Carlos Leitao: «les consommateurs ne doivent pas dépenser davantage »

Publié le 29/03/2011 à 16:01, mis à jour le 01/04/2011 à 13:55

Carlos Leitao: «les consommateurs ne doivent pas dépenser davantage »

Publié le 29/03/2011 à 16:01, mis à jour le 01/04/2011 à 13:55

Par Marie-Eve Fournier

[Photo : Bloomberg]

Même si le plus gros de la crise est derrière nous, les détaillants québécois doivent se préparer à ne pas voir leurs ventes exploser en 2011. Ils risquent même de devoir composer avec des revenus stables ou en baisse.

Ce scénario, aussi désolant peut-il être pour les entreprises, est pourtant souhaitable, affirme Carlos Leitao, économiste en chef, Banque Laurentienne, qui a prononcé une allocution sur le contexte économique au cours du 18e congrès annuel du commerce de détail (CQCD), mardi. Il a partagé la scène avec Alain Michaud, associé chez PricewaterhouseCoopers et spécialiste du commerce de détail.

« Ce serait une très mauvaise nouvelle si la consommation – alimentée par le crédit – continuait de progresser en 2011 au même rythme qu’en 2010. On se retrouverait dans une situation extrêmement risquée en 2012-2013. Un ralentissement de la consommation est souhaitable », a indiqué l’économiste aux centaines de personnes dans la salle.

PLUS: La confiance des consommateurs a chuté en mars

Car les ménages se sont beaucoup endettés au cours des deux dernières années. Une situation qui ne s’était pas vue, ou alors très peu, au cours des récessions précédentes. Cette fois, c’était « voulu [par le gouvernement qui a maintenu de faibles taux d’intérêt] et souhaitable », a-t-il précisé.

Maintenant que l’économie s’est renforcée, il faut toutefois changer de stratégie. « On a atteint la limite de l’endettement, soutient Carlos Leitao. Si les gens continuent de dépenser à crédit, il y a aura une réponse des autorités. Il y a aura un resserrement de l’accès au crédit hypothécaire et la Banque du Canada sera forcée d’augmenter ses taux d’intérêt plus vite que prévu. »

L’économiste a bon espoir que les consommateurs opteront pour la prudence au moment de prendre des décisions d’achats puisqu’ils sont actuellement « très préoccupés par le besoin d’épargner, par leur bilan ».

D’ailleurs, selon les résultats d’un sondage réalisé en février pour Banque Manuvie du Canada et dévoilé aujourd’hui, plus de sept propriétaires sur 10 (71 %) disent avoir pour « principale priorité financière » le remboursement de leurs dettes en accordant à priorité une note de 8 ou plus sur une échelle de 10.

Pays émergents à la rescousse de l’économie

Dans les circonstances - les Américains et certains Européens ne sont pas dans une meilleure posture – ce sont les consommateurs asiatiques qui vont « sauver l’économie mondiale ».

« Pour la première fois de l’histoire, les économies émergentes sont le moteur de la croissance mondiale », a mentionné Carlos Leitao.

Outre l’endettement, le prix du pétrole est un autre élément qui doit préoccuper les détaillants. Un prix élevé du litre d’essence à la pompe agit comme une taxe qui réduit le revenu disponible à la consommation d’autres biens.

Ce n’est pas le seul impact négatif de l’envolée du prix du baril ; le coût du transport monte. « Il faut se requestionner sur la provenance de nos produits », a suggéré Alain Michaud, précisant que la hausse des salaires en Chine faisait aussi augmenter les prix.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?