D'éboueurs à récupérateurs

Publié le 04/11/2006 à 14:21

D'éboueurs à récupérateurs

Publié le 04/11/2006 à 14:21

Par lesaffaires.com
Quand elle a commencé sesactivités en 1978, EBI Environnement ne faisait que la collecte des déchets et leurenfouissement. Comme presque toutes les entreprises de gestion des matières résiduelles du Québec, d'ailleurs. À l'époque, les municipalités ne se cassaient pas la tête. Journaux, boîtes de conserve, plastique et bouteilles de verre allaient directement à la poubelle. Maintenant que toutes ces matières vont au bac àrecyclage, les entreprises de collecte des matières résiduelles doivent évoluer en conséquence. " Aujourd'hui, nos activités sont complètement intégrées, dit Pierre Sylvestre, président d'EBI. Nous avons des camions à ordures, des camions pour la collecte sélective, des centres de tri à Joliette et Montréal-Est, le site d'enfouissement de Saint-Thomas, dans Lanaudière, et un centre de compostage avec une flotte de camions dans la même localité. " Le développement de l'entreprise est typique de ce que l'industrie doit accomplir dans les années à venir. Les coûts d'enfouissement ont augmenté de 10 $ la tonne (t) partout au Québec en juin. Si les secteurs industriel, commercial et institutionnel doivent débourser cette somme, les municipalités, elles, se la verront retourner... à condition d'avoir un plan de gestion des matières résiduelles (PGMR), qui doit permettre en 2008 de détourner 60 % des déchets municipaux de l'élimination. Bref, si tout va comme prévu, la poubelle cylindrique qu'on met dans la rue pourrait se raréfier. Par les temps qui courent, mieux vaut investir dans les camions de collecte sélective que dans les camions àordures. De 251 000 à 613 000 tonnes Entre 1994 et 2004, la moyenne biennale d'augmentation des quantités de matières résiduelles récupérées par la collecte sélective au Québec est de 18,5 %. Malheureusement, la production totale de déchets a elle aussi augmenté, en fonction du produit intérieur brut. Résultat : le taux de récupération des matières résiduelles par la collecte sélective a connu une hausse modeste de 2 % entre 2002 et 2004. Selon Jeannot Richard, vice-président de Recyc-Québec, le taux de récupération des résidus est cependant appelé à bondir à court terme. La nouvelle compensation des entreprises pour le recyclage de leurs emballages s'ajoutera à la nouvelle redevance de 10 $/t sur l'enfouissement à compter de décembre." Au total, c'est un total de 55 à 60 M$ supplémentaires que les municipalités recevront pour gérer les matières résiduelles, souligne M. Richard. C'est quand même beaucoup d'eau au moulin pour améliorer la collecte et le recyclage." Plus de la moitié des municipalités ayant déposé leur PGMR mettront sur pied lacollecte des matières putrescibles d'ici 2008. Les secteursindustriel, commercial et institutionnel (ICI) devront s'y mettre également. Selon lasociété d'État, 19 nouveauxsites de compostage seront ouverts dans le seul territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont 10 sur l'Île de Montréal, pour faire face à cette demande supplémentaire des ICI. Dans l'opération, le gros des matières putrescibles doivent passer du sac vert au bac brun. Les gros immeubles de Montréal et Québec seront aussi mieux desservis par la collecte sélective. Ainsi, la quantité de matières récupérées passera de 251 000 à 613 000 t entre 2001 et 2007. Enfin, c'est ce qu'espère Recyc-Québec. Évoluer Conséquence : à moyen terme, les entreprises qui autrefois étaient essentiellement des éboueurs doivent devenir des récupérateurs et des recycleurs. Et les propriétaires de sites d'enfouissement qui ne l'ont pas déjà fait doivent doivent rendre leurs installations étanches et récupérer les biogaz et les lixiviats qu'elles dégagent. BFI Canada, l'entreprise torontoise qui exploite le site d'enfouissement de Lachenaie, avait délaissé le recyclage dans les années 1980." Il n'y avait pas de marché pour les matières collectées", explique Hector Chamberland, directeur du développement des affaires de l'usine de triage Lachenaie de BFI. Aujourd'hui, l'entreprise s'est dotée d'un site de compostage. Il vient de commencer à recevoir des matières putrescibles en provenance de Laval, Terrebonne et Mascouche. L'entreprise exploite également des centres de tri et est en charge de la cueillette dans plusieurs villes des Laurentides. Mais M. Chamberland est sceptique. Il ne croit pas que l'industrie se développera beaucoup plus rapidement que le produit intérieur brut." Les changements vont à pas de tortue dans cette industrie, dit-il. Ça prend de l'argent pour améliorer la gestion des résidus. Ce qu'on a obtenu, c'est très peu !" Chez Environnement Gaudreau, un gestionnaire de matières résiduelles de Victoriaville, le directeur général, Johnny Izzi, est plutôt optimiste." Bien sûr, le volume d'affaires va augmenter. Nous allons transférer de plus en plus de matière de l'enfouissement au recyclage, dit-il. Mais l'industrie ne grossira pas de façon exponentielle." Ce qui va augmenter énormément, en revanche, c'est le degré de complexité des opérations de collecte des résidus et l'intensité de ces activités en ressources humaines et en capital. Selon Recyc-Québec, le recyclage de 1 000 t. de résidus par an crée 2,43 emplois, contre 0,073 pour l'enfouissement. Quant au capital," Le prix moyen pour un camion destiné à la collecte sélective, c'est 250 000 $ !", souligne M. Izzi. Jacques Gaudreau, fondateur d'Environnnement Gaudreau, a sans doute payé les siens un peu moins cher quand, en 1966, ce visionnaire organisait sa première" collecte sélective", en utilisant un camion pour les ordures, et un autre pour le carton, le verre et les bouteilles d'eau de javel."

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