La chaîne d'opticiens Lunetterie New Look veut vendre des appareils auditifs dans ses magasins. New Look a en effet signé une entente avec Sonomax Technologies, de Montréal, pour distribuer certains de ses produits.
" En Europe, les lunetteries offrent déjà des appareils auditifs ", explique Martial Gagné, président de New Look, une société inscrite en Bourse depuis mai 2005. Au Royaume-Uni, notamment, un magasin sur deux de la chaîne d'opticiens Specsavers abrite un Hearing Centre.
Les deux produits, lunettes et appareils auditifs, sont complémentaires, puisqu'ils s'adressent surtout à une clientèle vieillissante. " Nous tenterons l'expérience dans deux de nos magasins l'an prochain ", précise M. Gagné, qui réside à Québec.
Jean-Nicolas Laperle, président et fondateur de Sonomax, est ravi de l'entente conclue avec New Look. " Les opticiens ont le savoir-faire pour vendre nos appareils. Cette entente nous ouvre les portes d'un marché important ", a-t-il déclaré à Les Affaires. C'est que les appareils de protection auditive pour les travailleurs, les écouteurs (pour MP3 ou autres) et les oreillettes de type Bluetooth de Sonomax sont moulés sur chaque client pour assurer un confort maximal.
Croissance par acquisitions
Même " si le vieillissement de la population pourrait servir l'aide auditive aussi bien qu'il a servi l'optique ", M. Gagné tient à préciser que l'optique restera toujours son activité principale.
Cela dit, le potentiel de croissance de la lunetterie New Look au Québec est faible. Ce secteur est saturé par les chaines comme Greiche & Scaff, F. Farhat, Iris et Sears, et par les indépendants, qui occupent de 40 à 50 % du marché.
Aussi, l'expansion se fera-t-elle surtout à l'extérieur du Québec. New Look compte déjà sept magasins dans la région d'Ottawa.
Plus question, cependant, d'ouvrir des succursales une à une. " Nous voulons aller plus vite et nous avons les capitaux pour faire des acquisitions ", dit M. Gagné, chez New Look depuis 2001.
Viser le moyen à haut de game
New Look, dont le siège social est situé à Montréal, se positionne dans le segment moyen à haut de gamme, avec une forte identifi cation à la mode. La chaîne commandite par exemple l'événement Mannequin d'un jour. Ses magasins de 3 000 à 3 500 pieds carrés offrent le choix de montures les plus grand de l'industrie par magasin.
Sa concurrente Iris, selon M. Gagné, se positionne dans le segment haut de gamme en raison d'une orientation privilégiant le professionnalisme.
Pour sa part, F. Farhat mise essentiellement sur les bas prix avec sa formule 3 pour 1. D'autre part, depuis quelques années, le géant italien Luxottica, traditionnellement un fabricant, s'est lancé dans le commerce de détail. Il possède plus de 5 000 magasins dans le monde et génère plus
de cinq milliards d'euros de chiffre d'affaires. Devenu un acteur majeur au Canada, il détient les succursales de Sears (sauf au Québec), de Pearle Vision, de Lens Crafters et de Sunglass Hut.
Quand on demande à M. Gagné si se faire acquérir est une option, il répond que si les actionnaires de New Look reçoivent une offre, ils devront la considérer.
Quant à la concurrence du Web, elle n'inquiète pas le pdg de New Look. Selon The Vision Council, le Web ne génère que pour 2 % des ventes de lunetterie en Amérique du Nord (17 % pour les verres de contacts). Comme les lunettes exigent des ajustements, M. Gagné ne croit pas que les ventes sur le Web prendront beaucoup d'ampleur.
Petitie, mais cotée
Forte de 69 millions de dollar (M$) de revenus en 2009, New Look fait partie des petits poissons de la Bourse de Toronto.
L'entreprise, fondée à Québec en 1986 par l'opticien Guy Rouleau, a pris la concurrence de court en introduisant la formule 2 pour 1 (deux montures pour le prix d'une).
" La chaîne voulait changer l'image des lunettes comme prothèse qui corrige un handicap visuel en un accessoire de mode ", indique Martial Gagné, président de New Look.
À la suite de plusieurs transactions, Benvest Capital a acheté, en 2001, l'ensemble des actions de New Look.
Armée de son nouveau plan stratégique, la chaîne d'opticiens est passée de 38 magasins et 32 M$ de ventes en 2003, à 64 magasins et 72 M$, en 2010.
En mars dernier, New Look a procédé à une prise de contrôle inversée sur Sonomax. La transaction a permis à Benvest de se reconvertir en société par actions sous la raison sociale New Look tout en conservant son symbole BCI. De son côté, Sonomax, qui conçoit des technologies auditives, est devenue Sonomax Technologies. Elle est inscrite à la Bourse de Toronto sous le symbole SHH.V. L'actionnariat de New Look/Benvest n'est aucunement lié à Sonomax Technologies.
