Bien plus qu'un déménagement pour les Grands Ballets


Édition du 30 Avril 2016

Bien plus qu'un déménagement pour les Grands Ballets


Édition du 30 Avril 2016

Par Olivier Schmouker

L’Espace Danse, situé au cœur du Quartier des spectacles, ouvrira en juin 2017.

Le jour où une danseuse étoile, lors d'un porté magistral, s'est cogné la tête contre une poutre en métal d'une des salles de répétition, il est devenu clair pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal qu'un déménagement s'imposait. Leurs locaux du Plateau-Mont-Royal ne satisfaisaient plus aux standards internationaux, ce qui devenait gênant, surtout lorsque des stars mondiales de la danse classique venaient y exécuter des pas de biche et autres fouettés sautés.

L'idée est venue d'elle-même : profiter de l'occasion pour réunir quatre organismes phares de la danse à Montréal, soit les Grands Ballets, Tangente, l'École de danse contemporaine de Montréal et l'Agora de la danse, afin de donner un plus grand rayonnement à leur art. L'édifice Wilder, situé au coeur du Quartier des spectacles, sera ainsi rénové et agrandi, grâce notamment à un soutien financier des gouvernements provincial et fédéral, pour devenir l'Espace Danse.

«Nous ne voulions pas nous contenter de faire des boîtes et de déménager. Nous avons vite vu que nous avions une occasion en or de donner un nouvel élan à nos activités», dit Alain Dancyger, directeur général des Grands Ballets.

Une intense réflexion a été menée l'année dernière, à laquelle ont participé des intervenants de divers milieux : des artistes, des comptables, des spécialistes de la santé, etc. «Nous devions innover, et donc explorer des voies inédites, ce qui ne pouvait se faire qu'à condition d'éclairer des zones d'ombre à l'aide de lumières nouvelles pour nous», explique-t-il.

Jouer la carte de la santé

Deux axes de développement ont été déterminés : d'une part, enrichir l'expérience du spectateur ; d'autre part, contribuer au mieux-être du citoyen. Lesquels se traduiront concrètement, entre autres, par :

> un café d'où les clients pourront regarder les danseurs s'entraîner dans les studios modernes ;

> un atrium de 450 places permettant d'accueillir des événements d'entreprise et des soirées lounge ;

> des salles où seront donnés des cours de yoga et de Pilates ouverts à tous.

«Lors de notre réflexion, nous avons découvert que nous avions une carte maîtresse à jouer, celle de la santé. En particulier, la danse-thérapie qui vise, comme son nom l'indique, à soigner par la danse», indique M. Dancyger. Selon cette pratique, connue aux États-Unis depuis les années 1940, le corps et l'esprit sont étroitement liés, si bien qu'en jouant sur l'un grâce à la danse, on peut faire du bien à l'autre. C'est comme cela qu'on peut améliorer la vie de personnes souffrant de maladies mentales, ou encore de personnes âgées.

«Nous faisons d'ores et déjà de la danse- thérapie auprès de personnes atteintes d'autisme, d'anorexie, ou même de rhumatismes, là où elles se trouvent. Maintenant, nous pourrons également en faire dans nos nouveaux locaux, l'Espace Danse», dit-il. Et de souligner qu'il s'agit d'un projet inscrit dans la durée : «Nous sommes en train de concocter une maîtrise en danse-thérapie, avec le concours de l'Université McGill et de l'Université du Québec à Montréal. Et ce, dans l'optique de faire de Montréal un pôle mondial de la danse-thérapie».

L'Espace Danse entend par conséquent être «un lieu accessible et empathique, où tout le monde aura sa place». Son architecture, faite de facettes de verre translucide habillées d'une sérigraphie de dentelle blanche, est signée Lapointe Magne & Ædifica.

Son ouverture est prévue pour juin 2017, l'espoir étant d'attirer 50 000 visiteurs dès la première année, dont 10 000 l'été grâce aux festivals se tenant juste à côté (Festival international de jazz, FrancoFolies, etc.). Une campagne de financement est actuellement menée, sous la direction de la femme d'affaires Danièle Henkel. Déjà, 15 des 25,8 millions de dollars attendus ont été recueillis. «Grâce à ces dons, nous parviendrons à réaliser notre rêve, qui est de marquer Montréal d'une empreinte profondément humaniste», dit M. Dancyger.

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