans problème", dit-il. Les centres de jardin représentent un débouché intéressant, selon lui. Transports Québec pourrait également s'en servir pour faire l'ensemencement des bords de routes." Dans les terres agricoles argileuses des basses terres du Saint-Laurent, il y a un gros problème de compaction du sol. Le compost produit pourrait aider à l'aérer et permettre d'épandre moins de pesticides et de fertilisants.""

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