«Tant que Sportium ne sera pas à Montréal, je serai insatisfait»

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Septembre 2017

«Tant que Sportium ne sera pas à Montréal, je serai insatisfait»

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Septembre 2017

Sail et Sportium requièrent des espaces comparables à ceux d'un Entrepôt Rona. (Photo: Sail Plein Air)

Même s'il a procédé à l'ouverture de cinq grands magasins en trois ans, tant au Québec qu'en Ontario, Norman Décarie demeure insatisfait.

Le PDG de Sail Plein Air, propriétaire des magasins-entrepôts Sail et Sportium, n'est pourtant pas peu fier de l'entreprise «à 100% québécoise» qu'il dirige et des bouleversements–petits et grands– qu'elle provoque chez la concurrence au fur et à mesure que se déploie son empreinte.

Toutefois, l'homme d'affaires admet qu'il demeurera sur sa faim tant et aussi longtemps qu'il ne sera pas parvenu à prendre pied sur l'île de Montréal.

«Oui, nous sommes présents dans la région métropolitaine, dit-il. Autant sur la Rive-Sud que sur la Rive-Nord. Ce n'est pas loin, on parle de 20km dans chaque direction. Cependant, pour un Montréalais, en voiture, il faut compter une heure et demie pour s'y rendre. Et avec de la chance, la fin de semaine, 45 minutes... si rien ne bloque.»

Problème de taille

Pour celui qui a oeuvré 16 ans à la direction de L'Aubainerie avant de céder à l'invitation de Sail Plein Air, en février 2014, cette situation est intenable.

Et, au contraire de tant d'autres dans le domaine, le spécialiste respecté du commerce de détail dit ne pas imaginer un instant pouvoir se passer de la clientèle montréalaise encore longtemps. D'autres détaillants, dans l'industrie du meuble, de la décoration et de la restauration, par exemple, ont pour stratégie de miser sur la clientèle des banlieues en s'éloignant ou en se privant du coeur de Montréal.

Cette stratégie explique en partie le succès de plusieurs des centres commerciaux les plus rentables, tous en périphérie de l'île (Laval, Vaudreuil, Brossard, etc.). «Nos affaires ont beau bien aller, pour moi, c'est clair. Je ne peux pas ignorer le plus grand, le plus populeux marché du Québec. C'est paradoxal que nous n'y soyons pas encore. Croyez-moi, si nous avions trouvé des sites sur l'île, nous y serions déjà.»

Le principal problème est lié à la superficie, explique M. Décarie. Pour respecter le concept original de ses deux enseignes (Sail et Sportium), Sail Plein Air recherche des bâtiments de 70 000 pi2 sur des terrains de 250 000 pi2. «Bref, de grands espaces de qualité, en bordure des grandes artères», résume-t-il.

À titre de comparaison, le plus récent magasin-entrepôt Rona qu'a ouvert en août l'américaine Lowe's à Carignan comptait 65 000 pi2. C'est moins que la superficie type (70 000 pi2) des magasins de sport et de plein air que Sail souhaite encore ouvrir, tant au Québec qu'ailleurs. Pour pallier ce problème, pas question de réduire la taille de ses établissements à l'image de ce qu'ont fait des chaînes comme Walmart et Home Depot qui, depuis quelques années, ont adopté des formats de commerces plus petits se mariant mieux au parc immobilier disponible en milieu urbain.

Les moyens de ses ambitions

C'est aussi la stratégie qu'a adoptée sa concurrente directe, la britanno-colombienne Mountain Equipment Co-op(MEC), qui s'est installée rue Saint-Denis, au coeur du Plateau Mont-Royal. «Pas moins de 70% de notre clientèle vit maintenant en milieu urbain», se justifiait-elle alors. «Ça n'arrivera pas chez nous, rétorque M. Décarie. C'est impossible. Nous avons plus de 60000 sku [articles] dans nos magasins; ça prend de l'espace. Réduire la taille forcerait à réduire le choix. Sail, c'est une offre sans compromis. Même chose pour Sportium. Changer de superficie, ce serait risquer de nous dénaturer.»

Sail ­Plein ­Air recherche « de grands espaces de qualité, en bordure des grandes artères », résume son ­PDG, Norman ­Décarie.

Bien sûr, le grand patron se dit prêt à adapter l'offre des magasins en fonction des disparités régionales. «Par exemple, certains types de poissons sont davantage pêchés en Ontario que dans le sud du Québec. Il faut nous ajuster, mais tous nos magasins doivent vendre des sacs de couchage, des kayaks et des pièges à ours. Ce n'est pas parce que nous sommes à Montréal que ça changera et que nous pourrons nous contenter de magasins plus petits.»

En attendant, la direction ne perd pas espoir et continue le développement de son réseau. Le 13 septembre, Sail a ouvert son troisième magasin Sportium (après ceux de Saint-Hubert et de Québec), avantageusement situé en bordure de l'autoroute 15, dans les anciens locaux de l'américaine Target, au Centre Laval.

Au Québec, le marché pourrait soutenir huit magasins de chacune des enseignes, selon la direction. Et au moins autant en Ontario. Pour l'heure, le groupe compte 11 succursales Sail, dont 6 en Ontario. Sportium, lancée en novembre 2015, n'en compte encore que trois, toutes au Québec.

Chaque ouverture représente un investissement de 2,5 millions de dollars (M$), en excluant la valeur des stocks, généralement évalués à 7,5 M$. L'abondance de l'offre, bien que limitée par le nombre encore réduit de magasins, paraît suffisante pour titiller FGL Sports, maintenant propriété de Canadian Tire, et ses enseignes maîtresses que sont Sports Experts, Atmosphère, Hockey Experts et Sport Chek.

L'espoir demeure

Cette concurrence est forte et bien établie. Beaucoup reste encore à faire avant que Sail parvienne à s'imposer contre une armée de détaillants franchisés, présents dans toutes les régions depuis des décennies. En 18 mois, Sail a déjà investi 3M$ en technologies afin de soutenir sa stratégie de vente en ligne. Nul détaillant ne peut ignorer ce canal de développement aujourd'hui, soutient M. Décarie.

Restera bien sûr le casse-tête de Montréal... et des locaux de taille suffisante pour s'y installer. Au mieux, Sail souhaiterait trois magasins par enseigne sur l'île de Montréal: un dans l'est, un dans l'ouest et un au centre. «C'est pas sorcier lorsqu'on y pense, réfléchit le patron à voix haute. En pratique, par contre, ça peut se compliquer, mais on reste optimiste. On ne sait jamais. Vous savez, il y a six mois, on ignorait que Sears allait fermer...»

Sail Plein Air en bref

Trois enseignes :

SAIL

> Cinq magasins au Québec (Beloeil, Brossard, Laval, Québec, Vaudreuil-Dorion)

> Six magasins en Ontario (Burlington, Cambridge, Etobicoke, Oshawa, Ottawa, Vaughan)

SPORTIUM

> Trois magasins au Québec (Saint-Hubert, Québec et Laval)

BARON SPORTS

> 1 magasin à Pointe-Claire

Principaux actionnaires:

> 3836185 Canada inc. (Daniel Desmarais et Dale Tschritter)

> 4341562 Canada inc. (Michel Saucier et Gisèle Beaulieu)

> Fonds de solidarité des travailleurs du Québec (FTQ)

À la une

Bourse: Wall Street ouvre sans tendance la dernière séance du trimestre

Mis à jour il y a 4 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en hausse.

BRP a connu une baisse de ses revenus et de ses profits au quatrième trimestre

Il y a 54 minutes | La Presse Canadienne

Le fabricant de Ski-Doo et Sea-Doo a rapporté jeudi un bénéfice de 188,2 M$, ou 2,46 $ par action.

Ontario: des conseils scolaires poursuivent Facebook, Instagram, SnapChat et TikTok

Il y a 15 minutes | La Presse Canadienne

Ils demandent des dommages-intérêts pour perturbation de l’apprentissage des élèves et du système éducatif.