Le fondateur de MTY a encore de l'appétit


Édition du 07 Octobre 2017

Le fondateur de MTY a encore de l'appétit


Édition du 07 Octobre 2017

Par Dominique Beauchamp

Stanley Ma, PDG de MTY

C'est bien connu, l'affable fondateur du franchiseur de restaurants MTY ne fournit pas de prévisions au milieu financier. Il préfère laisser les résultats parler d'eux-mêmes, au fil du temps.

En revanche, le PDG de Groupe d'alimentation MTY (MTY, 49,13 $) aime bien se fixer des objectifs afin de donner une direction à son entreprise.

L'entrepreneur de 70 ans imagine que, d'ici cinq ans, 7 000 franchisés pourraient réaliser un chiffre d'affaires total de 2,8 milliards de dollars (G$). C'est 25 % de plus que les 5 594 franchises actuelles, et 22 % de plus que le chiffre d'affaires courant du réseau (2,1 G$). Toute une trajectoire pour l'immigrant qui a fondé un premier Tiki Ming en 1983.

Quatorze mois après avoir avalé sa plus grosse bouchée, le franchiseur américain Kahala Brands (avec ses 2 839 établissements et ses revenus de 300 M$ US), M. Ma est très satisfait de la transaction qui lui a donné de bonnes fondations au sud de la frontière.

Cet achat a instantanément doublé la taille de MTY. La société s'est endettée et a émis de nouvelles actions pour la première fois depuis son entrée en Bourse. Maintenant, elle réalise la moitié de ses revenus chez l'Oncle Sam.

«Au début, j'avais prévenu ma famille que j'irais sans doute vivre à Scottsdale, en Arizona, pour cinq ou six semaines, mais ça n'a pas été nécessaire. L'équipe locale de Kahala est solide et notre chef des finances, Éric Lefebvre, s'y rend souvent. On tient aussi des conférences téléphoniques chaque semaine. À celle de cet après-midi, on discutera des dommages à nos commerces en Floride et à Porto Rico», raconte M. Ma, en entrevue au siège social toujours aussi sobre de l'arrondissement Saint-Laurent.

Les fonctions administratives, légales et informatiques ont déjà été intégrées. Maintenant, il s'agit de donner des orientations aux 230 employés locaux et de les laisser «exécuter».

M. Ma assure ne pas ressentir l'hécatombe du commerce de détail aux États-Unis, qui fait pourtant les manchettes. Seulement de 15 à 20 % de ses franchises américaines et le quart de toutes ses franchises sont dans des centres commerciaux.

«Les ventes en ligne sont certainement un facteur pour les détaillants, mais dans le secteur de la restauration rapide, j'imagine mal les consommateurs commander en ligne et se faire livrer un repas qui vaut 10 $», évoque Stanley Ma.

Comme prévu, MTY installe lentement ses franchises Thaï Express et Ginger Sushi (le pendant américain de Sushi Shop). Thaï Express compte une succursale au Mall of America, au Minnesota, et quatre autres seront bientôt en construction en Arizona, en Géorgie et à Las Vegas.

Le premier Ginger Sushi ouvrira ses portes à Las Vegas à la fin de l'année.

Sa notoriété américaine attire des occasions

Les acquisitions restent le principal moteur de MTY, comme en témoignent ses 31 transactions totalisant 644 M$ depuis 2001.

Sa mainmise sur Kahala lui donne plus de notoriété et apporte de l'eau au moulin. «De plus en plus de gens nous approchent», indique M. Ma.

Celui-ci n'entend toutefois pas déroger à sa discipline : il évaluera chaque candidat à l'achat au cas par cas.

Fidèle à ses habitudes, l'entrepreneur n'ouvre pas son jeu. Les achats canadiens et américains l'intéressent tout autant, et le «pipeline» est attrayant des deux côtés de la frontière, se contente-t-il de dire. En fait, aucun concept ni menu ne manque vraiment à son réseau de 85 enseignes.

Les quatre dernières transactions ont été de petite taille, et les 55 établissements acquis sont tous au Canada : la glacerie La Duperie, les restaurants décontractés Steak Frites St-Paul, Giorgio Ristorante, Houston Avenue Bar & Grill et Industria Pizzeria & Bar, ainsi que la sandwicherie Dagwoods.

Le principal fournisseur de sushis en Amérique du Nord, Bento, était dans la mire du PDG bien avant l'échec tout récent de son entrée en Bourse, confie M. Ma.

D'expérience, lorsque la décision d'ouvrir son capital est prise, il devient plus difficile pour le propriétaire d'une entreprise de se résigner à vendre, met-il en contexte.

Par ailleurs, M. Ma ne ressent pas de pression en ce qui concerne l'ajout de concepts qui plaisent aux milléniaux friands de mets végétariens, végétaliens ou frais.

Le franchiseur estime déjà bien les servir avec un large choix de mets asiatiques, de bols de poke, de sandwichs, de salades et de smoothies dans ses enseignes existantes.

Revitalisation des marques

Comme il l'a répété à l'assemblée annuelle, M. Ma accorde autant d'attention au redressement des ventes des restaurants comparables qu'aux acquisitions.

Ces ventes, le meilleur reflet de la croissance interne, ont baissé lors de 15 des 18 derniers trimestres.

D'ailleurs, sur les quelque 300 employés canadiens, seulement 5 ou 6 travaillent aux acquisitions. La majorité d'entre eux se consacre donc à l'exploitation, à la gestion des baux et au franchisage, prend-il soin de souligner.

La récession albertaine tire encore les ventes comparables vers le bas, puisque environ 300 établissements, dont Jugo Juice et Taco Time, lui procurent 14 % des revenus canadiens.

«Tous les chefs de marque travaillent très fort pour rajuster le tir. Quelque 60 % de nos 85 enseignes accroissent leurs ventes comparables, par rapport à 40 % il y a deux ans. C'est dire à quel point nos enseignes ont évolué au fil du temps», dit-il.

MTY s'appuie sur des menus réinventés, des décors plus modernes et de nouvelles campagnes de publicité pour attirer les clients.

Ça commence à rapporter. La chaîne de déjeuners Tutti Frutti, acquise en 2008, prend du mieux après trois ans de déclin de ses ventes, tout comme Mr. Sub.

Même les chaînes acquises plus récemment y passent. La succursale Madisons & Grill de Boucherville vient d'ailleurs de faire peau neuve.

Le franchiseur continue aussi d'optimiser son réseau. Il ne renouvelle pas ses franchises les moins performantes et il convertit certaines enseignes.

Ainsi, les Franx Supreme sont devenus des Valentine, les Veggirama, des Cultures, et les Panini, des Mrs. Vanelli's. Certains Sukiyaki arborent désormais l'enseigne Koya Japon, tandis que des Tiki Ming se transforment en Manchu Wok. Quelque 399 franchises ont fermé leurs portes depuis un an, surtout des kiosques TCBY dans les cinémas et des cafés Country Style dans 200 stations d'essence Shell. Dans les deux cas, les propriétaires immobiliers voulaient reprendre l'espace.

Grande réforme comptable en vue

Deux nouvelles règles comptables internationales seront imposées au cours des prochaines années, règles qui transfigureront les états financiers de MTY, prévient le chef de la direction financière, Éric Lefebvre. La règle IFRS 15 modifiera la comptabilisation des revenus dès 2018. « Ça ratisse pas mal plus large que seulement les frais de franchise », dit-il. La règle IFRS 16, qui couvre les baux, transformera le bilan de façon radicale en ajoutant ceux-ci au passif, ce qui fera bondir « massivement » le ratio d’endettement. « Ce ne sera pas facile pour les investisseurs de s’y retrouver au début. Les repères habituels vont disparaître. L’analyse de la performance réelle de l’entreprise sera beaucoup plus difficile à établir, déplore M. Lefebvre. Nous tenterons du mieux possible de faire un pont entre l’ancien IFRS et le nouveau, mais ce ne sera pas évident. »

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour à 17:10 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour à 17:54 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.