Agriculture : le secteur est le plus grand pollueur de l'eau, selon Martine Chatelain

Publié le 29/09/2010 à 00:00, mis à jour le 29/09/2010 à 10:52

Agriculture : le secteur est le plus grand pollueur de l'eau, selon Martine Chatelain

Publié le 29/09/2010 à 00:00, mis à jour le 29/09/2010 à 10:52

Martine Chatelain présidente de la Coalition Eau Secours !. Photo : Gilles Delisle

L’exploitation de l’eau reste un sujet tabou au Québec. C’est pourquoi Les Affaires, en collaboration avec divers partenaires, présente le Forum québécois sur l’eau les 25 et 26 octobre prochains à Montréal.

Au menu, un débat sur la gestion de l’eau et son exploitation durable. En préambule, nous vous proposons une série d’articles pour résumer les enjeux.

Les agriculteurs disent redoubler d’efforts pour diminuer la pollution sur leurs terres, mais les écologistes estiment que leur modèle est à revoir.

Les Affaires - Comment gérer les conflits liés à l'usage de l'eau ?

Martine Chatelain présidente de la Coalition Eau Secours !- En ayant toujours en tête la protection de la vie et de la santé humaine, et celle des écosystèmes. Par exemple, si l'eau d'une petite municipalité rurale vient à manquer, il faut d'abord fournir l'eau aux habitants et aux institutions de santé, comme l'hôpital. Les besoins des animaux de ferme et des cultures pourraient suivre, et les besoins commerciaux et miniers viendraient en dernier. C'est le contraire au Québec, où la Loi sur les mines a préséance sur les autres lois, encore en 2010. On devra se pencher sur la hiérarchisation des besoins, puis des usages. Comme le Québec n'a jamais traversé de pénurie majeure, personne ne s'est encore penché sur la question.

L.A. - Comment limiter la pollution causée par les industries et l'agriculture ?

M.C. - Il faut éviter de se lancer dans des entreprises qui ne visent que le développement économique ou l'exportation. Nous devons d'abord connaître nos eaux souterraines et la capacité de nos plans d'eau de surface. Ces études ne sont pas encore faites au Québec. Une fois que nous saurons ce que le milieu est capable de recevoir, nous pourrons rédiger des normes et nous assurer qu'elles ne sont pas dépassées. Nous devons aussi donner des incitatifs à nos agriculteurs pour favoriser les changements de pratiques. Pour l'instant, l'autoréglementation et l'autocontrôle règnent en agriculture. C'est loin d'être suffisant ! Avant de permettre le développement de certains secteurs, on devra examiner leur acceptabilité environnementale et sociale.

L.A. - Doit-on revoir le modèle agricole pour diminuer les problèmes d'algues bleu-vert et d'appauvrissement des sols ?

M.C. - Plusieurs éléments sont à changer dans les pratiques, afin de les rendre plus efficaces et moins dommageables pour l'environnement. Le gouvernement doit se doter d'une vision d'ensemble et mettre en place des mesures qui protègent mieux l'eau en impliquant les agriculteurs québécois. L'eau est nécessaire à tous, et en particulier à ceux qui nourrissent le Québec. Il faudra faire des agriculteurs les plus grands défenseurs de la ressource. Pour protéger l'eau, notre culture agricole est à revoir dans son ensemble.

L.A. - Comment arbitrer les différends entre agriculteurs et résidents en région rurale ?

M.C. - Le Québec a commencé à se doter de comités de bassins versants. Chaque comité doit caractériser son bassin versant et faire un plan d'action. Malheureusement, cette bonne idée s'accompagne d'un manque de moyens. La réglementation devra suivre, avec un organisme indépendant (ombudsman ou régie de l'eau) pour trancher les litiges. En outre, le gouvernement devra trouver un moyen pour que les simples citoyens puissent se faire entendre, au même titre que la multinationale et ses services de lobbyistes et de publicitaires. L'équilibre des forces est difficile.

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