L'entreprise montréalaise Biothermica est la première entreprise canadienne à avoir réalisé un projet dans le cadre du Protocole de Kyoto. C'est un total de 1,2 million de crédits de réductions d'émissions certifiées qui découleront de ce projet d'ici 201 Le président et fondateur de Biothermica, Guy Drouin, a profité de son passage au Salon Americana pour expliquer en détails les étapes qui ont mené à ce projet de production d'électricité à partir de biogaz au Salvador… et ainsi à l'obtention de crédits de réduction d'émission. Retour sur une entreprise d'ici qui a su tirer profit du marché international du carbone. Un chemin tortueux vers Kyoto L'aventure commence en 2002, alors que Biothermica entame des négociations avec MIDES, une entreprise salvadorienne qui possède le dépotoir Nejapa dans la ville de San Salvador. Biothermica veut utiliser ses méthodes de prospection gazière développée à la carrière Miron, à Montréal, et les répliquer au Salvador. Puisqu'aucun projet MDP n'existe encore à l'époque, Biothermica a fait appel à l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Cet organisme participera financièrement à l'évaluation du gisement gazier et à la réalisation de l'étude préliminaire de faisabilité du projet. Cette étape durera plus de deux ans. Parallèlement, Biothermica engage des démarches auprès de la Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA), une agence de la Banque mondiale, afin que celle-ci lui fournisse une police d'assurance pour ce projet. Puisque la MIGA n'avait jamais travaillé dans le cadre du MDP, Biothermica élaborera avec elle une police d'assurance contre les risques non commerciaux qui répond bien aux critères particuliers d'un projet dont la rentabilité repose sur des crédits d'émissions de GES. Tout est dans la certification En 2004, Biothermica est convaincue d'avoir le bon filon. Elle décide d'entreprendre les démarches d'enregistrement auprès du Secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), accord cadre duquel découle le Protocole de Kyoto. Cette étape est cruciale parce que ce projet n'est viable que s'il obtient les crédits du MDP. C'est d'ailleurs là un des critères clés pour pouvoir obtenir une certification MDP. Ce concept s'appelle l'additionnalité, et il précise que les crédits MDP iront uniquement aux projets qui n'auraient pas eu lieu sans la présence de ces crédits. Cette obligation a pour but d'éviter de financer des réductions qui auraient eu lieu de toute manière, par exemple lorsque les économies d'énergie sont suffisamment rentables pour justifier le projet. Les démarches auprès du Secrétariat sont complexes et exigent à nouveau des investissements relativement importants de la part de Biothermica : "Plusieurs centaines de milliers de dollars", confirme M. Drouin. Il est obligatoire de soumettre un document qui explique en détail le projet, les émissions qui seront évitées ou capturées, la méthodologie utilisée, la démonstration que ce projet contribuera au développement durable dans le pays d'accueil et qu'il a obtenu la bénédiction du gouvernement local et du gouvernement du pays d'où provient l'entreprise. Une démarche fastidieuse…justifiée En mars 2006, le projet du site d'enfouissement de Biothermica est approuvé. La construction peut débuter. Malgré quelques délais, attribuables notamment à la saison des pluies, le site entre en fonction le 5 octobre 2006. En même temps, Biothermica va en appel d'offres pour dénicher la meilleure offre pour ses crédits MDP. En février 2007, le gouvernement du Luxembourg conclut l'achat du quart des crédits d'émissions qui seront générés par le projet au Salvador. Biothermica pourra vendre le reste de ses émissions au plus offrant. Guy Drouin, affirme que son expérience avec le MDP lui a prouvé qu'il s'agit d'un processus d'une rigueur exemplaire."Il y a toute une méthodologie, des règlements et une démarche derrière le MDP, et c'est rassurant, à la fois pour les investisseurs comme nous et pour ceux qui vont acheter les crédits", précise M. Drouin. Biothermica démontre concrètement comment des entreprises d'ici peuvent déjà tirer leur épingle du jeu sur le marché international du carbone, même s'il n'existe pas de marché national pour l'échange de crédits d'émissions au Canada. Pour en savoir plus: http://cdm.unfccc.int/index.html MDP http://www.biothermica.com/index-fr.html Biothermica