Énergie: le Canada pèse trop lourd dans la balance américaine

Publié le 03/03/2017 à 06:00

Énergie: le Canada pèse trop lourd dans la balance américaine

Publié le 03/03/2017 à 06:00

Par François Remy

Lors de sa première intervention devant le Congrès cette semaine, le président Trump a relancé sa croisade contre les 800 milliards de déficits commerciaux qui écornent l'image de grandeur des États-Unis. Ironie de l'agenda économique, dans la foulée, le Canada est réapparu comme principal coupable de ces déséquilibres dans les échanges énergétiques américains. Analyse.

Avec des exportations d’une valeur totale de 70,9 milliards de dollars (53 milliards $US) l’année passée, notre pays est resté en matière d’énergie le premier partenaire commercial des États-Unis, révèlent les dernières statistiques publiées mercredi par le Bureau du recensement américain.

Concédons d'emblée que ce montant ressort nettement inférieur aux niveaux occupés précédemment, à l'instar de l'année 2014 durant laquelle le baril de brut se négociait à plus de 100 billets verts. Les exportations canadiennes de l'époque s'étaient hissées à 161 milliards $.

Toutefois, le chiffre de 2016 représente plus de 19% de valeur totale des importations américaines. En comparaison, les exportations de carburants et autres ressources menées par nos voisins sudistes ne valaient que 5% des échanges globaux entre nos deux pays.

«Alors que la valeur du commerce bilatéral a varié au cours de la dernière décennie, principalement au gré des prix du pétrole et du gaz naturel, la structure des flux commerciaux a, elle, relativement peu changé. Les importations d'énergie en provenance du Canada ont dépassé les exportations d'une très large marge», reconnaît l’administration américaine de l’énergie (EIA).

À un rythme moyen de 3,3 millions de barils par jour en 2016, le Canada a surtout exporté du pétrole brut, couvrant 41% des stocks d'or noir entrés aux États-Unis. Mais, malgré une augmentation des volumes, la valeur est retombée à 48,2 milliards $ (36,2 G$US), contre 111 milliards deux ans auparavant.

Le commerce des produits pétroliers se montre quant à lui relativement plus équilibré, tant d’un point de vue volumétrique qu’en termes financiers. «564 000 barils étaient destinés au Canada chaque jour de 2016, soit 12% de tous les dérivés exportés par les États-Unis», précise l’administration américaine. Le tout valorisé à plus de 8,2 milliards $US.

A contrario, les relations commerciales bilatérales au sujet du gaz naturel se montrent tout à fait disproportionnées. Le transport étant dominé par les gazoducs, les canalisations canadiennes ont envoyé en moyenne 8 milliards de mètre-cube par jour. Ce qui équivaut à 97% des importations de gaz naturel des États-Unis.

Enfin, portion apparemment congrue des échanges énergétiques, l’électricité produite au Canada demeure importante pour le marché américain, ne serait-ce que pour assurer la stabilité du réseau. Les États-Unis ont importé 73 millions de mégawatts-heures pour un montant de 2,2 milliards $US. À titre indicatif, seuls 9,3 millions de MWh ont passé la frontière vers le Canada.

Taxe de passage

Notons que la valeur des transactions énergétiques entre le Canada et les États-Unis a chuté entre 2015 et 2016. Mouvement qui reflète certes la baisse du prix des principaux produits tels que le pétrole brut, les dérivés pétroliers ou encore le le gaz naturel. La valeur des exportations des États-Unis ne s’est élevée qu’à 14 milliards $US. Autrement dit, le solde de la balance commerciale accusait un déficit de 39 milliards USD, ou 52 milliards canadiens.

On connaît l’ambition du nouveau président américain de corriger ce genre d'inégalité. Donald Trump s’est dit prêt à prendre les mesures nécessaires telles qu’une «taxe frontalière d’ajustement». Elle viserait à prélever 20% sur les biens importés. En théorie donc, sauf exemption spécifique, les ressources énergétiques n’y échapperaient pas.

À la vue des surplus présentés ici au profit du Canada, pareille taxation aurait un impact considérable sur les échanges commerciaux. Impact qui ne serait certainement pas appréciés par nos industries pétrolières, en première ligne.

D’ailleurs, des voix s’élèvent dans les rangs républicains contre cette éventuelle décision politique qui risquerait d’augmenter les prix pour les citoyens… américains.

 

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