Marois évoque l'indépendance comme ultime recours dans le dossier Enbridge

Publié le 07/03/2014 à 16:56

Marois évoque l'indépendance comme ultime recours dans le dossier Enbridge

Publié le 07/03/2014 à 16:56

Par La Presse Canadienne

Pour Pauline Marois, le Québec ne peut pas faire respecter ses exigences pour le projet d'inversion du flux de l'oléoduc 9B d'Enbridge dans le cadre fédéral. Photo: Bloomberg.

La chef péquiste Pauline Marois a évoqué l'indépendance du Québec, vendredi, comme seul moyen pour garantir que le projet d'oléoduc d'Enbridge respectera les exigences de son gouvernement.

Mme Marois a relevé des différences significatives entre les conditions fixées par Québec et celles de l'Office national de l'énergie (ONÉ), pour que le projet aille de l'avant.

De passage à Blainville en marge de la campagne électorale, Mme Marois a rappelé que son gouvernement était d'accord avec l'inversion du flux de l'oléoduc 9B à certaines conditions, notamment les garanties financières en cas d'accident ou encore les tests de résistance qui devraient être faits sur le pipeline.

"Si Enbridge n'accepte pas ça, quels sont les autres moyens qui sont à notre disposition? Pour l'instant, ce qu'on me dit, c'est que c'est l'Office national de l'énergie qui a l'autorité sur cette question", a-t-elle dit.

Les producteurs agricoles estiment toutefois que le gouvernement du Québec peut et doit intervenir pour qu'Enbridge se plie aux recommandations de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles (CAPERN).

De leur côté, les groupes environnementaux estiment que le gouvernement Marois récolte ce qu'il a semé en adoptant la politique de la chaise vide et en refusant - pour des raisons politiques - d'aller défendre les recommandations de l'Assemblée nationale devant l'Office.

La CAPERN avait émis 18 recommandations pour permettre que le projet aille de l'avant, dont la création d'un fonds d'urgence de 1 milliard $ en cas de déversement et l'obligation de mener des tests hydrostatiques avant l'inversion et d'en rendre publics les résultats, deux conditions jugées importantes et qui n'ont pas été retenues par l'Office.

Pauline Marois a affirmé que des démarches seront tentées pour obtenir des engagements de la part de l'entreprise albertaine, mais elle a souligné que les autorités québécoises n'ont aucun pouvoir sur ce projet.

"C'est l'ONÉ qui a l'autorité sur Enbridge pour qu'elle puisse ou non inverser le pipeline, a-t-elle dit. Dans un État indépendant, et libre, et souverain, c'est nous qui poserions les conditions."

Le président de l'Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, a toutefois contesté cette vision.

"Le gouvernement du Québec a quand même toujours un pouvoir. C'est notre territoire et le ministère de l'Environnement doit être impliqué", a-t-il affirmé, rappelant que le pipeline traverse plus de 200 terres agricoles dont les propriétaires ont toutes les raisons d'être inquiets.

"Ce pipeline est en opération depuis 1976. C'est ça qui inquiète le plus. J'ai entendu cette semaine qu'Enbridge va changer un tronçon d'un pipeline qui a 40 ans d'âge. On arrive au 40 ans ici aussi."

La semaine dernière, M. Groleau se trouvait aux côtés du maire de Montréal et président de la Communauté métropolitaine, Denis Coderre, qui avait promis de s'opposer au projet d'inversion si les 18 recommandations de la CAPERN n'étaient pas suivies.

"J'ai dit oui, mais... Si le 'mais' n'est pas respecté, ça va être non", avait alors déclaré le maire Coderre. Or, cette fermeté ne semble plus aussi rigide au lendemain de la décision de l'ONÉ.

Dans un communiqué diffusé jeudi soir, M. Coderre a déploré l'absence de fonds d'urgence mais a ajouté que "les municipalités du Grand Montréal resteront vigilantes au cours de la réalisation du projet ainsi que pendant l'exploitation de l'oléoduc", laissant ainsi entendre qu'il se trouvait devant un fait accompli sans jamais faire référence à son "non" de la semaine dernière.

Sans surprise, le directeur général d'Équiterre, Sidney Ribaux, a condamné la décision de l'Office, comme l'ont fait plusieurs groupes environnementaux: "Les conditions ne répondent pas à nos demandes et ne sont pas suffisamment contraignantes selon nous".

M. Ribaux n'est toutefois guère surpris de cette décision, estimant qu'elle est le résultat des nouvelles règles mises en place par le gouvernement conservateur de Stephen Harper qui a confié à l'Office le volet d'évaluation environnementale alors qu'il n'est pas outillé pour le faire.

"Le gouvernement Harper a mis en place le cadre réglementaire qui faisait l'affaire du secteur pétrolier et qui rencontrait ses objectifs de développer le secteur des sables bitumineux de l'Ouest. (...) Une fois cela dit, est-ce que l'Office aurait pu imposer davantage de contraintes à Enbridge? Oui, certainement", a soutenu M. Ribaux.

Les milieux d'affaires, qu'il s'agisse des différentes chambres de commerce, du Conseil du patronat du Québec (CPQ), de Manufacturiers et exportateurs et même du Conseil provincial des métiers de la construction, ont accueilli très favorablement la décision pour des raisons de développement économique.

Cependant, les gens d'affaires sont aussi préoccupés par les garanties réclamées par le milieu. Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a déclaré que le projet "doit s'accompagner de mesures irréprochables et transparentes en matière de sécurité, tant pour la population que pour l'environnement".

M. Leblanc s'est aussi dit d'avis qu'Enbridge "devra prendre en compte les recommandations exprimées par l'Assemblée nationale du Québec".

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