Gaz de schistes : l’industrie veut «éviter le gâchis de l’État de New York»

Publié le 20/08/2010 à 17:00, mis à jour le 20/08/2010 à 17:19

Gaz de schistes : l’industrie veut «éviter le gâchis de l’État de New York»

Publié le 20/08/2010 à 17:00, mis à jour le 20/08/2010 à 17:19

Photo : Bloomberg

Alors que l’opposition à l’exploitation des gaz de schistes s’intensifie au Québec, l’industrie prend les grands moyens pour refaire sa réputation ici. Elle veut « éviter le gâchis de l’État de New York », selon les mots de Michael Binnion, pdg de Questerre, qui détient les droits d’exploration sur 136 000 hectares dans les basses terres du Saint-Laurent.

À une majorité de 48 contre 9, le Sénat de l’État de New York a donné son aval, le 3 août, à un moratoire sur la fracturation hydraulique jusqu’en mai. Cette méthode consiste à faire sortir le gaz naturel en fissurant la roche dans un puits horizontal, à l’aide d’eau et de produits chimiques sous très haute pression.

Plus: Notre dossier: Les gaz de schistes au Québec

Les sénateurs craignent que cette technique puisse contaminer les nappes phréatiques, dont la grande réserve d’eau de la Ville de New York, dans les montagnes Catskill.

Aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency (EPA) a d’ailleurs décidé d’étudier plus à fond l’impact de la fracturation hydraulique sur l’eau potable. Dans le cadre de ses travaux, une rencontre avec la population devait avoir lieu le 12 août à l’Université de Binghamton, dans le Sud-Ouest de l’État de New York. Mais environ 8 000 personnes se sont inscrites pour intervenir. C’était trop pour l’institution. L’Agence a d’abord annoncé qu’elle tiendrait sa rencontre deux jours plus tard, au Convention Center de Syracuse, plus au nord. Mais elle l’a finalement repoussée à une date indéterminée. Le centre de congrès s’estime incapable d’assurer la sécurité pour un tel événement, qui risque d’attirer son lot de manifestants.

«Faire circuler l’information»

De ce côté-ci de la frontière aussi, les demandes de moratoire se multiplient. L’industrie entame une campagne de relations publiques pour convaincre la population et le gouvernement que l’exploitation des gaz de schiste n’est pas dangereuse pour l’environnement. « Dans l’État de New York, les entreprises ont fait l’erreur de ne pas faire circuler l’information », dit Michael Binnion, de Questerre, qui compte le président du Canadien de Montréal, Pierre Boivin, à son conseil d’administration.

L’entreprise vient d’embaucher un relationniste au Québec. Elle a aussi mis en ligne une page en français détaillant le procédé de fracturation hydraulique. Après un appel pour obtenir des informations, Questerre a proposé une entrevue avec son pdg la journée même.

Son partenaire dans trois forages, Talisman Energy, a embauché deux personnes depuis le début du mois de juin pour intervenir auprès de Québec, selon le Registre des lobbyistes. Le gouvernement veut écrire une nouvelle loi sur l’exploitation des hydrocarbures, séparée de la Loi sur les mines.

Talisman a aussi embauché un relationniste en mars. « Ils sont conscients que, venant d’Alberta, ils ont besoin d’une firme locale, dit Stéphane Perrault, qui a obtenu le mandat. La première chose qui leur importe, c’est d’obtenir l’appui des communautés. » Il prépare en ce moment une tournée des médias avec deux membres de la haute direction de l’entreprise.

Québec aussi s’y met

Le gouvernement Charest aussi sent le besoin d’informer le public. « On est à élaborer une stratégie de communication et d’information avec d’autres ministères », dit Jean-Yves Laliberté, coordonnateur de l’exploration gazière et pétrolière au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). « Ça devrait être connu dans un avenir assez rapproché. »

Selon lui, plusieurs commentaires apparus dans les journaux sur les activités gazières dans la vallée du Saint-Laurent sont basés sur des faussetés. « Il faut apaiser ça un peu : ça a pris une démesure, qui fait en sorte que c’est de la désinformation qui circule constamment, dit l’ingénieur. On a une responsabilité pour remettre les pendules à l’heure. »

Il assure par exemple que la fracturation hydraulique en elle-même ne peut en aucun cas causer des fuites de produits chimiques ou de gaz naturel dans la nappe phréatique. « Les études dans l’État de New York n’ont jamais démontré qu’il y avait de tels risques », dit-il. Au Québec, la fracturation a lieu à une profondeur d’au moins un kilomètre, explique-t-il. Les nappes d’eau potable les plus profondes se trouvent à environ une centaine de mètres de la surface.

Les problèmes qu’ont connu les entreprises du secteur aux États-Unis sont plutôt liés à de mauvais contrôles, surtout lors du cimentage des puits verticaux, qui mènent au puits horizontal où a lieu la fracturation hydraulique. Ces puits verticaux traversent les nappes phréatiques.

Àu cabinet de la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, l’attachée de presse Marie-France Boulay indique que Nathalie Normandeau « veut aller rencontrer la population dans les prochaines semaines sur les sites touchés par l’exploration gazière ».

Le MRNF a aussi mis sur pied un « comité de liaison Ministère-municipalités-MRC ». Une première rencontre avec les maires et préfets des régions concernées a eu lieu au début du mois d’août, et une autre aura lieu à la fin du mois.

« Il y a d’autres choses qui s’en viennent aussi pour faciliter le dialogue », ajoute Marie-France Boulay. Elle a cependant refusé de donner plus de détails.

 

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