Amicale concurrence


Édition du 19 Avril 2014

Amicale concurrence


Édition du 19 Avril 2014

Par Les Affaires

Le père de la publicité québécoise, voilà ce qu'évoque pour nous Jacques Bouchard, ni plus ni moins. En 1963, il fondait la première agence de propriété québécoise, BCP Publicité. Puis en 1978, il publiait Les 36 cordes sensibles des Québécois. La journaliste Marie-Claude Ducas signe une biographie de l'homme d'affaires disparu en 2006. On y découvre un entrepreneur audacieux et visionnaire. Et un concurrent amical et coriace tout à la fois. Extrait.

«"C'était quelqu'un que j'aimais beaucoup, avec qui j'avais vraiment du plaisir à aller luncher, [raconte le journaliste] Marc Laurendeau. C'était quelqu'un avec qui on pouvait vraiment parler de la vie, des choses fondamentales." [...]

Il cultive ce genre de liens même avec des concurrents. Du moins, c'est le cas en ce qui concerne François Duffar, un des fondateurs de l'agence Cossette née à Québec. [...] À partir de 1974, alors que Duffar s'installe à Montréal, sans clients, pour entreprendre d'y développer Cossette, lui et Jacques Bouchard vont dîner ensemble, une fois par mois, pendant quelques années. "J'étais là tout seul, avec une secrétaire. Je n'étais absolument pas menaçant. Et c'était un homme très généreux de ses conseils. Il pouvait être un compétiteur féroce, très dur et, en même temps, une personne très humaine, ouverte, généreuse et très créative."

Jacques Bouchard prend même la peine d'expliquer à François Duffar certaines réalités du milieu publicitaire où il veut se lancer. "Il me disait : 'Si tu veux avoir des contrats gouvernementaux, il faut que tu t'assoies à la table. Et on va te faire de la place. Mais là, je t'avertis, il y a des obligations. Sinon, il faudra que tu te contentes des miettes.' Alors j'ai dit : 'OK, je vais me contenter des miettes. Mais je te préviens, je vais toutes les ramasser...'"

Les deux mangent ensemble tantôt à La Rapière, alors situé dans un petit sous-sol rue Stanley, sinon dans un petit restaurant polonais non loin de là. [...] "C'était comme des vacances. On est tellement préoccupé par les conneries qui nous absorbent tous les jours, ça vaut la peine de rencontrer quelqu'un comme ça. Il m'envoyait aussi des livres, régulièrement, et pas nécessairement liés aux communications. C'est une habitude que j'ai prise de lui : si je vous envoie un livre dont je sais que le sujet vous intéresse, on va développer un autre genre de rapport."

Tout cela n'empêche pas Jacques Bouchard de demeurer un compétiteur féroce. "Ça m'étonnait au début : partout où il pouvait, il me plantait, poursuit François Duffar. Quand je lui ai dit : 'Mais comment tu peux faire ça ?' il m'a répondu : 'Ça n'a rien à voir, ça, c'est le business. Dîner ensemble et avoir du plaisir, c'est autre chose.' [...] Et chaque fois que je gagnais un compte, je recevais un petit mot, qui me disait : 'félicitations', ou 'tu m'inspires', 'tu me provoques'. Mais gentiment, pas pour être baveux... J'en ai peut-être gardé quelques-uns."»

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