Alcan en Inde: Une évaluation sérieuse ?

Publié le 14/04/2007 à 13:54

Alcan en Inde: Une évaluation sérieuse ?

Publié le 14/04/2007 à 13:54

Par lesaffaires.com

Une évaluation environnementale produite rapidement en juillet 2006, et dont LES AFFAIRES ont appris l'existence, sous-estimerait la quantité d'eau utilisée par le projet Utkal de même que la quantité d'émissions de SO2, une importante source de pluies acides.

Cette évaluation, dont Alcan ne fait pas mention dans ses documents officiels datant de décembre 2006, a été produite par la société indienne Vimta, de Hyderabad, pour le compte de la coentreprise composée d'Alcan et d'Hindalco. Elle est différente de l'étude de 1995, que les deux partenaires ne veulent pas rendre publique. Et l'étude de 2006 est sévèrement critiquée par deux chercheurs indépendants. Charbon ou gaz naturel ?

Mark Chernaik, scientifique de l'organisme américain Environmental Law Alliance Worldwide, qui regroupe 400 avocats et environnementalistes, souligne d'abord que l'évaluation ne fournit pas assez d'information permettant de s'assurer que le site de la mine, au terme de son exploitation, sera restauré. De plus, les mesures de contrôle de l'érosion décrites ne seraient pas adéquates. Par ailleurs, le Dr Chernaik estime que la quantité d'émission de SO2 provenant des activités de la raffinerie alimentée par une centrale thermique au charbon est largement sous-estimée. L'étude ne propose aucune mesure de contrôle de ces émissions.

"Pourquoi Alcan n'envisage-t-elle pas d'utiliser le gaz naturel plutôt que le charbon pour alimenter la raffinerie, comme elle vient de le faire à son usine de Gove en Australie ?" demande-t-il.

Il s'inquiète aussi des mesures timides pour protéger le sol et les nappes d'eau souterraines contre la contamination des boues rouges et des cendres produites par la raffinerie. L'autre organisme, le Centre pour la science et l'environnement de Delhi, est préoccupé par l'impact cumulatif du projet sur la consommation d'eau dans le bassin de la rivière Indravati, dont dépend la population. Il dit que les conséquences de cette réduction d'eau sur la centrale hydroélectrique qui y est installée ne sont pas évaluées, ni celles de la réduction du débit de la rivière à cause de la disparition des ruisseaux qui l'abreuvent et qui proviennent du plateau où la mine est située.

Le Centre est un organisme indépendant formé en 1980 par des ingénieurs, des scientifiques et des environnementalistes indiens préoccupés par la dégradation de l'environnement en Inde. Pas assez d'eau Selon l'organisme, l'impact du projet de la coentreprise ne sera pas local, mais régional. Uktal sous-évaluerait l'impact de la consommation d'eau puisée pour la raffinerie dans deux autres rivières, la Barha Nadi et la San Nadi. Celles-ci sont déjà tellement utilisées par les populations que le débit d'une des rivières est réduit de 40 % en moins de 10 km, dénonce l'organisme. Les activités de la mine en prendraient encore 30 %.

Le Centre affirme qu'"il n'y a pas assez d'eau dans ces deux rivières pour supporter un tel projet".

La pluie cesse de janvier à mai dans cette région est sujette à la sécheresse. On ignore aussi l'impact de la hausse des dépôts de sédiments dans le bassin, à la suite du décapage des sols causé par les opérations minières. Selon l'organisme, un autre projet, celui de la Kudremukh Iron Ore, avait négligé cet aspect.

Résultat : 20 ans plus tard, les matières accumulées était si importantes que la Cour suprême a ordonné la fermeture des installations minières.

Le Centre estime aussi que "les populations n'ont pas été impliquées dans ce rapport et leurs préoccupations n'ont pas été prises en compte".

En bref, l'évaluation de Vimta, produite pour Alcan et Hindalco, serait de "piètre qualité", et il faudrait plus qu'une évaluation rapide des impacts environnementaux.

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